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Essai tracteur New Holland T7.270 Methane Power CNG : plein gaz !

Un an après le T6.180 Methane Power, c’est à Agritechnica 2023 que New Holland dévoilait le T7.270 Methane Power CNG. Avec ce modèle doté de la variation continue Auto Command, le constructeur veut répondre à la demande d’utilisateurs intéressés par ce mode de carburation mais recherchant plus de puissance. Nous avons pris les commandes de ce tracteur au transport de digestat dans la plaine ardennaise.

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En arrivant sur le site de Mazagran Biogaz, une unité de méthanisation située à Leffincourt, dans les Ardennes, et regroupant quatre agriculteurs, j’aperçois dans la cour le New Holland T7.270 Methane Power CNG. Ces trois lettres signifient « compressed natural gas » (gaz naturel compressé, GNC en français). Je repère rapidement le modèle grâce au caisson frontal installé à la place du relevage avant et abritant trois bonbonnes de gaz. Je fais le tour du tracteur, et c’est bluffant ! Neuf autres bonbonnes de gaz sont logées de part et d’autre du châssis et je n’y vois presque que du feu. Elles prennent place sous la cabine, entraînant quelques différences esthétiques que repéreraient les plus aguerris par rapport à un T7 carburant au gazole non routier (GNR). En effet, les bouteilles de gaz sont accueillies aux emplacements des réservoirs de carburant, d’AdBlue et du système de dépollution. Les carters en plastique sont donc plus imposants que sur les tracteurs roulant au GNR.

Le caisson frontal abrite trois bonbonnes de gaz. Sur les tracteurs de série, il sera accroché sur le relevage avant. (© A.G.)
L'emplacement dévolu au système de dépollution sur les T7 carburant au GNR est occupé par les bonbonnes de gaz du tracteur au méthane. La batterie est également positionnée à droite. (© A.G.)

Contrairement au T6.180 Methane Power, qui dispose d’une transmission semi-powershift, notre T7 bénéficie de la variation continue maison Auto Command. Lorsque je monte à bord, je ne constate aucune différence avec un T7 traditionnel. Je prends place dans l’environnement HD et y retrouve à ma droite la console, solidaire du siège, accueillant le joystick, les commandes hydrauliques, le terminal et les boutons des fonctionnalités de base telles que la prise de force, les quatre roues motrices et les gyrophares. L’écran situé derrière le volant affiche, pour sa part, le régime et la température moteur, le nombre d’heures ou encore le sens de marche. Le niveau de carburant, lui, est évidemment remplacé par une jauge digitale de gaz. Après quelques minutes au ralenti, le moteur est chaud ! Celui-ci monte en température bien plus vite qu’un moteur diesel, à l’image d’un bloc essence sur une voiture. J’enlève le frein de parking grâce à l’inverseur à gauche du volant, mets la marche avant et pousse le joystick. Au menu : transport de digestat liquide sur les routes ardennaises avec une cuve de transfert Joskin Tetraliner de 26 m3.

La cuve Joskin Tetraliner de 26 000 L aura permis de tester les aptitudes routières du T7.270 Methane Power. (© J.M.)

Un comportement routier similaire

Lors des premiers mètres pour sortir du site, je ne perçois aucune différence par rapport aux précédents T7 que j’ai pu conduire. J’attends alors la première côte avec impatience pour apprécier le comportement de notre New Holland ! Je ne suis pas déçu : le tracteur de 270 ch sans boost gravit la RD 977 aussi bien que son homologue carburant au diesel. Malgré les 26 000 L de digestat que contient la cuve Joskin attelée à l’arrière, il file à 15 km/h à un régime moteur de 1 600-1 700 tr/min dans les parties les plus raides. Par ailleurs, le six-cylindres atteint aisément sur le plat la vitesse cible, réglée à 40 km/h, au régime économique de 1 500 tr/min. Pour s’arrêter, les freins pneumatiques de l’ensemble rendent la tâche aisée. Cependant, en tirant le joystick en arrière, comme toute transmission à variation continue, le New Holland atteint les 2 200-2 300 tr/min. En effet, la transmission Auto Command équipant l’engin est la même que celle embarquée par la gamme diesel. Ayant déjà conduit un New Holland T7.270 classique mais de génération précédente, je dirais que son successeur fonctionnant au méthane s’en sort aussi bien, du moins sur la route. Ce dernier est néanmoins plus imposant qu’un modèle standard. Son caisson frontal occulte quelque peu la vue de part et d’autre du capot, juste au-dessus du pont avant, mais cela ne me pose aucun problème pour le transport. De même, les carénages des bonbonnes de chaque côté de la cabine diminuent légèrement la visibilité vers le bas, ce qui pourrait en revanche gêner les manœuvres dans des endroits exigus.

