Alors que la série T5 (qui culmine à 271 ch) et la S4 (qui démarre à 275 ch) se suivaient parfaitement, Valtra crée la surprise en juin 2022 en levant le voile sur la gamme Q5, positionnée à cheval entre celles-là. Les cinq nouveaux tracteurs qui la composent, du Q225 au Q305, s’échelonnent par paliers de 20 ch, de 230 à 305 ch. Le modèle le plus puissant a fait l’objet de notre essai à Verneiges, dans la Creuse, à la fin du mois d'août. Au programme : travail du sol avec des outils à disques et à dents, et transport de fumier. Nous commençons par atteler un fissurateur à dents porté Actisol de 5 m. La parcelle dans laquelle nous intervenons a été moissonnée au début de l’été, et les adventices, principalement des chardons, s’y sont implantées. Nous travaillons à 7 km/h. Le Valtra n’éprouve pas trop de difficulté à tirer cet outil. Son moteur se cale aux environs de 1 400 tr/min, soit au cœur de sa plage de couple constant, située entre 1 100 et 1 600 tr/min. Nous profitons de ce chantier pour prendre en main le système de guidage, qui se pilote depuis le second écran, disposé au-dessus de la console, à droite. Rien de compliqué de ce côté. Après avoir créé une nouvelle parcelle et une tâche, puis renseigné les dimensions de l’outil, nous pouvons commencer en plaçant simplement le point « A » au départ et le point « B », afin de définir une ligne de référence à laquelle tous les passages suivants seront parallèles.

Des écrans indépendants
Curieux de voir si l'affichage du guidage s'avérera plus pratique sur l’écran du SmartTouch, en bout d’accoudoir, je décide de transférer cette fonctionnalité d’un terminal à l’autre. Le système redémarre alors, en prenant en compte les nouveaux réglages. Et là, surprise ! Les données enregistrées (parcelles, tâches, outils, lignes) n’ont pas suivi. Je me vois alors contraint de recommencer les manipulations et de repositionner les points A et B. Je pensais que les écrans communiquaient ensemble. En réalité, j’aurais pu transférer ces données en utilisant une clé USB. Excepté ce contretemps, je dois dire que le Valtra Q305 se montre confortable. Sa suspension de pont avant pneumatique Aires+ filtre bien les secousses. La suspension de cabine, elle aussi pneumatique, communique avec celle du pont avant afin d’anticiper les mouvements et d’adapter sa rigidité en continu. Ceci se traduit par une souplesse convaincante, même pour le passager, dont le siège ne profite pas de l’amortissement, contrairement à celui du conducteur. Sans être la plus silencieuse du marché, la cabine filtre plutôt bien les bruits. Certains la trouveront austère avec ses plastiques gris foncé, presque noirs, mais cet habitacle qui semble paré pour affronter les pires conditions n’est pas pour me déplaire. Bien que nous n’ayons pas travaillé de nuit pour le tester, notons que le Q305 reçoit de nouveaux feux à LED tout autour de sa cabine.

Bien chaussé pour tracter
Revenons-en à notre essai. En plus du Valtra, nous avions à disposition un Fendt 826 Vario prêté par le concessionnaire local PCE. Ceci nous a donné l’idée de comparer la consommation de carburant entre les deux protagonistes (voir tableau). Après avoir couvert environ la moitié de la surface de la parcelle avec l’outil Actisol, nous attelons un déchaumeur à disques traîné Techmagri de 6 m. Là, les tracteurs semblent moins peiner. Nous fixons la vitesse de travail à 12,5 km/h. La transmission à variation continue du Valtra exploite bien les capacités de son moteur de 7,4 L. Pour assurer une bonne adhérence, nous avons réglé la pression des pneumatiques à 0,8 bar à l’avant et à 0,7 bar à l’arrière. Le Valtra reçoit quatre pneus Michelin AxioBib de dimensions 600/70 R30 devant et 650/85 R38 derrière. Cette dernière monte n’est pas commune mais autorise un affaissement important des flancs afin d’élargir l’empreinte au sol. Ce tracteur est d’ailleurs conçu pour chausser des pneumatiques de 2,05 m de diamètre à l’arrière.

Aussi confortable sur route
Une fois les travaux dans la parcelle terminés, nous testons le tracteur au transport. Pour cela, nous regonflons ses pneumatiques puis attelons une benne Thievin à deux essieux de 21 t que nous chargeons de fumier. Nous nous élançons pour un parcours de 4 km jusqu’à la parcelle dans laquelle nous devons décharger. Sur la route, le Q305 s’avère stable et distille un sentiment de sécurité. Là encore, le confort est au rendez-vous. La prise d’air à gauche et le pot d’échappement à droite, profilés et disposés dans l’alignement des montants du pare-brise, n’obstruent pas le champ de vision. Les rétroviseurs, dont les supports télescopiques se commandent depuis le siège, permettent de toujours garder un œil sur les roues de la remorque. Dans les descentes, il suffit de tirer sur le joystick pour faire monter le moteur dans les tours et obtenir un plus grand effort de ralentissement. Le Valtra retient bien la charge puis, lorsque la montée suivante se présente, profite de son élan pour hisser le convoi sans perdre trop de vitesse. Cette fois encore, nous avons réalisé le même trajet à plein et à vide avec le Fendt 826 Vario afin de mesurer les consommations des deux tracteurs.

La personnalisation le démarque
Je garde une bonne impression de ces quelques jours passés au volant du Q305. Vous savez peut-être que je suis partisan des moteurs de forte cylindrée tournant tranquillement, plutôt que des petits blocs suralimentés, et que je préfère le couple à la puissance. Le Valtra ne m’a donc pas déçu sur ce point. Son couple maximal disponible dès 1 100 tr/min m’a donné le sourire du début à la fin de ce test. Sans être extrêmement spacieuse, ni particulièrement chaleureuse, la cabine, où tout vous tombe sous la main, s'avère bien pensée. Retourner le siège pour passer en poste inversé ne demande que quelques secondes, sans qu'aucune autre action ne soit requise. Il suffit de s’installer, de translater le volant face à soi et d’engager l’inverseur pour commencer à travailler. Selon moi, c’est dans ces détails que Valtra tire son épingle du jeu, se montrant capable de proposer ce que ses concurrents ne savent pas faire. À l’heure du tout standardisé, le constructeur finlandais pousse la personnalisation toujours plus loin. Il faut dire que ceci fait partie de ses gènes, à l'instar du choix de la couleur qui l'a toujours démarqué sur le marché du tracteur agricole. Aujourd’hui, le Studio Unlimited, l’atelier de personnalisation du constructeur, fête ses dix ans. Il saura faire briller les qualités de la série Q5 dans une multitude d’applications, non seulement dans le domaine agricole, mais aussi dans l’exploitation forestière, l’entretien de la voirie, la construction et dans bien d’autres secteurs.

