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Matériel de récolte  Essai ensileuse John Deere F9 1000 : les chevaux sont lâchés

L’ensileuse F9 1000, la plus grosse machine de John Deere, accueille des évolutions techniques notables et hérite de la cabine des X9. Les organes de flux de récolte restent similaires à ceux des précédentes machines.
L’ensileuse F9 1000, la plus grosse machine de John Deere, accueille des évolutions techniques notables et hérite de la cabine des X9. Les organes de flux de récolte restent similaires à ceux des précédentes machines. (©H.E.)
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La F9 1000 trône fièrement en tant que cheffe de file des ensileuses John Deere des séries F8 et F9 fraîchement présentées à la presse cet été et au public lors du salon Agritechnica 2025. La filiale française de la marque au cerf nous a proposé de nous greffer à une démonstration sur un chantier d’ensilage de maïs en Normandie, fin septembre. Cyril Turbout, chauffeur expérimenté au sein de l’ETA Gauquelin, nous livre ses impressions et son expertise après une matinée passée au volant de cette F9 équipée d’un bec Kemper 490Pro de 12 rangs qui passe la barre des 1 000 ch.

Le soleil n’a pas encore percé l’épaisse brume matinale de Normandie, mais nos oreilles apprécient déjà la douce mélodie d’une ensileuse venant à notre rencontre dans une parcelle de 12 ha de maïs qui sera notre terrain de jeu pour la matinée. En réalité, il s’agit de Cyril Turbout, chauffeur au sein de l’ETA Gauquelin depuis 28 ans, qui est en plein travail au volant de sa John Deere 9500i et son bec de dix rangs sur un chantier pour un client dans l’Orne. Noë Villette, technico-commercial pour les établissements Lebaudy, le concessionnaire John Deere local, m’informe que la F9 1000 est sur la route, en provenance d’une précédente démo, et qu'elle ne devrait pas tarder à arriver. En effet, quelques minutes plus tard, la machine fait son entrée dans la parcelle. Au premier coup d’œil, j’apprécie le look agressif et épuré de cette ensileuse qui reprend les traits de caractère des tracteurs de la marque au cerf, notamment la casquette aux angles vifs de la cabine et ses nombreux phares à Led de forme hexagonale. Avant de laisser le volant de la bête de plus de 1 000 ch à Cyril Turbout, notre essayeur du jour, Maxime Le Gros, chef de produit ensileuses chez John Deere, nous présente les innovations et évolutions apportées à cette machine. Nous retenons évidemment la cabine, héritée de la X9, son accoudoir avec le joystick CommandPro et le terminal G5 recevant une arborescence et des menus adaptés à l’ensileuse.

Cyril Turbout, chauffeur au sein de l'ETA Gauquelin depuis 28 ans, apprécie le confort en cabine, l’insonorisation et la baisse des vibrations, en comparaison de son ensileuse John Deere 9500i. Il regrette la taille du terminal, qui pénalise la visibilité sur l’outil, et la sensibilité de certains boutons du joystick CommandPro. (© H.E.)

Nous notons aussi des évolutions notables sous les capots, comme la séparation des parties hydraulique et électrique, l'accès plus aisé à l’éclateur ou encore la conception revisitée du module de l’éclateur afin de limiter les vibrations dans le châssis et le poste de conduite. Pour en avoir le cœur net, rien ne vaut un essai grandeur nature tel qu’une démonstration dans un maïs de 15 à 16 t de matière sèche par hectare.

(© H.E.)

Trop puissante pour le secteur

Tandis que le soleil fait son apparition, Cyril reprend son chantier, à présent au volant de la F9 1000. Il profite de la cinquantaine de mètres de roulage pour déployer, en un seul click en cabine, le bec Kemper 490Pro, à 12 rangs et grands tambours, la tuyère et son extension repliable pour la route. Cette opération en « configuration champ » se programme depuis le terminal et autorise l'activation des fonctions hydrauliques, verrouillées en « configuration route », de l’ensileuse. Le choix de déployer ou non la goulotte en entrée de champ est alors possible, pour éviter une ligne à haute tension par exemple, et, si elle se déploie, de pivoter ou non à droite ou à gauche.

La casquette de la cabine ainsi que la tuyère et d’autres points stratégiques sur la F9 accueillent de puissants phares à Led sécurisant les chantiers de nuit. (© H.E.)
« Ce nouveau paramètre est appréciable. Il permet de gagner du temps lors des changements de parcelle, au repliage comme au déploiement de l’outil. Cela s'avère en plus sécurisant durant les ouvertures de champ, en bord de route, pour ne pas obstruer la circulation », précise Cyril.

Il est temps à présent d’ensiler pour voir ce que la bête a dans le ventre ! Cyril actionne la mécanique grâce à la commande jaune sur l’accoudoir puis celle du bec Kemper par un double-clic sur le joystick, et c’est parti !

Le joystick CommandPro regroupe les fonctions principales pour gérer la F9, des touches programmables, notamment pour l’outil frontal et la tuyère, ainsi que des automatismes à l’image de l’Auto Fill ou du suivi de rang. (© H.E.)

