Tracteur à chenilles articulé Essai du John Deere 9RX 640 : le monstre s’améliore
Nous avons eu la chance de mettre le John Deere 9RX 640 à la disposition de Jérôme Ferraro, agriculteur dans le Sud-Ouest et utilisateur d’un 9RX de précédente génération. Notre agri-essayeur a pu tester le monstre de 30 t à la traction, avec un TopDown 700, dans ses terres lourdes et pentues. Il nous livre son ressenti.
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Pour cet essai si particulier, malgré mon expérience dans la conduite des chenillards, il nous a semblé justifié, à la rédaction de Matériel Agricole, de faire appel à un utilisateur de ce type d’engin au quotidien. À ce titre, John Deere a mis à notre disposition un 9RX 640, qu’il a directement livré sur l’exploitation ariégeoise de Jérôme Ferraro, propriétaire aguerri d’un 9620 RX. Ce modèle équivalent mais de précédente génération travaille majoritairement dans des terres lourdes, présentant de nombreux dévers impressionnants, à l’aide du déchaumeur à disques et dents de l’outil polyvalent de Väderstad, le TopDown 700, d’une largeur de 7 m.
Notre agri-essayeur a opté à l’époque pour un tracteur articulé à quatre chenilles triangulaires plutôt que pour un modèle à deux chenilles afin d’éviter le phénomène de « ripage » observé en dévers et dans les demi-tours. Proche de la marque au cerf et surtout de son concessionnaire local Dupuy, il a donc préféré le John Deere à son concurrent, le Case IH Quadtrac. « En moyenne, je réalise près de 600 heures au volant de mon 9RX, surtout avec le TopDown », raconte Jérôme. C’est donc lui qui conduira notre tracteur d’essai et nous livrera ses impressions, mettant l’accent sur les différences entre les deux générations qui ont un impact sur son quotidien.
Des changements d’ordre pratique
À mon arrivée chez Jérôme, nous décidons d’abord de faire le tour des deux tracteurs, l’ancienne et la nouvelle version, pour pointer du doigt les différences, à commencer par le compartiment moteur. La première remarque ne se fait pas attendre. L’agriculteur note une différence nette à l’ouverture des énormes capots monoblocs. Si celui du 9620 RX se soulève péniblement, à la seule force des bras, l’ouverture sur le 9RX 640 est assistée par deux ressorts, et la manipulation facilitée par une poignée. « Une personne dans l’incapacité de forcer – pour des raisons de santé, par exemple – ne pouvait tout simplement pas ouvrir le capot. Aujourd’hui, ce problème est corrigé », signale-t-il.
Sur l’avant du tracteur, le constructeur a changé la position des phares pour éviter qu’ils ne heurtent les cannes de tournesol ou de maïs. « Les phares sur le côté du tracteur avaient tendance à se remplir d’eau, ils sont désormais plus hauts. Leur design aussi a été revu », me fait-il remarquer.
Pour ce qui est de l’entretien quotidien, le 9RX est un tracteur assez simple à surveiller, avec des jauges directement visibles ou accessibles facilement. Le filtre à air positionné juste à côté de la cabine offre d’ailleurs un accès aisé. Avant de monter à bord, l’agriculteur, qui a déjà utilisé le tracteur la veille, m’explique que l’arrivée d’un bouton pour activer l’éclairage du marchepied s’avère bien pratique. « Le soir, les Led restent allumées sur mon tracteur d’ancienne génération. Mais le matin, lorsque je commence avant le lever du jour, je ne vois pas les premières marches si je n’ai pas de lampe torche. D’ailleurs, en parlant de l’éclairage, les nouveaux phares à LED du 9RX 640 offrent une très bonne visibilité de nuit », témoigne Jérôme.
En cabine, un siège plus confortable
L’accès au poste de pilotage s’effectue par un marchepied, certes moins pratique que celui d’un tracteur à double chenille, mais tout de même bien en escalier. Dans la cabine à quatre montants suspendue, le chauffeur découvre l’environnement typique des John Deere, avec l’accoudoir CommandArm centralisant la totalité des commandes. À son bout, notre modèle est encore équipé du terminal CommandCenter 4 qui facilite le paramétrage du tracteur. Celui-ci est désormais remplaçé en 2025 par la console G5 Plus d'avantage puissante et rapide.
À bord, Jérôme remarque tout d’abord le repositionnement des éléments de dépollution. « Le filtre à particules et le pot d’échappement gênent la visibilité sur le modèle précédent, fait-il remarquer. Sur le 9RX 640, ils sont bien intégrés dans l’angle mort du montant. De plus, ces éléments avaient tendance à transférer de la chaleur vers la cabine, ce qui est désagréable en été et force, alors que ce n’est pas forcément nécessaire, à allumer la climatisation. Ce n’est plus le cas avec ce pot. » L’agriculteur souligne ensuite le grand confort du siège en cuir Ultimate. « J’apprécie également que son angle de pivotement soit plus important que sur mon tracteur (25° à gauche et 40° à droite). Cela améliore le confort lors de la surveillance de l’outil. Sans compter qu’un repose-pied supplémentaire, sous la console de droite, permet même de travailler toute la journée sur le côté. Je remarque cette fois la présence d’une prise 220 V, en plus de l’allume-cigare et de l’USB. Pour le reste, l’esprit et les commandes des autres tracteurs de la marque sont conservés », confie-t-il avant de démarrer. Notons également l’arrivée d’une radio Bluetooth avec son propre écran tactile, fonctionnant avec les systèmes Android Auto et Apple CarPlay. De quoi ravir les passionnés d’écran.
Un moteur plus nerveux et moins bruyant
Après avoir bien fait le jeu des sept différences, il est temps de mettre ce 9RX 640 à l’épreuve de la traction. À cette fin, nous lui attelons le TopDown réglé pour le mettre à la peine, et direction une parcelle en dévers. Après plusieurs jours d’utilisation, le constat de Jérôme est sans appel : le nouveau moteur à six cylindres John Deere JD14X est bien plus nerveux que le Cummins de 15,6 L qu’il vient remplacer, et ce, malgré sa cylindrée moins importante, de 13,6 L. « Là où mon 9620 RX peine à se lancer dans certaines montées ou dans les ronds de terre plus compacts, le 9RX 640 se montre franchement à l’aise et a du répondant quand il le faut. Le couple est disponible dès le plus bas régime. De plus, je note une réelle réduction du bruit émis par le moteur, de même qu’un vrai gain en confort. En revanche, pour ce qui est de la transmission, j’apprécie moins la gestion de la full-powershift e18. Pourtant, j’ai la même sur mon tracteur. Peut-être une question d’étalonnage ? Du côté du pilotage, je ne suis pas dépaysé : l’accoudoir et le terminal tactile sont les mêmes que sur le reste de mes tracteurs John Deere. J’ai donc pu prendre en main la bête en quelques secondes », conclut-il. Si l’utilisation de ce nouveau moteur maison pouvait inquiéter certains – la faute, en particulier, à la diminution de la cylindrée… –, cet essai aura donc surtout permis de valider sa performance auprès d’un utilisateur. Globalement, notre agri-essayeur se satisfait de détails qui améliorent son expérience de chauffeur.
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