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Semis direct Essai du semoir Novag T-ForcePlus 650 : il passe presque partout

Nombreux sont les constructeurs qui ont saisi l’opportunité du semis direct et proposent aujourd’hui des semoirs spécifiques. Novag, constructeur originaire des Deux-Sèvres, en a même fait sa spécialité. La société ne fabrique que des semoirs de semis direct, dotés d’un élément unique. La rédaction de Matériel Agricole a eu l’occasion d’essayer cette machine lors de l'implantation de colza et de couverts végétaux. Embarquez avec moi pour la Haute-Saône pendant deux journées de semis dans différentes conditions.

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Nombreux sont aujourd’hui les exploitants friands de semis direct, en particulier dans les régions aux potentiels de rendement limités, mais pas seulement. La Haute-Saône, département de notre essai, en est un bon exemple. À l’aube des années 2000, charrues et herses rotatives ont laissé place aux déchaumeurs. Motif premier de l’adoption du semis direct : la préservation des sols, qui cessent d'être bouleversés et asséchés par les passages d’outils. Afin de suivre cette volonté, les constructeurs développent différentes architectures d’éléments semeurs. Novag, lui, a fait le pari de ne proposer dans son catalogue qu’un seul élément adoptant une architecture en « T inversé ». Cette solution, composée d’un disque au centre de deux coutres latéraux formant le « T », soulève la surface du sol pour y déposer semence et engrais.

Pour un semis en terre préparée et meuble, il convient d'augmenter la vitesse de travail afin de permettre aux disques de tourner correctement. (© A.G.)

Nous avons pu essayer cette conception au mois d’août sur trois exploitations différentes. Pour cela, nous sommes intervenus sur des chantiers de semis de colza et de couverts végétaux en direct, mais aussi sur des sols travaillés, dans différents types de terre. Nous avons également incorporé de l’engrais dans une parcelle. Afin de réaliser nos journées de test, nous avions à disposition le modèle T-ForcePlus 650 de Novag, de 6 m de large, ainsi qu’un Fendt 942 Vario. L’ensemble ayant été livré au cours de la semaine précédant nos essais, je retrouve l’équipe Novag le lundi matin suivant : Ramzi Frikha, cofondateur de la marque, Dorian Minaud, inspecteur technique, et Clément Gilbert, propriétaire du semoir prêté pour les tests. C’est parti pour deux journées de semis sous près de 40 °C.

L'élément du semoir Novag T-ForcePlus est en mesure de semer sur des sols préparés. La vitesse et le terrage doivent alors être ajustés. (© A.G.)

Calibrage et réglages

Le semoir est attelé à la barre oscillante du tracteur. Il requiert trois distributeurs à double effet pour le dépliage et le repliage, l’inclinaison du timon et les montées et descentes des éléments. Un distributeur à simple effet est réservé à la soufflerie. Le Power Beyond offre trois connexions : la pression, le retour et le signal load sensing. En cabine, pas de boîtier, le semoir se commande en Isobus via le terminal FendtOne du tracteur.

Nous remplissons la cuve arrière de la trémie principale avec de l'engrais pour une incorporation au semis de colza. (© A.G.)

J’attaque le calibrage avec l’équipe. Le doseur adéquat étant inséré dans la distribution via une trappe latérale, nous effectuons une première pesée. Nous sélectionnons ensuite, directement dans le terminal du tracteur, la dose et la vitesse de semis. Une fois cette dernière enregistrée, nous réalisons une deuxième pesée, cette fois à vitesse de travail. Le semoir effectue alors seul la correction automatique avec le résultat du premier calibrage. La machine est maintenant prête !

À l’aise sur les sols travaillés

Le premier chantier consiste à semer un couvert végétal sur la ferme familiale, dans une parcelle préalablement préparée par le passage du déchaumeur à disques indépendants Quivogne Diskator et par un passage de rouleaux. L’objectif est d’implanter un mélange composé d’avoine, de trèfle, de vesce, de sorgho, de tournesol, de radis et de phacélie, à une profondeur contenue, soit environ 2 cm, en raison de la petite taille des graines. Clément, le propriétaire du semoir, met alors en route le Novag dans la parcelle sableuse et s'élance à une vitesse de travail de 7 km/h. La butée manuelle de la profondeur de semis, réglée sur 6 à la réglette des éléments, est convenable. Je ne retrouve que très peu de grains en surface. À l’inverse, la semence n’est pas enterrée trop profondément. Bien que le semoir soit lourd, et la terre meuble, les éléments ne s’enfoncent pas.

Dans une des parcelles de nos essais, le semis de colza à 3,5 kg/ha a été couplé à l'incorporation d'un engrais 0-15-25 à 150 kg/ha. (© A.G.)

Après avoir semé le premier champ, nous nous en allons vers une autre exploitation. Cette fois-ci, je prends le volant. Je sème alors un couvert végétal composé d’un mélange de vesce, de phacélie et de seigle, suivant une densité de 15 kg/ha. Bien que le sol limono-argileux montre une forte présence de cailloux, les disques n’éprouvent aucun mal à tourner correctement. Les éléments pianotent efficacement sur les cailloux, et je ne traîne pas de résidus. Les agriculteurs chez qui nous travaillons sont bluffés par le degré de rappui que procurent les roues de fermeture. Le sillon est correctement refermé. En temps normal, la parcelle aurait été roulée. Avec le passage du Novag, les deux associés se dispensent de réaliser cette opération.

