Tous les semoirs monograines ne sont pas des semoirs de précision. Depuis des décennies, les implantations de cultures qui ne compensent ni par tallage ni par ramification (principalement betterave, maïs, tournesol) exigent une régularité d’espacement, de profondeur, de plombage et de recouvrement du sillon. C’est ce qui est partiellement remis en cause par l’équipementier américain Precision Planting. Le spécialiste du groupe Agco affirme en effet que l’émergence homogène d’une culture est un enjeu majeur pour garantir le potentiel total de rendement jusqu’à la récolte.

La performance est-elle garantie par la technologie ?
En fournissant à l’origine des capteurs pour mesurer les performances des semoirs et des moissonneuses-batteuses, Precision Planting s’est spécialisé rapidement dans les accessoires de semoirs de précision. Le terminal de commande 20/20 assure la supervision d’une panoplie d’équipements partiellement listés dans le tableau suivant. La modulation de profondeur en continu dénommée « SmartDepth », testée en exclusivité par Matériel Agricole, impose le montage de l’option SmartFirmer. Cette languette de rappui contient les capteurs optiques qui réalisent les mesures de nombreux paramètres, telle l’humidité, directement dans le sillon. Bien que cet équipement soit disponible avec une majorité des constructeurs de semoirs monograines européens, la régulation SmartDepth n’est compatible pour l’instant qu’avec les éléments John Deere, Kinze et Precision Planting. L’équipement Vset sélectionne les graines par dépression et ne peut donc remplacer qu’une partie des distributions du marché des semoirs de précision. En effet, le fonctionnement par pression de Väderstad ne permet pas de recevoir les composants d’alimentation Precision Planting. Les Kuhn Maxima sont également exclus de ce rééquipement en raison du côté de l’aspiration des graines sur le disque différant des marques concurrentes. Avant de faire sombrer votre semoir dans l’investissement irrationnel du tuning des années 1990, il est important de prioriser les accessoires du spécialiste américain. Pour Benoît Blateyron, responsable de région Europe de l’Ouest chez Precision Planting, c’est bien la garantie d’une performance accrue qui doit orienter le choix d’un rééquipement. « Il n’y a pas d’intérêt à investir dans la modulation de profondeur SmartDepth si la stabilisation du parallélogramme n’est pas garantie », indique le spécialiste. Ce dernier préconise donc de bien dissocier les objectifs des sous-ensembles d’un élément semeur de précision : stabilisation, alimentation, distribution, mise en terre et recouvrement.
Les mesures
En réalisant un semis de maïs le 20 mai dernier, la période optimale de la région poitevine est légèrement dépassée. Les conditions pédoclimatiques étaient cependant idéales pour mettre en lumière la plus-value du SmartDepth promise par le constructeur illinoisais. En dehors des 3 mm qui ont imbibé les deux premiers centimètres du lit de semence le 23 mai, il n’y a pas eu de précipitations significatives durant les quinze jours qui ont précédé et suivi le semis. La présence d’humidité résiduelle en fond de sillon était donc le principal facteur qui a permis de déclencher la germination. La préparation du lit de semence s’est limitée à des déchaumages successifs pour détruire les restes du couvert végétal hivernal. Dans ce cas et comme toutes les opérations de travail du sol en dessous de la profondeur de semis, un effet d’homogénéisation de la profondeur de l’humidité est observé. Une parcelle implantée en semis direct aurait peut-être illustré davantage des variabilités d’humidité dans un sillon à profondeur constante. La parcelle d’essai a été ensemencée de la variété de maïs P8329 à la densité de 90 000 pieds/ha. La vitesse de travail est fixée à 8 km/h pour l’ensemble des modalités comparées. Avec une présence d’humidité observée à plus de 4 cm de profondeur lors du semis, l’agriculteur a défini un objectif de profondeur de semis de 5 cm.

Profondeur de semis : aussi peu que possible, autant que nécessaire
Le semoir Max Emerge équipé Precision Planting a d’abord été paramétré en profondeur fixe à 5, 3,5 et 7 cm. Les deux dernières modalités ont permis d’éprouver la technologie SmartDepth avec deux consignes d’humidité différentes. Dans tous les cas, le terminal 20/20 exigeait de placer les graines dans une plage de profondeur comprise entre 3,5 et 7 cm. Durant ces essais, nous nous sommes d’abord rendu compte que le bon sens paysan était plus pessimiste que la mesure du capteur SmartFirmer. L’humidité minimale de 35 % exigée selon les consignes du SmartDepth (SD) a généré une profondeur moyenne (tiret vert) identique à la modalité de profondeur fixe de 3,5 cm. Malgré la profondeur plus importante de la modalité à 7 cm, son taux de levée est meilleur que les essais à 5 cm ou SD à 45 % d’humidité. Les trois modalités à profondeur figée génèrent un positionnement de 50 % de la semence dans une plage de 5 mm (rectangle vert). Lorsque la régulation SD est sollicitée, cette valeur de dispersion est doublée, illustrant une véritable variation en cours de semis. L’automatisme a fait varier la profondeur moyenne de 27 mm entre les deux dernières modalités, pour répondre à un écart de consigne de 10 % d’humidité supplémentaire.

Ne pas confondre levée précoce et émergence rapide
Il est tout d’abord tentant de lier la profondeur de semis et la dynamique de levée. En observant les modalités à profondeur fixe, les résultats de levée nous confirment qu’il n’y a pas de lien direct. Cependant, ce sont bien les semis les plus superficiels qui émergent le plus tôt. En atteignant 35 % d’humidité à moins de 4 cm de profondeur, les modalités 3,5 cm et SD 35 % devancent les autres essais de plus de deux jours. Cette longueur d’avance profite au taux de levée global qui dépasse 95 % lorsque les autres essais stagnent de cinq à dix points en dessous. Lors du suivi des levées, seule la modalité SD 45 % a offert une dynamique d’émergence en moins de 12 heures. Cette modalité a en effet dépassé le stade de 50 % d’émergence le soir même de la septième journée, les comptages étant réalisés le matin. Nous observons finalement des inclinaisons de courbes parallèles illustrant des dynamiques très proches. Les modalités les plus tardives ont probablement subi des attaques de ravageurs du sol impactant le pourcentage de levée final.

Mémo : les acronymes CV et CP3
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