Les aficionados de la marque allemande se sont sûrement posé la question : quels modèles peut bien proposer Fendt entre son 728 Vario Gen 7 et son 930 Vario Gen 7 ? Eh bien, voilà ! À mi-chemin entre les deux gammes, les 800 Vario Gen 5 possèdent tout simplement l’avant des 700 Vario Gen 7 et la cabine des 900 Vario Gen 7. La série 800 Vario, dotée d’un moteur Agco Power de 8 L de cylindrée, vient ainsi compléter le catalogue. Les 826, 829 et 832 Vario développent respectivement 260, 290 et 320 ch de puissance maximale. Romain Lucas, chef de produit tracteur chez Fendt France, nous a proposé à l’essai un 829 avec, cerise sur le gâteau, un jumelage intégral fourni par Ermas et Trelleborg. L’essai étant programmé sur la ferme familiale, dans la Haute-Saône, je me dis que cet équipement sera parfait pour greffer le tracteur à des chantiers de travail du sol en vue des semis de blé. Nous avons ainsi sollicité Horsch, Grégoire Besson et Maschio Gaspardo pour la mise à disposition de matériels, ou encore Thievin pour une remorque. Le montage du jumelage réalisé par nos soins fera d’ailleurs l'objet d'un sujet à part entière dans un prochain numéro. La première journée commence plutôt en douceur avec deux parcelles à déchaumer derrière un maïs grain fraîchement récolté, et ce, à l’aide d’un outil à disques Grégoire Besson Occitan T60 de 5,2 m. Je connecte les flexibles ainsi que le freinage simple ligne hydraulique. J’effectue ensuite mes attributions via le terminal en cabine afin de disposer de l’essieu et du terrage sur les distributeurs du joystick du tracteur, tombant, soit dit au passage, parfaitement sous le pouce. Me voilà parti !
La puissance est là
Ayant déjà déchaumé quelques hectares avec mon tracteur de 200 ch, je me dis que les 44 disques de 620 mm de l’Occitan ne feront pas peur à notre Fendt fraîchement sorti d’usine. Cependant, pour une meilleure incorporation des résidus, j’augmente le terrage ainsi que la vitesse de travail. Je dégonfle également les pneus à 0,9 bar directement via le terminal, le tracteur étant équipé en standard du système de télégonflage Fendt VarioGrip. Le 829 s’en sort haut la main. Profondeur de travail : 15 cm ; vitesse de travail : 11 km/h ; régime moteur : 1 300 tr/min à peine ! Dans certaines côtes, le six-cylindres monte à 1 500 tr/min, le 829 Vario plafonnant alors à 10 km/h. Une fois rentré à la ferme, j’accroche cette fois-ci un outil plus tirant : un Horsch Terrano 5.3 GX afin de réaliser un second passage dans cette même parcelle de 16 ha. Le rodage du Fendt affichant 15 heures au compteur débute ! Je règle le Terrano à une profondeur de travail de 20 cm. À nouveau dégonflés à 0,9 bar, les pneus grattent un peu lorsque l’outil se plante en bout de champ. Le moteur monte alors dans les tours, et le tracteur part. Avec sa masse frontale de 1 800 kg et ses 600 kg dans chaque roue, le 829 adopte un régime de croisière de 1 500 tr/min pour 10 km/h. En cabine, je sens le tirage engendré par l’outil, mais force est de constater que le tracteur s’en sort plutôt bien. Les parcelles étant maintenant prêtes à être semées, je rentre à la ferme. Demain, nous montons le jumelage !
Le jumelage fait la différence
Après un petit après-midi de montage à trois personnes, le jumelage intégral est installé. Nous remercions d’ailleurs Antoine Philips, formateur et démonstrateur chez Fendt France, pour le coup de main. Une fois jumelé, le tracteur mesure 4,6 m de large ! Il faut dire que l’arrière embarque quatre pneus d’une largeur de 710 mm chacun ! J’ajuste la pression à 900 g dans les huit roues pour bénéficier au maximum de l’adhérence de la bête. Mon collègue m’escorte avec le 4x4 de la ferme, et nous prenons la route avec le Terrano. J’ai l’habitude de rouler avec des tracteurs jumelés de 4 m de large, mais là, 4,6 m, ça change tout !
Après un trajet très précautionneux, nous arrivons à la parcelle. Cette fois-ci, je dois déchaumer une parcelle au sol argileux et compacté. Derrière du maïs grain, mon cousin me demande de terrer le déchaumeur autant que le tracteur le permet, dans le but de desserrer le sol. J’arrive à descendre l’outil à 20 cm. Le tracteur s’en sort plus difficilement que dans les parcelles limoneuses, mais le jumelage lui procure une bien meilleure adhérence. Il faut dire que, la veille, j’avais déchaumé quelques hectares en terre rouge, très argileuse et très lourde, et l’adhérence du tracteur avait été mise à mal. Je programme une vitesse cible de 7 km/h via le terminal. Je bascule le levier sur la droite à chaque début de ligne, et le 829 Vario fait tout pour atteindre les 7 km/h. Il oscille entre 6 et 7 km/h pour un régime variant entre 1 500 et 1 600 tr/min. Cela est rendu possible par le concept de bas régime Fendt iD, proposant un moteur lent et coupleux, pour une consommation réduite. Au vu du sol compacté et de la traction engendrée par l’outil de 4,9 m de largeur de travail, je m’estime heureux d’être équipé du jumelage. Autre aspect procuré par les huit roues, le tassement du sol est moindre. Lorsque le tracteur est attelé à la herse rotative, afin de préparer un lit de semence pour le blé, je vois bien qu’il marque peu.