Dans une parcelle limono-argileuse et plutôt caillouteuse, une vitesse de travail de 9 km/h permet aux disques de pianoter correctement sur les cailloux. (© A.G.)

Le sol ne bouge pas

Afin d’apprécier pleinement l’essence même de l’élément Novag, j’intègre dans nos journées d’essai un chantier de semis de couvert en direct. Sur une ferme passée à cette technique il y a plus de dix ans, nous allons semer un couvert de trèfle d’Alexandrie à 12 kg/ha derrière du blé. En ce début du mois d’août, les vallons aux sol secs mettent à l’épreuve les 420 ch du Fendt 942. Le semoir avoisinant les 13 t, les démarrages en bout de ligne font monter le régime moteur du tracteur lorsque les éléments se plantent en terre. La soufflerie, pour sa part, requiert 50 L/min de débit hydraulique. Au fil du semis, je constate que le sol est intact après le passage du semoir. Clément, au volant dans cette parcelle, roule à 6 km/h afin de limiter la perturbation du sol. Les coutres « en T » soulèvent la surface, la graine est déposée, et le sol reposé. La structure n’est ainsi pas bouleversée par le passage de l’outil. Pour semer à une profondeur suffisante, nous modifions cependant le réglage manuel de la butée du terrage. La surface s'avère ici plus dure que dans les terres semées précédemment, et la machine pénètre moins facilement le sol. À coups de tours de clé de 24, nous passons le réglage de profondeur de 6 à 7,5 sur la réglette.

Le semis direct nécessite un ajustement manuel du terrage des éléments afin d'obtenir une pénétration suffisante du sol, sans semer trop profondément. (© A.G.)

Mission accomplie ! Nous ne retrouvons que quelques grains sur le terrain, et la profondeur de semis atteint les 2 cm souhaités. Le trèfle étant semé comme prévu dans les deux parcelles, retour à la ferme pour tout le monde. Nous vidangeons le semoir grâce à la trappe dédiée sur le côté de la distribution, tout en soufflant le fond de la trémie. Demain : semis de colza et incorporation d’engrais !

Derrière du blé, un trèfle d'Alexandrie a été implanté en direct suivant une densité de semis de 12 kg/ha. (© A.G.)

L’incorporation d’engrais

Pour cette seconde journée de test, nous devons semer deux parcelles en colza. L’agriculteur prévoit, pour l'une d'elles, d’incorporer de l’engrais 0-15-25 à raison de 150 kg/ha. Le champ au sol sableux a été préparé par le passage superficiel d'une herse rotative. La trémie compartimentée du Novag T-ForcePlus 650 dispose d'une capacité totale de 5 400 L. Notre semoir d’essai suit une répartition 45 %/55 % de sa trémie principale et embarque deux trémies auxiliaires de 120 L. Nous remplissons d'engrais le plus grand compartiment de la cuve principale, et l’un des deux bacs auxiliaires avec le colza, l’autre alimentant les éclateurs et ne pouvant donc pas être utilisé. Le colza est à semer à 3,5 kg/ha. Une fois le semoir calibré, l’équipe et moi-même prenons la route pour la parcelle. Devant une terre très meuble, nous repositionnons la butée manuelle de profondeur sur 6 à la réglette. Le coutre de droite dépose alors la semence de colza, et celui de gauche l’engrais, à côté de la ligne de semis et à la même profondeur. Lorsque nous avons terminé, nous prenons la route de la dernière parcelle de l’essai. Ce champ devait à la base être implanté avec le semoir de la ferme. Le sol avait alors été préparé de manière classique : plusieurs déchaumages cumulés avec un passage de herse rotative. Pour ce semis à 2 kg/ha, je me dis que l’itinéraire technique sera l’occasion de tester la limite du disque ouvreur. La terre étant ici aussi très meuble, une vitesse de travail de 11 km/h est nécessaire pour permettre aux disques de tourner correctement. À moindre allure, ceux-ci roulent mal, créent un effet « bulldozer » et traînent terre et résidus. Nous atteignons ainsi les limites du semoir de semis direct, capable cependant de semer sur sol travaillé ! Au terme de ces deux journées d’essai, le Novag reprend la route pour d’autres essais et démonstrations. Pour ma part, la mise à l’épreuve est terminée : la machine a rempli ses missions dans toutes les conditions.

En fourrière, l'essieu reste fixe. Ce sont les éléments qui se relèvent hydrauliquement. (© A.G.)
Dans les champs en semis direct, la vitesse de travail restait contenue à environ 6 km/h afin de laisser le sol intact. (© A.G.)
Après le passage du Novag, le sol n'est pas bouleversé. Seule la surface a été soulevée afin d'y déposer la graine, avant d'être refermée grâce aux roues de rappui. (© A.G.)

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