Qui ne connaît pas Farming Simulator ? Le plus mythique des jeux de simulation agricole, et sans doute l'un des plus utilisés à travers le monde, revient avec l'édition FS 22, dévoilée le 22 novembre 2021. Pour vérifier les promesses faites par son développeur, Giants Software, quant aux multiples évolutions apportées à cette version, j'ai relevé l'incommensurable défi, pour vous, de l'essayer pendant une journée. Première étape : me confectionner un espace de jeu en plein cœur de mon salon et m'installer à bord de ma cabine de tracteur comme si j'y étais.

J’installe l’ensemble volant-pédales-panneau latéral pour engins agricoles de Logitech sur un support spécifique. Le volant de 900° de rotation à retour de force par ressort se dote de deux joysticks. Le panneau latéral à plus de 25 boutons programmables est composé d’un joystick à commutateur de mode proposant six axes différents. Pour ressentir le confort d’un bon siège de tracteur, je place devant le volant un fauteuil de l’époque Louis XV, comme le décrit mon cher collègue. En plein jour, je renvoie l’image de mon PC sur un écran positionné juste derrière le volant, tandis que, dans le noir, j'en profite pour la projeter sur le mur, augmentant ainsi l’effet de réalité. Il ne me reste plus qu’à configurer les multiples boutons et axes à ma disposition et selon mes besoins. Je suis prêt à commencer ma carrière de jeune exploitant agricole ! Avec impatience, je lance la saga de cette version 22 de Farming Simulator.

Avant même de proposer de démarrer une carrière, Giants Software n’hésite pas à rappeler aux utilisateurs la réalité de ce métier à travers la vidéo d’introduction. Celle-ci incarne la vie d’un père et d’une fille, exploitants agricoles, aux prises avec les aléas de ce métier, illustrés par une parcelle de maïs dévastée par les maladies. Elle attire l'attention du joueur sur la persévérance de l’agricultrice, qui se met chaque jour au travail dès cinq heures du matin. Le développeur cherche à faire passer un message essentiel aux utilisateurs : celui d'un métier aux multiples incertitudes s'apparentant à une vocation.

Enfin une carte française !
Je commence ma nouvelle carrière. J’ai le choix entre trois « maps » (cartes) différentes. Pour les joueurs à la recherche de l’american dream et de ses monstrueux tracteurs John Deere, la première carte dénommée « Elmcreek », inspirée des « States », offre des superficies de champs très élevées. C’est une carte représentative de l’Amérique par son relief plat. Pour les amoureux de notre France et de ses belles régions, Giants Software propose enfin une carte, intitulée « Haut-Beyleron », inspirée des régions de Nouvelle-Aquitaine et de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Les différentes capacités géographiques de cette « map » correspondent parfaitement aux trois nouvelles cultures (cf. encadré). Avec des zones en relief, cette carte offre de la polyvalence entre les cultures de céréales, la viticulture, l’élevage et la sylviculture.

Les éleveurs dans l’âme ne sont pas oubliés par le développeur du jeu grâce à la carte « Erlengrat ». Proposant de multiples reliefs, cette dernière, inspirée des Alpes, est plus propice au pâturage. C’est d’ailleurs la seule carte permettant de démarrer une carrière avec un enclos, quelques vaches ainsi que tout l’équipement nécessaire à leurs soins. Toutefois, dans cette même carte, l’utilisateur peut suivre une exploitation céréalière ou spécialisée.

Je choisis de commencer par la carte française « Haut-Beyleron ». Comme pour la version précédente (FS 19), une fois la carte sélectionnée, le jeu laisse le choix entre trois niveaux de difficulté : « nouveau fermier », avec du terrain et les équipements nécessaires pour débuter, « gérant de ferme », avec d’importants fonds pour acheter du terrain, des bâtiments et des équipements, et « partir de zéro » offrant au joueur un capital limité sans terrain ni équipements. À cela s’ajoute la « difficulté économique » que traverse la partie, avec des matières premières agricoles à bas prix.
Une gestion d’exploitation très complète
Une fois dans le jeu et avant de commencer ma vie d’exploitant en tant que « nouveau fermier », je prends le temps de consulter les parcelles qui me sont dédiées, ainsi que les cultures semées via le sous-menu « Carte ». Dans le filtre indiquant le statut des parcelles, je découvre une évolution dans le réalisme au niveau du travail du sol, avec l’arrivée des statuts « labour superficiel », « lit de semences » et « labourés ». Dans cette version 22 de Farming Simulator, des pierres apparaissent dans les parcelles, et le sol nécessite un plombage après les semis. Tous ces éléments me donnent l’impression de travailler mes champs comme dans la réalité.

