Fondée il y a deux décennies, l’entreprise de travaux agricoles Prestagro Environnement, basée à Étain (Meuse), s’est spécialisée dans l’épandage et le transport de matières fertilisantes. En 2020, un tournant s’opère : elle est reprise par deux jeunes salariés de l’ETA, Kévin Bruyer et Thibaut Bazart, forts d’une solide expérience sur le terrain. Ensemble, ils modernisent les infrastructures, construisent un nouveau bâtiment et renforcent la flotte de matériels. Ils disposent désormais de deux systèmes d’épandage sans tonne différents, ainsi que d’automoteurs d’épandage dans le but d’intervenir à la fois tôt et tard dans la saison sans endommager les cultures ou le sol.
Une approche sur mesure
Avec une équipe de six salariés, les deux associés proposent des prestations d’épandage « à la carte », adaptées aux besoins spécifiques de chaque exploitation. Solides ou liquides, les matières fertilisantes (digestat, lisier, fumier) sont épandues à différents stades culturaux, dès lors que la législation le permet et que les conditions agronomiques sont réunies. Chaque année, ce sont près de 150 000 m3 de digestat qui sont épandus sur 8 000 ha, dans un rayon de 45 km autour d’Étain, sur des parcelles dont la taille moyenne se situe autour de 12 ha. Deux tiers des volumes sont épandus à l’aide de dispositifs sans tonne, et le tiers restant l’est grâce à un automoteur d’épandage.
Du matériel d’épandage complémentaire
L’entreprise a opté pour plusieurs systèmes d’épandage complémentaires, à savoir : un automoteur d’épandage Vervaet équipé d’une rampe de 12 m, ainsi que deux rampes d’épandage sans tonne, une SlurryKat de 15 m et une Du@ferti de 36 m. Chaque dispositif est attitré à un chauffeur, qui maîtrise parfaitement la machine et est responsable de son entretien. À la sortie de l’hiver, les stockages des exploitations clientes sont souvent pleins. L’intervention doit s’effectuer dès que la législation le permet (1er ou 15 février suivant les situations), quelles que soient les conditions climatiques. Les associés démarrent ainsi très vite leur saison avec les dispositifs sans tonne qui évitent de tasser les sols et de nuire à la culture en place. « Le système sans tonne nous permet d’intervenir même en conditions humides, expliquent-ils. Nous prenons le temps de dégonfler les pneus du tracteur une fois dans le champ pour éviter le tassement, et nous les regonflons avant de repartir sur la route. » Kévin et Thibaut ont retenu le dispositif sans tonne SlurryKat, pour des épandages « en diagonale », et le système Du@ferti, pour des épandages « dans les passages du pulvérisateur ou dans le sens du semis ». Afin de garantir la précision des apports, l’ETA s’est dotée d’un analyseur NPK intégré. Ce dispositif coûteux (30 000 €), proposé par John Deere, permet une analyse continue et précise du digestat (NPK et matière sèche), un véritable gage de qualité pour les agriculteurs clients qui reçoivent, en fin de chantier, leur carte d’épandage et les valeurs fertilisantes associées.
SlurryKat : un débit de chantier incomparable
L’épandage en diagonale permet un gain de temps en attaquant toujours dans la plus grande longueur du champ. L’ensemble d’épandage comprend un enrouleur devant le tracteur et un enrouleur à l’arrière, juste devant la rampe (2 x 800 m). « L’avantage de cet ensemble unique est qu’il nécessite une seule personne. Une autre doit tout de même apporter un caisson mobile en bout de champ. L’ensemble démarre à l’opposé du caisson et déplie son tuyau dans la longueur du champ, « plein travers », puis épand sur la moitié de la parcelle puis l’autre.
Du@ferti : des périodes d’épandage allongées
Le système Du@ferti peut tourner toute la saison et est un bon « relais » du système SlurryKat au printemps. « Il nous permet d’épandre sur des colza en sortie d’hiver ou maïs en mai, par exemple. En effet, déroulé dans le sens du semis, le tuyau ne nuit pas à la culture déjà haute. On apporte le digestat aussitôt après un binage, puis l’agriculteur repasse une fois après l’épandage pour l’enfouir. La fertilisation est ainsi plus efficace », précise Kévin Bruyer. Avec le système Du@ferti, l’ensemble d’épandage fait un aller-retour dans le sens de la longueur, sans faire demi-tour ! Ici, avec sa rampe de 36 m, il épand à l’aller sur 18 m, aux extrémités (9 m sur chaque côté extérieur de la rampe) puis, au retour, sur les 18 m intérieurs. Pour cela, les descentes coulissent sur la rampe. Lors du passage en marche arrière en bout de champ, un dispositif facilite le rembobinage du tuyau sur la bobine.
Les transferts et la mise en pression du réseau
Dans le cadre du système « sans tonne », le débit dans le tuyau d’arrivée doit être le plus constant possible, ce qui permet de conserver une vitesse elle aussi constante. Le caisson mobile Agroland de 60 m3 sert de réserve tampon de digestat. Déposé en bout de parcelle, il est alimenté par des citernes de transfert qui font les allers-retours depuis les lagunes des sites de méthanisation. À l’avant du caisson, la motopompe de 200 m3/h permet d’envoyer le digestat dans le réseau. En fin de chantier, les systèmes diffèrent. Le tuyau d’épandage du système SlurryKat est systématiquement vidé à la fin de chaque parcelle à l’aide d’un compresseur de chantier qui y propulse une balle en mousse de diamètre légèrement supérieur (130 mm vs 125 mm). Le tuyau de la bobine du système Du@ferti, quant à lui, reste « chargé » d’une parcelle à l’autre. « Ce qui prend le plus de temps sur les chantiers “sans tonne”, c’est l’installation et désinstallation du chantier ! », souligne Kévin Bruyer, soit 1 heure environ de mise en place et 1 heure 30 de rangement.

Un automoteur pour plus de flexibilité
Afin de compléter son offre, l’entreprise a investi dans un automoteur d’épandage Vervaet à cinq roues. « L’automoteur reste intéressant en conditions sèches. Son débit de chantier est bon puisqu’il n’y a pas de temps de mise en œuvre en amont. Dans les petites parcelles, il peut donc rivaliser avec les systèmes sans tonne », conclut l’entrepreneur.
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