Essai tracteur standard  Kubota M7-174 : tenue de soirée

Une belle parcelle, une météo parfaite, toutes les commandes sous la main, je presserais pendant des jours !
Une belle parcelle, une météo parfaite, toutes les commandes sous la main, je presserais pendant des jours ! (©A.G.)
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Le Kubota M7-174 trône tout en haut de la gamme du constructeur japonais. Nous avons testé ce modèle en conditions réelles cet été, dans une exploitation haut-saônoise. Au programme : travail du sol, transport, pressage et épandage.

Le déchaumeur à dents pèse si lourd que nous avons dû dégoter une masse de 1 t pour équilibrer le tracteur. (© A.G.)

Fin 2024, Kubota conviait la presse spécialisée au sein du parc d’attractions PortAventura, en Espagne, pour fêter ses 50 ans de présence sur le marché européen. À cette occasion, le constructeur levait le voile sur une série limitée à 50 exemplaires de son M7-174, pour l’occasion drapé dans un covering noir et orange, et sublimé par la signature du champion de Formule 1 Jean Alesi. Pendant l’été, nous avons eu la chance de prendre en main ce même tracteur dans des conditions bien plus terre à terre, au sein d’une exploitation agricole de Haute-Saône. Si son smoking noir mat lui sied à merveille, cette parure cache un tracteur plutôt bien équipé pour son segment de puissance. En effet, il renferme un moteur maison de 6,1 L de cylindrée. Pas surdimensionné, me direz-vous. Ce serait effectivement une valeur habituelle pour un bloc à six cylindres. Mais le Kubota n’en compte que quatre. Résultat : un moteur compact et nerveux gonflé aux hormones, puisqu’il délivre jusqu’à 711 Nm de couple. La transmission à variation continue KVT s’avère, quant à elle, moins exotique, puisque issue du spécialiste ZF, tout comme les deux ponts et le relevage arrière. Je vous laisse découvrir plus en détail les caractéristiques techniques en seconde partie de cet essai, mais, pour l’instant, je m’installe au volant, pressé de voir ce que la bête a dans le ventre. Premier atelier : épandage de fumier.

Exclusivité de ce modèle collector : la signature de Jean Alesi en personne ! (© F.P.)

Cap sur les lignes

L’épandeur Brochard de la ferme semble presque petit derrière le Kubota. Bien entendu, ce n’est pas cet atelier qui mettra en difficulté le tracteur. En revanche, il me permet de me familiariser avec le système de guidage proposé de série. Création de la parcelle, de l’outil, de la tâche, et c’est parti ! J’enregistre une ligne de référence avec les points A et B, puis l’écran me propose les lignes suivantes. Je n’ai qu’à me présenter à proximité, à enclencher le guidage depuis l’écran, et le M7-174 suit seul la trajectoire. L’épandeur nécessitant peu de puissance, je sélectionne le régime de prise de force de 540 tr/min Eco à l’aide des deux leviers mécaniques. Bon point pour Kubota : les quatre régimes (540, 540 Eco, 1 000 et 1 000 Eco) disponibles de série. Il ne me reste qu’à engager la prise de force, rappeler le régime moteur mémorisé à l’aide d’un des deux boutons dédiés et à activer le « cruise » (le régulateur de vitesse, en français). Tout se fait presque tout seul.

L’épandage de fumier n’était qu’une mise en jambe pour le Kubota. (© A.G.)

Bon, vu la taille de l’épandeur, à peine ai-je fait un passage que je dois déjà retourner au tas pour recharger. Le chemin quelque peu cahoteux me donne l’occasion d’apprécier la suspension pneumatique de la cabine, combinée à l’amortissement hydropneumatique du pont avant. Les amuse-bouche étant avalés, place au plat de résistance : le déchaumage. Kubota a mis à notre disposition, en plus du tracteur, un déchaumeur porté à trois rangées de dents de 4 m d’envergure. L’outil aux couleurs de la marque est si lourd que la masse avant de 750 kg ne suffit pas à équilibrer le tracteur. Nous optons donc pour une masse de 1 t. Une fois l’outil réglé et le guidage paramétré, le Kubota peut montrer son potentiel. Bien qu’il ne parvienne pas toujours à atteindre la vitesse demandée de 8 km/h, il ne se laisse pas mourir pour autant.