J’observe un nouveau sous-menu dédié à la gestion des ouvriers. Avec les versions précédentes, je devais commencer à travailler le champ avant d’engager l’ouvrier pour continuer la tâche. Sur des parcelles non rectangulaires, le résultat laissait à désirer. Ce nouveau contrôle de gestion des ouvriers reçoit l’intelligence artificielle. C’est comme si je prenais la place d’un chef d’exploitation commandant ses salariés depuis son bureau. En effet, je peux embaucher des ouvriers pour déplacer un véhicule d’un point A à un point B. Cette fonctionnalité se complète par la programmation d’une tâche au champ, en définissant au préalable le lieu et l’orientation de départ pour démarrer les travaux dans la parcelle. Mes ouvriers savent maintenant conduire seuls sur la route. Ils sont également capables d'effectuer des livraisons par eux-mêmes et les répéter périodiquement.
Un mode « saison »
Lors de cet essai, j’ai semé des céréales sans prêter attention à la saisonnalité du jeu. Une fois le semoir Nordsten activé et baissé, je programme mon régulateur de vitesse et me lance dans la tâche. En plein milieu de mon écran s’affiche le message suivant : « Vous n’êtes pas autorisé à effectuer cette tâche à cette période de l’année. » Je réalise alors que je voulais semer du blé en plein mois d’août. Quelle étrange idée ! Cela appartient au mode saison de la version 22 de Farming Simulator. Celui-ci oblige l’utilisateur à respecter les périodes de semis, de plantation et de récolte. En outre, l’apparition d'un manteau neigeux en hiver joue sur l’adhérence des véhicules.

Pour les têtes en l’air ou les novices, le sous-menu « calendrier des cultures » remémore les périodes de travail en fonction de la saison, tout au long de l’année. La réalité économique du jeu se voit aussi améliorée par ce mode à l’aide de la fluctuation des prix sur l’année. Le blé que je viens de récolter se vendra plus cher en hiver, au vu de la demande du marché plus élevée au cours de cette saison-là. Toutefois, pour profiter de ce tarif, je vais devoir stocker mes grains jusqu’en hiver. Un grand dilemme se pose : dois-je vendre ma récolte plus tard au prix fort ou être tout de suite, mais modiquement, payé ? Souhaitant posséder la plus belle ferme du jeu, je décide d'entrer dans le menu « construction » pour choisir un bâtiment répondant à mes critères et… à mes petits moyens financiers.
Transformation et vente directe au programme
Je remarque alors le nouvel onglet « industries », l'une des plus grandes nouveautés de cette édition 2022. Celui-ci m’autorise à investir dans des usines de transformation de matières premières agricoles. Si, dans les versions précédentes du jeu, je devais me restreindre à la vente de mes céréales aux silos, avec la version 22, je deviens, en plus d’être exploitant agricole, industriel de l’agroalimentaire, du textile ou du mobilier. Par exemple, en circuit court, je transforme ma récolte de blé en farine puis en pain, ou encore mon raisin en jus.

Des circuits plus complexes s’offrent aussi à moi, comme la fabrication de gâteaux, nécessitant de la farine de blé, du beurre descendant du lait de mes vaches, du sucre grâce à la culture de cannes ou de betteraves sucrières, des œufs provenant de mes poules et des fraises issues de mon verger en serre. La culture du coton, pour sa part, ouvre le jeu à l’industrie du textile, et la sylviculture à celle du mobilier.
Un magasin toujours plus complet
Une fois ma ferme améliorée, je souhaite me faire plaisir en louant pour quelques jours un beau tracteur rouge. Je me dirige à la concession. Cette dernière présente plus de 400 véhicules divisés en catégories, encore plus nombreuses que dans la version précédente de FS. Je peux acheter ou louer des modèles thermiques ou électriques, ou bien des versions roulant au méthane. Il est désormais possible, lors de la configuration des machines et des outils, d'y apposer sa propre plaque d’immatriculation. Si le choix entre différentes motorisations reste possible, celui de la transmission ne l’est pas encore.