Notre chauffeur apprivoise sa monture en conduite manuelle et à l’oreille, comme il dit, de façon à bien profiter des commandes et de la puissance de la machine. Il pousse le manche pour atteindre 7 km/h afin de prendre ses marques. Les bennes s’enchaînent, il le pousse encore plus. Il contrôle la charge du moteur de sa machine à l’ouïe, tout en gardant un œil sur le montant droit.

« J’aime bien conduire à l’écoute de ma machine. Ici, comme je la connais un peu moins, l’écran du montant droit est un vrai plus », complète le chauffeur.

Ce tableau de bord en couleur de 5” regroupe des informations telles que les régimes du moteur et du rotor, la charge du moteur ou encore la position et la hauteur de la tête de récolte. Entre deux bennes, lorsque le CommandPro retrouve sa position neutre, le régime descend automatiquement à 1 300 tr/min, avant de remonter à son réglage dès lors que la F9 avance. John Deere indique que cet automatisme permet de réduire la consommation de près de 19 %, selon les résultats d'un test de la DLG (Allemagne). Notre essayeur profite d’un maïs d’une belle hauteur de 3 m pour pousser le manche et charger le bloc John Deere afin d’atteindre le régime optimal de 1 450 tr/min moteur, mais la F9 affole le compteur pour atteindre une allure dépassant les 10 km/h, malgré un éclateur serré à 1,5 mm et une coupe à 10 mm.

(© H.E.)
« Au vu des maïs de notre secteur, à 15-16 t de matière sèche [MS] par hectare, la F9 équipée de son bec de 12 rangs n’est clairement pas adaptée pour nous », explique Cyril. « Avec cette puissance, elle fournirait tout son potentiel dans des maïs dépassant les 20 t de MS par hectare », poursuit-il. Pour notre chauffeur, le bon compromis de vitesse d’avancement se situe à 7 km/h. « À cette allure, le conducteur de la benne ne s’ennuie pas, la machine souffre “peu”, consomme normalement et conserve un régime optimal moteur de 1 450 tr/min pour un régime rotor de 1 150 tr/min sur ma 9500i », précise-t-il.   

Des automatismes plaisants

Cyril m’informe qu’il travaille de plus en plus en allers-retours. Grâce aux boutons « 1-2-3 », contrôlés à l’aide du pouce sur le CommandPro et dont il dispose déjà sur sa machine, il mémorise des rappels de position de la goulotte : centrale pour le bouton 2, à droite pour le 1 et à gauche pour le 3.

La F9 1000 conserve une bonne garde au sol. En cas de patinage, le pont avant dispose d’un blocage de différentiel, et l’optionnelle transmission ProDrive active la roue arrière opposée à celle qui patine à l'avant. (© H.E.)

Lorsqu'il est arrivé en bout de champ, m'explique-t-il, il appuie alors une fois sur la touche 1 pour relever le bec, puis double-clique sur ce même bouton, et hop, la tuyère opère une rotation de 180° de la gauche vers la droite. Un jeu d’enfant. Maxime Le Gros en profite pour présenter à Cyril d’autres automatismes de conduite, à l’image du suivi des rangs, du remplissage de la benne ou encore de la gestion automatique du rendement optimal de l’ensileuse. Ces paramètres se règlent depuis le terminal G5 et s’activent via des touches positionnées derrière le joystick CommandPro.

La goulotte pivote désormais sur 230°, contre 210° auparavant, ce qui permet de remplir l’avant des remorques sans pousser le manche, ni ralentir le chauffeur de la benne. (© H.E.)
« C’est vrai que ces automatismes fonctionnent très bien. La F9 suit les rangs grâce à deux palpeurs au centre et devant le bec, la goulotte charge la benne comme nous l’avons paramétrée, avec diverses stratégies de remplissage, et le moteur conserve tout son potentiel malgré l’hétérogénéité éventuelle de la récolte. C’est magique », plaisante notre expert de la conduite.  Mais, selon lui, ces fonctions sont adaptées aux belles parcelles, comme celle où nous nous trouvons ce matin-là. « Dans nos bocages, nous rencontrons bien souvent de petits champs pleins “d’embûches”, des poteaux électriques, des cabanons… et j’en passe. Nous devons garder la main sur la machine. »

Cyril apprécie néanmoins la montée en gamme de la cabine et du confort apporté au chauffeur. Le siège est ventilé et même massant. Le niveau de vibrations a bien été travaillé et abaissé, nous précise-t-il. D’ailleurs, la porte est assistée par une fermeture électrique, à l’image des berlines haut de gamme, améliorant la filtration des nuisances sonores.

Des repose-pieds améliorent le confort du chauffeur, en plus du siège chauffant, ventilé et massant. (© H.E.)
« Pour vraiment bien prendre en main et mesurer les évolutions apportées par John Deere, il faudrait conduire la machine plusieurs jours. Mais je suis agréablement surpris par le design et serais curieux de voir la qualité de l’éclairage. Si celui-ci offre le même niveau que les feux, et le même nombre, c’est un réel plus pour nos chantiers qui démarrent souvent tôt, avant l’aube, et se terminent le plus souvent de nuit », termine Cyril.

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