Cet essai a été réalisé en partenariat avec les chambres d’agriculture de la Creuse, de Charente-Maritime, des Deux-Sèvres et de la région Nouvelle-Aquitaine, au sein de l’exploitation du lycée agricole de Magnac-Laval (Haute-Vienne). Nous tenons à remercier tous les acteurs ayant rendu possible ce comparatif.
Les défenseurs de la transmission à variation continue mettent en avant sa souplesse et l’absence de passage de vitesses, évitant ainsi les ruptures de couple lors des travaux de traction. De plus, le moteur est toujours exploité dans une plage optimale. Ceux qui préfèrent les boîtes mécaniques, avec ou sans rapports sous charge, arguent de leur meilleur rendement, en l’absence de module hydraulique. Chacune de ces solutions présente effectivement des avantages, en particulier dans certains usages précis, tels que la manutention, avec la délicatesse d’une variation continue, ou le transport sur route avec une boîte mécanique. Bien que nous n’ayons pas la prétention de dire que l'une est mieux que l’autre, nous avons souhaité apporter des éléments chiffrés, pouvant s’avérer utiles lors d’une réflexion d’achat. Nous avons ainsi comparé la consommation de carburant de deux tracteurs quasi identiques, se différenciant uniquement par leur transmission, lors de travaux de déchaumage et de transport, ces deux activités étant parmi les plus énergivores dans une exploitation d’élevage. Le concessionnaire Défi-Mat Micard, représentant la marque John Deere, a mis à notre disposition deux 6110M, l’un doté de la transmission robotisée CommandQuad Plus, l’autre de la variation continue AutoPowr. Les deux modèles affichaient un nombre d’heures de fonctionnement équivalent et profitaient de montes de pneumatiques similaires.


Atelier transport
Pour les essais routiers, nous avons attelé les tracteurs tour à tour à la benne Deguillaume de l’exploitation. Nous avons effectué, avec chacun d'eux, trois rotations entre la ferme et une carrière distante de 6,2 km, afin d’apporter le matériau nécessaire à la réalisation d’un empierrement dans l’un des bâtiments. Les chargements étaient toujours les mêmes, à une centaine de kilos près. Trois chauffeurs se sont succédé au volant de chaque tracteur afin de lisser les différences de consommation liées au style de conduite. Nous avons toujours laissé les transmissions en mode automatique.
Le tracteur équipé de la transmission à variation continue AutoPowr obtient une vitesse moyenne plus élevée de 3 % par rapport à celle son homologue à boîte robotisée. En revanche, cette performance se paye au prix d’une consommation de carburant accrue, de +16,6 % en moyenne.



Atelier déchaumage
Lors de l’atelier de déchaumage, nous avons attelé les tracteurs à un déchaumeur porté à disques Unia T XL, de 3 m de large. Pesant 2,9 t, cet outil nous a obligés à installer une masse à l’avant des tracteurs, afin de les équilibrer. L’essai s’est réalisé dans une unique parcelle. Chaque modalité compte trois bandes de 12 m de large, intercalées avec les passages de l’autre tracteur, gommant les éventuelles différences de sol et de pente. Un seul chauffeur a conduit les deux tracteurs durant ce test. Le temps était chronométré afin de connaître la consommation horaire et le débit de chantier.
Ici encore, le 6110M équipé de la transmission robotisée CommandQuad Plus brille par sa sobriété et par sa vitesse moyenne légèrement plus élevée lui permettant d’offrir un débit de chantier sensiblement plus important. Le modèle doté de la variation continue consomme ainsi 25,3 % de GNR à l’hectare en plus, pour un débit de chantier abaissé de 13,1 %.



Consommation au ralenti
Pour connaître la consommation au ralenti des deux tracteurs, nous les avons simplement laissés tourner côte à côte pendant une heure, en pesant la quantité de GNR dans chaque bidon avant et après le test.
Il semblerait que la transmission à variation continue consomme de la puissance, même à l’arrêt, puisque la consommation du tracteur s'en voyant équipé est 14,2 % plus élevée que celle de son homologue à boîte mécanique.
