C'est au cours de la belle journée estivale du 9 juillet que, accompagnés de la concession agricole Mat Cichy, nous mettons face à face une Lexion 480 de 2002 et une Lexion 740 de 2018 dans une parcelle de 35 ha de blé située à Saint-Cyr-les-Colons, dans l'Yonne. Le beau temps est de notre côté : grand ciel bleu, peu de vent. La moissonneuse-batteuse Claas Lexion a désormais une vingtaine d'années et sa réputation n'est plus à faire. Mais alors, quelles sont les évolutions notables entre le plus gros modèle hybride d'il y a 20 ans, la Lexion 480, et le plus petit modèle d'aujourd'hui, la Lexion 740 ? D'une machine à l'autre, la ligne conductrice reste la même. La Lexion 480 abrite sous son capot un moteur à six cylindres en ligne Caterpillar C12 de 11,8 L développant 412 ch DIN. Ce dernier respecte la norme antipollution Stage I.

C'est la première moissonneuse du constructeur Claas à bénéficier du système de battage et de séparation hybride, ainsi que de l'accélérateur de flux APS. La 480 de notre essai, qui appartient à l'exploitation de M. Gounot, compte 2000 heures « moteur » et 1319 heures « rotor ». Elle se trouve dans un état assez propre malgré son âge. Elle se mesure à une Lexion 740 de démonstration de la société Mat Cichy, concessionnaire Claas dans les départements de l'Aube et de l'Yonne. La 740 est animée par un six-cylindres Mercedes de 10,7 L développant 408 ch ECE R120. Ce dernier répond à la norme antipollution Stage IV et s'équipe d'un catalyseur SCR. Les deux machines reçoivent un réservoir de carburant de 800 L, porté, en option, à 1 150 L sur la Lexion 740. Le système de refroidissement des radiateurs moteur, hydraulique ou encore de climatisation a bien évolué lui aussi. Comme de nombreuses machines de son époque, la 480 bénéficie d'un tamis rotatif qui pivote vers le haut pour faciliter le nettoyage des éléments de refroidissement. La 740, quant à elle, reçoit le système Dynamic Cooling. Ce dernier prend place derrière le moteur. Les radiateurs sont placés à l'horizontale. L'air aspiré par le haut passe dans un tamis rotatif de 1,60 m de diamètre puis est évacué vers le bas. Dans une parcelle de 35 ha, nous découpons deux carrés de 6 ha chacun, que chaque machine bat, en commençant avec le plein. Une fois cette surface fauchée, nous faisons l'appoint de carburant. Le résultat est sans appel. La Lexion 740 consomme 113 L de GNR, contre 138 L pour la 480.
Toujours plus de confort en cabine
En cabine, l'évolution en matière de confort est notable, et heureusement. Malgré tout, la Lexion 480 n'a pas à rougir face à la 740. Les améliorations portent sur le niveau sonore, l'ergonomie et les différents systèmes d'aide à la conduite. L'intérieur de la 480 se veut simple, avec une visibilité en cabine correcte sur les côtés et sur la barre de coupe. La 480 ne bénéficie pas du guidage GPS ni du réglage automatique en continu des éléments de battage.


Son joystick multifonction permet de commander les rabatteurs ainsi que la levée et la descente de la barre de coupe. Un bouton d'arrêt général de la machine et un autre pour la mise en route du GPS, si la moissonneuse en est équipée, se logent également sur cette commande. La console latérale accueille tous les réglages concernant les éléments de battage ainsi que la molette de navigation du terminal. Ce dernier, baptisé Cebis, possède un écran noir et blanc. Il permet de consulter les réglages de la moissonneuse-batteuse et de connaître ses pertes en grains. Il propose des réglages automatiques des éléments de battage à affiner selon l'état de la culture.