Le M7-174 ne passe pas inaperçu avec son covering noir célébrant les 50 ans de Kubota en Europe. (© A.G.)

Une gestion de transmission efficace

Lorsque le moteur descend dans les tours, sa réserve de couple lui permet d’encaisser le pic de charge pendant que la transmission accroît son rapport de démultiplication. Le tracteur reprend alors du régime et continue de tirer sans se mettre toutefois à hurler. De prime abord, le moteur semble constamment se réguler et donne l’impression de jouer au yo-yo entre les bas et les hauts régimes. Pourtant, en gardant un œil sur le tableau de bord, la vitesse ne varie pas beaucoup. La transmission se montre très réactive face aux variations de l’effort de traction. Je pense que le Kubota n’a pas à rougir face à ses concurrents sur ce point. En revanche, je lui reprocherais l’insonorisation perfectible de sa cabine. En temps normal, tout va bien, il n'est ni plus ni moins bruyant que la majorité des tracteurs. Mais quand le moteur s’approche de son effort maximal, il transmet à la cabine son rugissement, qui devient fatigant au bout d’un moment. Je ne veux pas enfoncer le clou sur ce point précis, parce que ce n’est pas excessif.

Transport jusqu’à la coopérative et livraison. Les trajets furent une formalité pour le Kubota. (© F.P.)

D’un autre côté, je dirais que c’est le seul inconvénient de ce tracteur. Sous tous les autres aspects, il brille par sa capacité à faire le job. C’est d’ailleurs sur la route que je poursuis l’essai : dans un premier temps avec un plateau Ponge de 12 m chargé de balles de paille, puis au crochet d’une benne Brimont à deux essieux remplie d’avoine. Les trajets se déroulent sans accroc. La transmission se montre souple. Le passage entre les quatre gammes mécaniques ne se fait pas ressentir. Le tracteur se conduit aussi bien avec la pédale qu’en mode levier. Le passage de l’un à l’autre s'effectue sans avoir à appuyer sur un bouton dédié.

Le Kubota prend la pose avant de prendre la route avec son plateau de paille. Il en faudra plus pour l’impressionner ! (© F.P.)

L’Amérique !

En guise de dessert pour cet essai complet, je passe au pressage. J’attelle la presse à balles rondes John Deere 592 de la ferme et me dirige vers une parcelle fanée et andainée. Là encore, le Kubota ne manque pas de puissance, donc je sélectionne à nouveau le régime de prise de force économique. J’affecte les deux roulettes du joystick aux distributeurs hydrauliques : la première pour le pick-up, la seconde pour la porte de la presse. La transmission à variation continue s’avère particulièrement utile lors de cet atelier. Il me suffit de moduler l’allure au pied en fonction de la quantité de foin à ramasser et du remplissage de la chambre. Aucun risque de bourrage ! Dans les passages les plus longs, je m’offre même le luxe d’activer le « cruise » à 7 km/h. Pieds croisés, siège pivoté vers la droite, c’est l’Amérique ! Je pourrais presser pendant des journées entières. Malheureusement, la taille de la parcelle me ramène vite à la réalité. Cette semaine d’essai s’achève déjà. Je n’ai pas vu le temps passer au volant du M7-174, signe qu’il est confortable, facile à utiliser, et qu’il sait se montrer efficace, quelle que soit la tâche à laquelle il s’affaire. Tout cela élégamment paré de son smoking noir. Ce Kubota a décidément tout pour plaire !

La météo étant clémente pendant notre semaine d’essai, nous nous sommes invités à la moisson au crochet d’une benne Brimont à deux essieux. (© F.P.)

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