Depuis plusieurs années, la gamme de tracteurs Claas Arion 400 se démarque de la concurrence par sa cabine dotée d’un large toit vitré et par son unique joystick qui, à la fois, pilote le chargeur frontal et gère la transmission semi-powershift. Une recette gagnante pour les travaux de manutention en toute simplicité. Je vous entends déjà me dire : « Les autres marques aussi proposent un toit vitré ! » C’est vrai… à la seule différence que le constructeur allemand a fait le pari d’une cabine exempte de longeron transversal avec, pour seul raccordement entre le pare-brise et la vitre du toit en polyuréthane, un joint en silicone transparent. Que les plus sceptiques se rassurent, cette structure particulière respecte néanmoins les normes Rops et Fops contre le retournement et la chute d’objet. Pour notre essai, réalisé sur l’exploitation agricole du lycée agricole de La Faye, à Saint-Yrieix-la-Perche, dans la Haute-Vienne, Claas France nous a mis à disposition un Arion 450 équipé de cette version de cabine « Panoramic » et d’un chargeur frontal FL120.

Avant que je prenne en main ce tracteur de polyculture-élevage au curage de la stabulation des limousines et lors du transport de fumier, nous l’avons passé au banc de puissance dans les ateliers du lycée. L’Arion 450 a fourni une puissance maximale de 113,7 ch OCDE. La courbe dessinée sur l’écran m’a permis de connaître le régime de puissance maximale ainsi que celui de son meilleur couple. Une fois l’arbre à cardans désaccouplé, j’attelle la masse de 900 kg au relevage arrière et me dirige dans le bâtiment d’élevage pour curer la stabulation.

Un seul joystick pour presque tout faire
En débutant le curage, je prends mes marques avec le joystick Electropilot. Ce dernier prend place en bout d’accoudoir et reste solidaire du siège pneumatique. C’est très appréciable ! Je ne risque pas de me tromper de manche, il n'y en a qu’un ! Et il me permet de tout faire ou presque, sans avoir à passer sans cesse la main d’un levier à l’autre. Je gère le chargeur avec la commande en croix intégrée.

À l’aide du pouce, je monte ou descends les vitesses si nécessaire depuis la gâchette orange, et je contrôle la troisième fonction pour ouvrir la pince de la BMS. Un autre bouton m’autorise même à mémoriser une position de l’outil. Ma main gauche, quant à elle, reste sur le volant et assure le changement de sens de marche via l’inverseur solidaire de la colonne de direction. Lors du chargement dans la benne, la vue est complètement dégagée. Après plusieurs allers-retours dans la stabulation, je me sens de plus en plus à l’aise avec l’Arion. Bien que le toit vitré soit un vrai plus pour ce genre de travaux, l’encombrement du capot moteur pénalise la visibilité sur l’outil lorsque je cure le fumier dans la stabulation.

Le constructeur justifie ce design en évoquant la présence de radiateurs dimensionnés pour assurer correctement le refroidissement du tracteur. En cabine, pas de grandes évolutions notables par rapport à la version précédente si ce n’est l’arrivée d’un compartiment réfrigéré, sous le siège passager, pouvant accueillir une grande bouteille. Une journée nous aura suffi pour nettoyer la stabulation des vaches allaitantes.

Il est temps de se séparer du chargeur pour l’essai sur route. Depuis que j’essaie des tracteurs, c’est la première fois que j’en décroche un aussi rapidement. Un jeu d’enfant, et ce, simplement en suivant les indications de l’autocollant apposé sur le brancard. Pour le raccrocher après le test routier, il m’a suffi d’avancer et, en un clic, le brancard était automatiquement verrouillé sur le bâti.

Une transmission réactive
J’attelle ensuite la benne Deguillaume chargée de fumier et affichant un poids total de 15 t. Le mode « Smart Stop » me permet d’approcher de l’anneau avec douceur en appuyant simplement sur la pédale de frein qui désaccouple la transmission. Pour mesurer la consommation, je réalise trois tours chronométrés sur un parcours de 11 km avec la benne. Lors du premier tour, je passe moi-même les gammes et les powershifts de la transmission Hexashift à l’aide du pouce au joystick. Je ne rétrograde jamais en dessous de 1 700 tr/min afin d’éviter de descendre trop bas dans les tours et ainsi rester dans la plage de puissance constante. Au deuxième tour, j’opte pour un passage automatique des quatre gammes et des six powershifts. Je paramètre, via l’ordinateur de bord CIS, le régime auquel le tracteur assure leurs passages, et je sélectionne 1 700 tr/min.

Sur la route, le calculateur rétrograde alors automatiquement au couple maximal, soit au régime de 1 400 tr/min, et passe, sur le plat, les vitesses au régime enregistré. Pour le troisième tour, je reste sur le même mode que le précédent, mais je configure le régime des passages dans le CIS sur « Auto », le système gérant alors tout automatiquement. La transmission se comporte différemment. Elle rétrograde les vitesses plus rapidement à un régime se rapprochant de ma conduite en manuel, vers 1 750 tr/min. La différence de consommation relevée, en pesant le GNR réellement absorbé à chaque tour, n’est pas assez significative pour apporter un jugement sur les conduites auto et manuelle. Elle peut s’expliquer par la courbe de consommation spécifique établie au passage du banc, avec une forme très plate voire descendante vers le régime de 1 800 tr/min.

Notons que la transmission réagit bien à nos divers paramètres. Dommage que l’Hexashift ne dispose pas d’un rapport économique ni d’un frein actif pour maintenir l’ensemble lors d’un arrêt à un stop. L’Arion roule à 40 km/h au régime de 1 870 tr/min. La conduite sur route est souple, mais je perçois, au-delà de 25 km/h, un sifflement inexplicable provenant du pont arrière. Le pont avant suspendu et la cabine reposant sur deux ressorts apportent un confort de conduite agréable. À l’heure du bilan de ce test, l’Arion et son chargeur frontal ne font qu’un. Favorisé par une prise en main rapide et une vue panoramique sans égales, ce tracteur a toute sa place sur une exploitation de polyculture-élevage.