En complément, j’ai un aperçu de mon propre parc de véhicules et d'outils, et dispose de leurs bilans d'entretien respectifs. Autrement dit, je connais l’ancienneté d’achat, les heures de travail, l’usure en pourcentage ainsi que le prix de revente de chacun de mes matériels. Pour le travail du sol, les catégories ont largement été revues en scindant les cultivateurs, les charrues, les décompacteurs, les déchaumeurs à disques et les herses rotatives.

Je décide de préparer l'un de mes champs au semis. Je fais une folie et loue auprès de la concession un Massey Ferguson 8S et une herse rotative Kuhn HR 6040 RCS. J’attelle l’outil au tracteur, mets les gyrophares et pars à fond de pipe en direction du champ no 23. À peine sur la route, j’entends la douce mélodie des parties métalliques de l’outil claquant les unes contre les autres à chaque irrégularité de la route. Je regarde en bas à droite de mon écran les différentes informations affichées au compteur du tracteur. La vitesse numérique est indiquée au centre du cadran des tours par minute, à la droite duquel sont placées les jauges de carburant et d’usure de la machine. Étonnamment, je ne vois aucune jauge de niveau d’AdBlue. Les exploitants en colère contre cet additif antipollution dans la réalité seront réconciliés par son absence dans Farming Simulator 22.
Le passage des vitesses désormais disponible
À droite du compteur, une icône attire mon attention. Absente dans la version FS 19, elle m’est inconnue. Elle affiche « D », « N » ou « R », pour « Drive », « Neutral » et « Reverse ». Étant aux commandes d’un Massey Ferguson à transmission à double embrayage, je n’ai aucune vitesse à passer et dois seulement sélectionner l’inverseur du sens de marche. Je m’arrête alors dans la cour de ma ferme et monte dans le Valtra Valmet 8750 à transmission mécanique qui a été mis à ma disposition en début de carrière. À l'écran, les trois lettres ont été remplacées par quatre chiffres – 1, 2, 3 ou 4 – correspondant aux différentes vitesses du tracteur. Lorsque j’avance, l’ordinateur les passe automatiquement. Toutefois, dans les réglages du jeu, il est possible de paramétrer les touches du clavier pour les passer manuellement.

L'intensité de son nettement améliorée
Je me reconcentre sur ma tâche initiale et remonte dans le Massey Ferguson 8S pour commencer mon travail. Prêt à préparer mes lits de semences, je déplie l’outil, active ses rotors et le baisse. Le moteur du tracteur monte automatiquement en charge. C’est à ce moment-là que je perçois une nette amélioration, par rapport à la précédente édition, de l'intensité des sons à résonance physique, au niveau de la motorisation et du travail de l’outil. Les bruits du moteur, de la friction des rotors et de la prise de force se distinguent aisément. En cabine, les terminaux optent pour un visuel identique à celui de la réalité. La caméra en vue intérieure suit tous les défauts et « ornières » du champ, comme si vous étiez sur un siège pneumatique. En activant la vue extérieure, je distingue l’enfoncement des pneus du tracteur dans le sol, causé par son poids et par la charge de travail de l’outil. Je finis le champ, tel un exploitant installé depuis plus de 20 ans, en constatant à regret l’absence – comme sur les versions précédentes – de la fonctionnalité de guidage par GPS.

Le temps passe, et mes cultures se développent. Le mois d’octobre approche à grands pas. Je loue l’arracheuse automotrice Ropa Tiger 6S pour récolter mes betteraves. J’embauche un salarié pour effectuer cette tâche et prends ma casquette de chauffeur routier afin d’acheminer mes racines à l’usine de transformation en sucre. Pour gagner en débit de chantier, j’utilise un camion Mack et une remorque à grand volume. N’ayant pas fait attention au type de monte de pneumatiques du camion, les pneus routiers le font patiner dans les fourrières de mes parcelles.
Globalement, j’ai pris plaisir à jouer à cette édition 22 de Farming Simulator sur mon ordinateur (le jeu est également disponible sur les consoles Stadia, PlayStation et Xbox). Giants Software a respecté ses promesses au sujet de l’amélioration de la gestion des ouvriers, du graphisme des engins au travail et de la qualité du son sur les différents outils et machines. »