
Une moissonneuse-batteuse sans volant, en voilà une idée bizarre ! Il y a bien des engins de travaux publics dépourvus de cet « accessoire », mais ces derniers ne peuvent circuler sur routes ouvertes. Le groupe Agco a toutefois travaillé dans ce sens avec son système Idealdrive. Nos esprits se sont alors mis à imaginer comment la moissonneuse-batteuse allait bien pouvoir prendre la route. Et c'est un pari réussi pour Massey Ferguson, qui commercialise un dispositif sans volant, en option, sur tous les modèles à chenilles de la gamme Ideal. Ainsi, lorsque je reçois l’invitation du constructeur pour tester cette innovation, je suis curieux de savoir comment la machine peut bien se comporter. Le rendez-vous est pris pour la fin du mois de juillet, dans la Somme. En arrivant à proximité, rien ne laisse supposer l’absence de colonne de direction sous les capots sombres de cette Ideal 9T. Un rapide tour du propriétaire confirme cette première impression. À l’exception d’une batterie supplémentaire, placée à l’arrière droit de l’engin, rien ne diffère à l’extérieur. La moissonneuse-batteuse, fabriquée en Italie, s’équipe de deux rotors de 4,84 m de longueur qui assurent le battage et la séparation de la récolte. Elle est animée par un six-cylindres MAN de 15,2 L développant 647 ch.

Une absence qui efface les repères
Trêve de chiffres, direction une parcelle de blé pour prendre en main cette moissonneuse-batteuse. En s'installant à bord, l’absence de colonne de direction étonne et déroute à en perdre ses repères. Une fois assis, je profite d’une vue dégagée sur la coupe à tapis Powerflow, de 10,7 m de large, qui équipe la machine. J’abaisse l’accoudoir de gauche pour prendre le joystick de direction. Ce dernier tombe sous la main sans avoir à le chercher. Je mets en route l’ensemble des organes de battage puis prends la direction des épis de blé avec une commande dans chaque main. Si la main droite connaît déjà son travail, celle de gauche tâtonne pour orienter la machine lors des premiers tours de roues. La réaction de la direction est surprenante. Celle-ci se révèle très douce et, en même temps, réactive. Ma crainte de ressentir des à-coups s’avère vite dissipée. J’abaisse la coupe, et le nuage de poussière se forme autour de la bête noire. Autre surprise, à la différence d’une machine avec une colonne de direction, cette Idealdrive file droit sans avoir besoin d’activer le guidage. Je peux maintenant profiter de la vue particulièrement dégagée sur le tablier de coupe. Le demi-tour approche, je reprends en main le joystick de direction tout en actionnant les différentes tâches depuis l’autre poignée multifonction. Une impulsion sur la gauche, et la machine change de cap sans souci. Je vais même jusqu’à faire des « 8 » dans la fourrière, mais l’Idealdrive reste sans reproche dans l’utilisation du système.

Une position de conduite moins fatigante
N’ayant rien trouvé à reprocher au dispositif, je me cale de nouveau au fond du siège. Cette fois, l’autoguidage par GPS est activé, ce qui me permet de surveiller tranquillement la qualité du battage dans la trémie et les différents paramètres de fonctionnement. Après plusieurs allers-retours passés aux joysticks de l’Ideal, l’absence de colonne de direction paraît rendre la position de conduite moins fatigante. N'ayant pas besoin de m’avancer pour utiliser le volant, mon dos reste bien droit, calé contre le dossier du siège. Le temps défile, et je dois laisser la place dans la cabine. Ce galop d’essai est une expérience assez déroutante. Le seul point qui pourrait freiner les acquéreurs, outre le prix de l’option, sera probablement l’appréhension de perdre des repères, mais un essai dissipera facilement les doutes.

Atteler la coupe sans descendre de la cabine
