À première vue, de face, rien ne semble différencier le New Holland T8 Genesis de son prédécesseur, le T8 Stage IV. Pourtant, le constructeur ne s’est pas contenté d’appliquer la norme antipollution Stage V, désormais en vigueur. Il suffit, pour s’en convaincre, de porter une attention particulière à la cabine. Jusqu’alors dotée de cinq montants, celle-ci n’en compte désormais plus que quatre. Elle adopte pour cela une grande porte côté gauche, offrant non seulement un plus large accès au poste de conduite, mais surtout une visibilité complètement dégagée sur la gauche. Un autre détail interpelle rapidement l’œil : la mention « Genesis » sur le capot. Cette désignation fait référence aux tracteurs fabriqués au cours des années 1990 par Versatile, au Canada, sous cette même dénomination. Ceux-ci étaient commercialisés par Fiatagri dans la série G et par Ford New Holland sous la numérotation 8070. Après la fusion de ces deux marques, ils sont devenus les New Holland G. En tout cas, qu'ils aient succombé à la mode du néo-rétro en réutilisant un ancien nom ou souhaité écrire la genèse (genesis en anglais) du tracteur de demain, les ingénieurs de la marque ont œuvré à faire entrer cette nouvelle génération de T8 dans l’ère du numérique. En cabine, les écrans monochromes fixés dans le montant avant droit ont disparu au profit d’un tableau de bord IntelliView, placé derrière le volant. Son interface LCD colorée s’avère bien plus conviviale. La colonne de direction connaît elle aussi une mise à niveau, avec un réglage séparé de sa profondeur et de son inclinaison. Il suffit désormais au conducteur d’appuyer sur une pédale centrale pour repousser le volant vers le haut et ainsi faciliter ses entrées et sorties de la cabine.

L’accoudoir SideWinder, pièce maîtresse
Le plus grand changement dans la cabine concerne la console latérale. C’est bien simple, elle a tout bonnement disparu, laissant place au nouvel accoudoir SideWinder regroupant l’ensemble des commandes. En partant de l’arrière, nous retrouvons un premier pavé réunissant quatre boutons programmables, sur lesquels il est possible d’affecter les fonctions de notre choix, depuis le terminal. Un deuxième ensemble de touches permet de contrôler les relevages. Ces boutons sont communs à l’avant et à l’arrière. L'un d’entre eux est dédié à la sélection du relevage et comporte deux voyants afin de renseigner sur l'activation choisie. Les commandes de chauffage, de ventilation et du système audio prennent place à l’extrémité de l’accoudoir, vers l’extérieur. Juste au bout de la zone destinée à poser l’avant-bras, cinq fingertips se logent dans un creux afin de faciliter leur utilisation du bout des doigts. Ils actionnent les distributeurs qui leur sont affectés depuis le terminal. Devant eux, un pavé de 15 touches gère l’engagement de pont avant, le blocage de différentiel et l’éclairage. Il comporte aussi des raccourcis permettant d’accéder rapidement aux réglages du moteur, de la transmission, de l’hydraulique et des relevages, dans le terminal, ainsi que deux touches paramétrables.

Le joystick plus clair
À côté se trouvent les commandes des prises de force. Notre tracteur n’en étant pas équipé à l’avant, un seul bouton d’engagement a été installé. À gauche, l’accélérateur manuel est accompagné de deux mémorisations de régime moteur, ainsi que du réglage d’agressivité de la transmission. Cette dernière se gère depuis le joystick CommandGrip. Celui-ci permet de moduler la vitesse de progression du tracteur. Il comporte notamment une commande d’inverseur, ainsi que les boutons lièvre et tortue affectés, sur cette version Auto Command, au changement de plage de vitesse. New Holland annonce avoir retravaillé l’implantation et l’identification de ces commandes afin de les rendre plus lisibles et plus simples d’utilisation. D’autres touches programmables, portant leur nombre total à huit, complètent la face de ce joystick. L’optionnel levier en croix s’affaire pour sa part au contrôle des distributeurs. À l’avant de l’accoudoir se tient le nouveau terminal IntelliView 12. Sa dalle tactile de 12” propose une lecture claire des différents paramètres du tracteur. Elle intègre la technologie PLM Intelligence, développée par CNH. Son interface se rapproche de l’expérience offerte par Android.

Un jeu d’enfant
La prise en main du terminal IntelliView 12 s’avère rapide et intuitive. L’ensemble des systèmes sont connectés entre eux et offrent un accès à distance grâce à une e-carte SIM compatible 5G. Ceci permet d’effectuer des télédiagnostics et de proposer au conducteur des conseils en continu pendant l’utilisation du T8 Genesis. Le concessionnaire peut également visualiser en direct le terminal afin d’optimiser des réglages ou de déceler une panne. Après cette présentation, il est temps de tester ce tracteur. Malheureusement, le modèle présenté en juillet 2020 n’avait pas encore reçu toutes les mises à jour (toutes les fonctions étant désormais opérationnelles). Il n’était notamment pas possible de le faire communiquer avec un outil Isobus, ni d’activer sa surpuissance EPM lors du passage au banc d’essai. Nous avons toutefois mesuré les performances de ce T8.380 Genesis sans boost (voir les mesures à la fin de cet essai). Nous attelons ensuite un déchaumeur à disques et dents Kuhn Performer 4000, de 4 m de large. Nous travaillons dans une parcelle de céréales fraîchement récoltées, mise à notre disposition à Pamproux, dans les Deux-Sèvres. Le New Holland n’éprouve aucune difficulté à réaliser ce déchaumage.

La suspension à toute épreuve
Alors que nous travaillons en travers de la parcelle, la suspension de pont avant, jumelée à la suspension de cabine en deux points, absorbe les irrégularités. New Holland propose aussi en option une suspension de cabine électro-hydraulique. Nous accélérons alors la cadence, et le tracteur ne bronche pas, demeurant parfaitement stable. Le niveau sonore en cabine s’avère tout à fait correct, même si, à l’extérieur, le sifflement caractéristique de la variation continue Auto Command se laisse entendre. Le paramétrage du GPS s'effectue facilement, tout comme l’enregistrement des séquences de bout de champ. La direction à démultiplication variable, ajustable dans le terminal, simplifie les manœuvres. Après ce galop d’essai, nous décrochons le déchaumeur et prenons la route pour aller peser le tracteur sur le pont-bascule d’une coopérative située à quelques kilomètres de la ferme. Ce trajet est l’occasion d’apprécier le confort sur route offert par le New Holland. Là encore, la suspension du tracteur filtre agréablement les secousses. Malgré l’absence de charge remorquée, le frein moteur démontre toute son efficacité dans les descentes. Afin d’optimiser son fonctionnement, il est possible de verrouiller le rapport de transmission par un appui long sur le bouton de marche avant du joystick. Finalement, ce tracteur offre un très bon niveau de confort, doublé d’une dotation technologique des plus moderne. Son poste de conduite se révèle agréable et simple à prendre en main.
