Leur vision du futur  Jean-Baptiste Bongard, Céréalier : « La technologie, d’accord, mais à condition qu’elle soit abordable et fiable »

(©J.-B. Bongard)
Pour lire l'intégralité de cet article,

Jean-Baptiste Bongard, Agriculteur céréalier à Barcy (Seine-et-Marne), nous livre sa vision de son métier dans le futur au travers de 5 questions.

Matériel Agricole : Comment voyez-vous votre métier dans le futur ?

Jean-Baptiste Bongard : Il est très difficile pour moi d’imaginer mon métier d’agriculteur dans le futur tant il est dépendant de multiples facteurs. Entre le contexte géopolitique extérieur comme local, les fluctuations du marché et la météo toujours plus incertaine, beaucoup de mes collègues céréaliers et moi-même avons déjà du mal à nous projeter sur l’année suivante. J’apprécierais à l’avenir plus de stabilité et des marchés cohérents afin de mieux planifier et projeter mes stratégies d’investissement comme d’assolement. Si ces conditions sont remplies, alors mon métier pourra enfin se concentrer sur la qualité de la production.

M.A. : Comment seront résolus les problèmes des agriculteurs demain ?

J.-B.B. : Évidemment, la technologie embarquée devrait avoir encore plus de place sur les exploitations. Cependant, les tarifs appliqués sur ces dernières doivent être cohérents vis-à-vis des revenus des productions. Aujourd’hui, sur ma ferme à échelle familiale, il m’est déjà impossible d’accéder aux technologies actuelles. Les évolutions futures doivent être en faveur d’une baisse des charges de mécanisation pour s’installer sur les exploitations céréalières. L’intelligence artificielle, associée aux connaissances de l’homme (de sa terre et de son environnement), devrait être un bon outil pour faciliter la prise de décision en faveur de l’agronomie. Attention, toutefois, à ne pas tomber dans un piège, où de tels outils deviendraient un moyen de quitter le modèle de ferme familiale au profit de gigastructures.

M.A. : Qu’est-ce que la robotisation vous inspire ?

J.-B.B. : La robotique apporte des choses intéressantes : plus besoin d’être dans les champs de longues heures, du temps dégagé pour d’autres activités… À condition, bien sûr, que de tels appareils restent financièrement accessibles, aussi bien à l’acquisition qu’à la réparation. Sinon, il faudra changer de casquette et coiffer celle d’ingénieur afin d’intervenir nous-mêmes. Encore une fois, de telles avancées doivent se construire et s’adapter aux structures à échelle familiale. Sinon, elles ne seront qu’un moyen de mettre les clés de l’agriculture française entre les mains des géants de l’industrie.

M.A. : À quoi ressembleront, selon vous, la ferme et la machine du futur ?

J.-B.B. : Premièrement, le prix de la machine du futur devra être cohérent avec les revenus issus des productions céréalières sans passer par un modèle d’agrandissement permanent. Si elle doit embarquer des automatismes, alors ceux-ci devront être en faveur de mon confort de vie, et non pas me forcer à travailler sur un autre front pour les financer.

(© J.-B. Bongard)

M.A. : Si le climat évolue selon les prédictions des scientifiques, quel(s) changement(s) voyez-vous sur votre exploitation ?

J.-B.B. : Si le contexte météorologique continue son changement, alors des transformations devront survenir sur mon exploitation. Tout d’abord, je me tournerai vers la sélection variétale pour prendre des plantes résistantes face à la sécheresse. Ensuite, j’envisagerai un changement de production, c’est-à-dire l’arrêt de certaines cultures au profit d’autres, telles que le millet ou le soja. Enfin, pour une agriculture plus vertueuse, il faudra envisager d’utiliser des moteurs fonctionnant à l’aide d’agrocarburants.

Réagir à cet article

description abonnement 1 euros
Dans ma ferme
Une fois par mois, des témoignages d’agriculteurs et utilisateurs de matériels neufs et d’occasions, logiciels et solutions innovantes

Les dernières annonces de matériel agricole d'occasion

description abonnement 1 euros