L'avancement de la 480 se gère depuis un second levier, situé à la droite du conducteur. La transmission hydrostatique reçoit une boîte mécanique à trois vitesses pour profiter d'une grande plage de vitesse. La Lexion 740 conserve le même système à trois vitesses mais se dote en plus d'un interrupteur, placé sur l'accoudoir, à basculer pour changer de rapport. Dans la 740, vous ne serez pas perdu. Le constructeur allemand a repris le même emplacement pour chacune des fonctions tout en modernisant l'habitacle. Il propose deux leviers au choix. Celui qui équipe la 740 de notre comparatif se nomme « CMotion ». Quelques consoles supplémentaires s'invitent sur la droite, à l'instar du terminal dédié au GPS et du Cemos Automatic. Ce dernier permet d'affiner en permanence les réglages des éléments de battage selon les pertes ou le grain cassé. Le Cruise Pilot, dont bénéficie la 740, adapte automatiquement la vitesse de la moissonneuse-batteuse en fonction de la charge du moteur afin d'optimiser en continu la puissance de ce dernier. Pour son époque, la Lexion 480 offrait beaucoup d'équipements améliorant le confort de conduite du chauffeur, comme le Laser Pilot ou encore le Cebis. La Lexion 740 gagne encore en confort par rapport à la 480. Elle intègre tous les systèmes d'aide à la conduite laissant le temps au conducteur de contrôler régulièrement le grain qui monte en trémie ou encore la culture qui entre dans le convoyeur.

Pour récolter la nuit, la Lexion 480 se démène plutôt bien avec ses dix phares de travail pourtant dépourvus, à l'époque, de la technologie à LED. La cabine de la Lexion 740 possède, quant à elle, 12 phares de travail, dont certains à LED qui améliorent la visibilité de nuit.
Jusqu'à 9 m de coupe
Les deux machines sont capables d'accueillir des barres de coupe de 9 m. Cependant, la Lexion 480 de notre essai s'équipe d'une coupe de 7,50 m, ce qui ne nous a pas empêchés de la mesurer à la 740 et ses 9,30 m de coupe. La Lexion 480 est l'une des premières à recevoir la coupe Vario, qui profite d'un tablier à profondeur variable.

Elle peut s'atteler à différentes largeurs, comprises entre 6,60 et 9 m. Cette dernière s'équipe de l'option « Auto Contour » autorisant un suivi automatique des reliefs du terrain. Vingt ans après, Claas offre le même système, un tablier qui s'avance ou se recule selon la culture à faucher. La Lexion 740 possède une coupe Vario dont la profondeur de tablier varie de 70 cm. Aujourd'hui, le constructeur propose également une coupe à tapis nommée « Convio » et des pick-up pour récolter les cultures en andain.
Une séparation optimisée
Le système de séparation du grain reste identique entre les deux Lexion. Celles-ci possèdent également l'accélérateur de flux APS, placé devant le batteur.Ce dernier atteint une largeur de 1420 mm sur la Lexion 740, contre 1700 mm sur la 480. Il se compose, sur l'une comme sur l'autre, de huit battes et affiche un diamètre de 600 mm. Les moissonneuses-batteuses sont équipées chacune de deux rotors, de 4200 mm de longueur pour 445 mm de diamètre. Sur la Lexion 740, ceux-ci se nomment « Rotoplus » et sont excentrés pour permettre une séparation efficace.

La Lexion 480 possède un caisson de nettoyage 3D, utile pour le travail en pente. En plus de secouer le grain d'avant en arrière, ce caisson effectue des mouvements de droite à gauche pour répartir le grain uniformément sur les grilles dans des dévers jusqu'à 20°. La Lexion 740 bénéficie, en option, du caisson 4D. Celui-ci offre les mêmes fonctionnalités que le caisson 3D, mais il intègre des volets sous les rotors qui se ferment ou s'ouvrent selon la pente. Pour limiter les pertes ou le mauvais nettoyage du grain, il se combine à l'automatisme Auto Slope qui adapte la vitesse des vents selon le relief. La paille est ensuite broyée ou andainée. Sur ce point, des évolutions sont à signaler entre les deux modèles. La Lexion 480 se dote d'un éparpilleur composé de deux turbines enfermées dans un cylindre équipé d'une goulotte d'éjection qui pivote pour répartir la paille et la menue-paille uniformément sur toute la largeur de coupe.