Dans les côtes les plus raides, le tracteur évolue à 15 km/h. Sur un faux plat comme ici, il file à 40 km/h. (© J.M.)

Des changements sous le capot

Le moteur à quatre temps du T7.270 Methane Power est fourni par FPT. Si ce bloc turbocompressé affiche une cylindrée de 6,7 L comme son cousin en version diesel, il s'en distingue par les matériaux utilisés pour le joint de culasse ou les têtes de piston, par exemple. Par ailleurs, élément notable, chaque cylindre est pourvu d’une bougie d’allumage ! Eh oui, comme l’essence et l’air, le mélange méthane/air nécessite une étincelle pour s’enflammer. En matière de dépollution ensuite, ce tracteur va plaire à certains. En effet, ses émissions d’oxyde d’azote sont suffisamment faibles pour qu'il se passe d'AdBlue et de filtre à particules. De ce fait, le système de dépollution connu de tous, sous le pot d’échappement, a été remplacé par la batterie et, comme énoncé plus haut, par des bonbonnes de gaz sous de gros caches en plastique. Lorsque je lève le capot, j’aperçois en outre un filtre à air de diamètre réduit et un catalyseur bien plus petit. Ce dernier, à trois voies, remplace le catalyseur d’oxydation équipant les tracteurs diesels. Ainsi, lorsque j’entends pour la première fois le T7 Methane Power ronronner depuis l’extérieur, je remarque un son bien différent de celui des modèles traditionnels. Mon tracteur d'essai chante en effet presque autant que certains modèles de grosse cylindrée du début des années 2000 ! Enfin, du côté du tarif, New Holland annonce un surcoût de 25 % par rapport à un T7.270 diesel.

Le tracteur atteint sa vitesse cible de 44 km/h à 1 500 tr/min sur le plat, un régime supérieur à celui d'un T7 diesel Auto Command. (© J.M.)

Planifier le ravitaillement

Un aspect non négligeable, que je remarque rapidement au fil des kilomètres, concerne la consommation. Le niveau de la jauge, placée sous mes yeux, juste derrière le volant, descend plus vite que sur un tracteur diesel. Je me lance dans un petit calcul. Une consommation de 25 L/h de GNR équivaut à 23 kg/h de GNC, soit 184 kg pour huit heures de travail, ce qui représente 0,92 plein pour notre T7.270 Methane Power. Son homologue diesel, lui, consommera 200 L de GNR en huit heures, soit 0,44 plein. Aussi, lors des grosses périodes, il peut être judicieux, voire nécessaire, de recharger son T7 Methane Power en cours de journée, ce dont l'agriculteur est dispensé avec une version diesel. En plus de l’autonomie, il convient de prendre en compte la logistique de ravitaillement. En effet, les stations de GNC n’ont pas toutes les mêmes capacités. Celles dites « à remplissage rapide » seront en mesure de ravitailler le tracteur en moins de 20 minutes, largement de quoi faire le plein sur le temps du repas, le midi ou le soir. Les stations à remplissage « lent », en revanche, mettent plusieurs heures. Il convient dans ce cas de brancher son T7 pendant la nuit. Des bonbonnes mobiles existent par ailleurs pour amener le gaz au champ, sur une remorque par exemple, mais le temps de remplissage reste le même.

Le tracteur, destiné à faire de la route, est équipé de pneumatiques Michelin Roadbib. (© J.M.)

En attendant de mettre le T7.270 Methane Power à l’épreuve au champ, lors d’un essai plus poussé, je constate donc qu'au transport rien ou presque ne le distingue de son homologue carburant au diesel. Le comportement et les performances routières des deux tracteurs sont similaires. Leur différence majeure réside dans le ravitaillement, à inclure à part entière dans le planning du T7 au méthane, contrairement à la version diesel permettant de travailler plus d’une journée avec un même plein. Une tâche qui ne prend d’ailleurs que quelques minutes.

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