Matériel Agricole : Comment voyez-vous votre métier dans le futur ?
Valentin Lanneau : Notre activité évolue sans cesse, et ces dernières années ont été particulièrement marquées par un important mal-être économique. La situation est donc compliquée dans le monde agricole avec beaucoup d’incertitudes sur nos métiers. Malgré tout, nous devrons avoir les moyens de produire davantage dans le futur, notamment pour nourrir les 11 ou 12 milliards d’habitants qui peupleront la planète en 2050. Du côté des matériels, il faut encore s’attendre à beaucoup de nouveautés. D’ici à quelques années, nous aurons toujours des tracteurs, mais nous ne monterons sans doute plus dedans. L’arrivée de ces innovations nous oblige à acquérir des compétences, à suivre des formations régulières et à garder un œil sur l’actualité.
M.A. : Quels sont, selon vous, parmi vos problèmes quotidiens, ceux qui seront résolus demain par la technologie ?
V.L. : L’automatisation des machines peut nous aider à résoudre les problèmes de recrutement qui sont récurrents dans notre métier. Avec la simplicité et la convivialité des commandes, un salarié novice peut plus facilement s’adapter à la conduite. L’intelligence artificielle sera aussi de plus en plus présente sur les machines et facilitera les réglages ou la prise de décision. Sur l’exploitation, comme sur l’ETA, nous apprécions aussi beaucoup les applications de gestion parcellaire : cela simplifie notre organisation et apporte un réel progrès pour le suivi et la traçabilité.
M.A. : Qu’est-ce que la robotisation vous inspire ?
V.L. : Cela fait partie des solutions prometteuses pour résoudre les soucis de main-d’œuvre. Les robots peuvent fonctionner plus longtemps et, en principe, une personne pourra en suivre plusieurs à la fois. Cela nécessitera des formations pour optimiser leur fonctionnement, comme c’est le cas aujourd’hui avec l’autoguidage, par exemple. Il faudra aussi que les lycées agricoles intègrent ces technologies dans leurs programmes.
M.A. : Quelle est selon vous l’ETA type du futur ?
V.L. : Du côté des exploitations agricoles, les évolutions actuelles vont sans aucun doute se poursuivre. Les petites et moyennes fermes familiales existeront toujours et seront le plus souvent spécialisées autour d’une production principale, notamment en élevage. En parallèle, les exploitations céréalières continueront certainement de grandir, avec une part croissante de fermes reprises par les enfants, puis mises en gestion complète chez un prestataire. Dans les deux cas, les ETA auront un rôle à jouer encore plus important qu’aujourd’hui dans la gestion des cultures. Nous devrons notamment proposer toutes les technologies utiles que l’exploitant ne pourrait pas rentabiliser à titre individuel. C’est d’ailleurs déjà ce que nous nous efforçons de faire.
M.A. : Si le climat évolue selon les prédictions des scientifiques, quel(s) changement(s) voyez-vous dans votre domaine ?
V.L. : Avec la multiplication des périodes sèches et chaudes, de nouvelles cultures vont arriver. À nous de changer nos pratiques, en intégrant de plus en plus le semis direct et la conservation des sols dans les itinéraires techniques. Il faudra être équipé pour réagir rapidement, car les fenêtres climatiques seront toujours plus réduites. D’où l’importance de suivre ce qui se fait ailleurs en étant fortement connecté au monde extérieur.