Fin août 2020, Valtra levait le voile sur sa nouvelle série G de tracteurs, intercalée entre les compacts A et les polyvalents N. Les quatre modèles, du G105 au G135, marquent également pour le constructeur finlandais le début de la cinquième génération. Quelques semaines seulement après leur présentation officielle, nous avons pu essayer deux tracteurs, se distinguant l’un de l’autre par leurs niveaux de finition. Nous nous sommes donc rendus sur la ferme du Gaec Girard-Clerc, à Bay, dans la Haute-Saône. Je dois dire que ces tracteurs m’ont séduit d’entrée de jeu, non seulement à cause de leur design moderne, mais surtout grâce à leur couleur bronze métallique inaugurée lors du lancement de cette série G. Cette finition métallisée, digne d’une carrosserie automobile, tranche véritablement avec les couleurs unies proposées habituellement.

Au-delà du design de l’engin, je suis agréablement surpris par le marchepied permettant d’accéder à la cabine. Ses larges marches, disposées en pente douce, forment un escalier, comme une invitation à prendre place derrière le volant. Ce que je fais sans tarder. Étant donné que nous devons charger un plateau de paille pour réaliser nos essais routiers, je prends d’abord les commandes du Valtra G125 équipé d’un chargeur frontal aux couleurs de la marque. La cabine du tracteur bénéficie de la finition Active, c’est-à-dire celle de milieu de gamme. Je prends rapidement mes marques à bord, la structure de l'habitacle se montrant identique à celle de la série A. Sur l’accoudoir solidaire du siège, deux joysticks me tombent sous la main. À gauche, le levier en croix me permet de contrôler le chargeur frontal. Il comporte à son sommet un petit interrupteur à bascule autorisant le maniement proportionnel de la troisième fonction du chargeur, par exemple pour ouvrir et fermer une pince.

Distributeurs frontaux électro-hydrauliques
Cette commande, indépendante de la deuxième fonction, s’avère optionnelle. Les tracteurs n’en bénéficiant pas proposent un fonctionnement plus traditionnel de la troisième fonction, via l'appui sur un bouton pendant le basculement à droite ou à gauche du levier en croix. Ce dernier sert également, après avoir appuyé sur un bouton disposé à proximité, à contrôler le relevage avant ainsi que les distributeurs (deux au maximum) qui lui sont associés. Le deuxième joystick sur l’accoudoir arbore une bande orange signalant qu’il s’agit de la commande de la transmission semi-powershift comptant quatre gammes et six rapports sous charge. Il suffit de lui donner une impulsion vers l’avant pour monter d’un rapport ou vers l’arrière pour rétrograder. Son basculement vers la droite engage le mode automatique. Plus exactement, cette action active l’un des deux modes dénommés « Auto1 » et « Auto2 ». Je peux passer de l’un à l’autre en appuyant sur un bouton dédié, à droite de l’accoudoir. Le tableau de bord m’indique alors lequel des deux est actif.

Je peux aussi décider d’automatiser ou non le passage des gammes B à C, et C à D. Dans le mode « Auto1 », le tracteur gère seul le passage des rapports en fonction de la charge et du régime moteur. Je pense qu’à vide il a tendance à faire un peu trop « ronfler » le moteur, avant de monter les rapports. En revanche, sur route, il s’est avéré plutôt efficace. Je vous en parlerai plus bas. Le second mode, l'« Auto2 », permet au conducteur de décider des régimes moteur auxquels la transmission doit monter ou descendre d’un rapport. Cependant, il ne prend pas en compte la charge sur le moteur. Les réglages correspondant à ce mode de gestion de la transmission s’opèrent depuis le tableau de bord. Ce dernier permet également d’ajuster le débit maximal des distributeurs affectés au chargeur frontal.

Vue imprenable sur le chargeur
Cet équipement s’avère très bien intégré au tracteur. De plus, le toit vitré de la cabine offre une vue imprenable lors des travaux de manutention. Seul bémol, la réactivité de l’embrayage me laisse quelque peu sur ma faim. En effet, habitué à conduire des tracteurs à transmission mécanique, je me sers de la pédale d’embrayage pour les manœuvres d’approche. Et le comportement de celui-ci diffère d’un mécanisme classique. Même en réglant l’agressivité d’embrayage au maximum, je ressens un certain temps de réaction en relâchant la pédale. Cependant, le Valtra bénéficie de la fonction Autotraction qui assure le débrayage de la transmission en appuyant sur les pédales de frein. Une fois les balles de paille chargées sur le plateau, il est temps de faire connaissance avec le second tracteur de notre essai, le G135. Vu de l’extérieur, rien ne le distingue du premier tracteur essayé, hormis le sigle « Versu » apposé sur les charnières chromées des portes de la cabine.

À bord, changement d’ambiance. L’accoudoir simple des finitions HiTech et Active – ainsi que leur console latérale comportant les commandes mécaniques des distributeurs –, et les potentiomètres de réglage du relevage ont laissé place à l’accoudoir haut de gamme doté du terminal SmartTouch. Celui-ci propose une interface conviviale sur laquelle le Valtra est représenté de profil. Chaque menu, correspondant aux différents organes du tracteur, s’ouvre en appuyant sur l’icône dédiée. La prise en main du SmartTouch se fait rapidement, et la navigation s’avère intuitive puisqu’il ne faut que trois clics pour arriver dans les sous-menus les plus reculés de l'arborescence. En option, le SmartTouch communique avec des machines compatibles Isobus et peut aussi gérer le guidage.

Toutes les commandes dans la main
Notons que les finitions HiTech et Active, dépourvues d’écran, accèdent aux fonctions précitées après l’installation du terminal StandAlone, identique au SmartTouch. Dans la finition Versu, la gestion de la transmission s’opère depuis un joystick regroupant la commande de relevage arrière, l’inverseur (en doublon avec celui placé sous le volant) et deux distributeurs hydrauliques. Ce levier accueille aussi deux touches fonctions paramétrables et une molette d’ajustement du régulateur de vitesse. L’accoudoir SmartTouch autorise également la conduite avec le joystick, comme si le tracteur disposait d’une transmission à variation continue. Afin de me familiariser avec ce Valtra, nous attelons le plateau chargé de balles de paille, et je prends la route après avoir sélectionné le mode « Auto1 ».

Je n’utilise que la pédale d’accélérateur pour gérer l’allure, l’automatisme de transmission s’occupant du reste. Le passage des rapports sous charge et des gammes s’opère en douceur, sans à-coup ni rupture de couple trop longue, risquant de freiner le convoi dans son élan. Le moteur ne bronche pas dans les différentes côtes de notre parcours. La transmission engage les rapports et les conserve aussi longtemps que possible, évitant ainsi de jongler entre deux vitesses. Dans les descentes, le Valtra retient le convoi, mais j’aurais apprécié retrouver une commande pour amplifier l’effet du frein moteur. En dehors de cela, le tracteur profite d’un comportement sécurisant sur route, même lorsque le sol n’est pas régulier. La suspension de pont avant répond bien aux sollicitations. L’amortissement de cabine, comptant deux silentblocs à l’avant et deux ressorts à l’arrière, filtre les secousses. Après trois tours de notre parcours de 11,8 km, le Valtra établit une consommation moyenne de 4,45 L en 21 min 56 s, soit 12,2 L/h.