La Lexion 740 reçoit elle aussi deux turbines qui étalent la paille sur toute la largeur de travail, mais ce sont des volets pivotants autour des pales qui en assurent la répartition. Dans les pentes ou en présence de forts vents, deux capteurs indiquent à la machine la compensation nécessaire pour conserver une bonne répartition. Le grain monte ensuite dans la trémie par l'intermédiaire d'un élévateur. Sur la Lexion 740, ce dernier abrite différents capteurs analysant la qualité de la récolte. Les données recueillies sont transmises au Cemos Automatic, qui adapte ses réglages selon le résultat obtenu. Les deux moissonneuses-batteuses possèdent une trémie à dépliage électrique d'une capacité de 10 500 L qui se distingue toutefois par son débit de vidange : 100 L/s sur la Lexion 480 contre 130 L/s sur la Lexion 740.

Le guidage de tout temps
La Lexion 740 reçoit, en option, un guidage par GPS. Le GPS Pilot est transmis sur une console tactile Claas S10 de 10,4". L'antenne GPS se situe sur le côté droit du toit de cabine. Lors de son utilisation, elle s'élève pour garantir un signal de réception optimal. Cependant, en lisière de forêt, la connexion peut être interrompue. Une solution alternative, nommée « Laser Pilot », existe pour éliminer ce problème de perte de signal.

La Lexion 480, quant à elle, peut recevoir à l'extrémité de sa barre de coupe le dispositif de guidage Laser Pilot. Indépendant, celui-ci se passe de satellite ou de base fixe pour fonctionner. Le capteur du Laser Pilot différencie la culture fauchée de celle sur pied. La précision de ce guidage varie entre 20 et 30 cm. La mise en route du GPS, sur notre modèle de 2002 comme sur celui de 2018, s'effectue depuis le joystick multifonction en cabine.

Un entretien simplifié
Le graissage fait partie de l'entretien d'une machine en limitant l'usure des composants et les risques d'incendie. Aujourd'hui, Claas monte sur ces Lexion un graissage automatique.

Les points de graissage à contrôler sont indiqués sur un autocollant placé à l'intérieur des capots de la machine. Pour l'entretien annuel, le constructeur allemand facilite le travail des mécaniciens. Une batterie de tuyaux de vidange, située à l'arrière de la machine, autorise le remplacement de l'huile du moteur ou du réservoir hydraulique en toute simplicité. Également à cet endroit, un robinet d'eau clair, alimenté par un bidon d'une contenance de 15 L, permet de se laver les mains après l'entretien journalier, par exemple.

Sur les deux machines, le remplissage des réservoirs à carburant est accessible depuis la plateforme arrière, tout comme les filtres à air moteur et les radiateurs de refroidissement. Sur la Lexion 740, l'échelle d'accès à la plateforme permet également d'atteindre de nombreux organes de la machine situés en hauteur.

Toute seule sur la route
La Lexion 480, chaussée de pneumatiques de 900 mm de large à l'avant, affiche une largeur de 4,10 m. Pour circuler sur la route, elle doit être accompagnée d'une voiture pilote. Cette série pouvait également s'équiper du système à chenilles Terra Trac. Claas a travaillé sur la largeur de la machine afin de donner au chauffeur son indépendance. Avec des pneumatiques avant de 800 mm, la Lexion 740 atteint désormais 3,49 m de large. Si la 740 ne peut bénéficier de l'option Terra Trac, elle s'équipe en revanche du système Montana sur demande, lequel assure à la machine une remise à niveau automatique de son châssis dans les pentes.
Presque identique
Avec ce test comparatif décalé, nous voulions montrer que la Lexion 480, si elle est entretenue régulièrement, moissonne comme une machine récente. Elle fournit une qualité de grain identique, même si ses réglages sont moins précis. Cependant, le chauffeur se doit de rester concentré toute la journée sur différents éléments de la moissonneuse. En 20 ans, Claas aura apporté à sa Lexion confort et aides à la conduite et aux réglages permettant ainsi à son utilisateur de se focaliser sur la qualité de sa récolte.