Comme en plein jour
En cette mi-octobre où les jours raccourcissent de plus en plus, j’effectue toutes mes fins de journée de nuit. J’apprécie alors l’élément dont tout le monde parle au sujet de ces tracteurs Fendt 800 Vario : l’éclairage. J’allume l’intégralité des feux du tracteur et de la casquette de toit retravaillée, et règle l’intensité d’éclairage sur 5. Rien que le toit du Fendt accueille à lui seul 12 phares de travail ! Lorsqu'il s’approche au pied du tracteur, mon collègue se cache les yeux face à l’intensité lumineuse. Je reste bluffé par la vue lointaine que procurent ces feux. Pour l’anecdote, je vois beaucoup plus de gibier que d’habitude traverser la parcelle ! Le déchaumage terminé, je profite de la nuit, mais surtout du confort que m’apportent les feux de travail, pour atteler… D’ailleurs, un autre éclairage au bas des ailes se veut utile et sécurisant pour accrocher les outils dans la pénombre. Un chantier se prolonge dans la nuit : la préparation d’un lit de semence avec une herse rotative Maschio Gaspardo Aquila 6000 Rapido. Une fois au champ avec la machine de 6 m de large, le tracteur évolue à 5 km/h au régime moteur d’environ 1 450 tr/min pour 1 000 tr/min à la prise de force, alors programmée en « 1 000 Eco ». Mon chantier avec la herse rotative se poursuit alors de nuit, mais je vois comme en plein jour. Le lendemain, nous démontons le jumelage afin d’apprécier les capacités de roulage de ce bébé au transport. Programme de la fin de semaine : moisson du soja et du maïs.
À l’aise sur la route
Le jumelage étant démonté, je dételle également la masse frontale. J’attelle ensuite la benne Thievin Cortal de 24 t derrière le Fendt. Je branche la prise de force, les flexibles et le freinage pneumatique. Le premier chantier routier consiste en la livraison de bennes de soja lors des moissons. Le Fendt ne peine pas à traîner les 20 t de graines qu'elles contiennent. Avec sa transmission VarioDrive basée sur celle des 900 Gen 7, aucun changement de gamme n'est nécessaire entre le champ et la route. Bien que la caisse de la Thievin mesure 8,5 m de long, le 829 me permet tout de même de manœuvrer aisément dans le silo plutôt exigu.
Les 15 ha de soja étant moissonnés, je file à la moisson des maïs avec mon ensemble. Cette fois-ci, 44 km sont à parcourir pour réaliser les allers-retours entre les parcelles et le silo. Quelques petites côtes font descendre la vitesse de notre Fendt à 30 km/h. Sur le plat, le tracteur tire aisément les 20 t de maïs contenues dans la benne à 40 km/h au régime de 1 300 tr/min. Lors des arrêts aux intersections, le frein moteur fait grimper le régime à près de 2 000 tr/min. Je m’aide par ailleurs de la pédale de frein pour m’arrêter.
Des équipements à souhait
Au fil des chantiers, j’apprécie la cabine héritée du 900 Vario Gen 7 et les nombreuses options embarquées par le tracteur. Les journées étant longues, la glacière généreuse placée à droite dans la cabine sait se faire apprécier pour emmener eau et nourriture. Lorsque le guidage est lancé, j’utilise également cette glacière en guise de cale-pieds, mon siège étant pivoté vers la droite. Notons que de vrais cale-pieds sont prévus à l’avenir. Lumière tamisée et en chaussettes dans la cabine, je me sens un peu comme à la maison ! Dans les grandes longueurs, la caméra arrière me permet de jeter un œil à l’outil sans me retourner. La vue conférée n’est cependant pas suffisamment précise, et je me retourne régulièrement afin de surveiller d’éventuels débuts de bourrage, notamment dans les maïs grains. Lors des tours de champ, je rentre les rétroviseurs électriques depuis le terminal afin d’éviter les branches. Une option que j’apprécie particulièrement sur notre 829 Vario, c’est le frein de parking automatique. Dès lors que je quitte le siège, celui-ci s’active automatiquement. À mon retour, et dès le sens de marche sélectionné, il se déconnecte instinctivement, c’est très appréciable. Ne plus avoir à manipuler la manette sur la gauche du tableau de bord est un vrai luxe. Outre les équipements en cabine, à l’extérieur du tracteur, le mouflage via plusieurs poulies retenant le troisième point hydraulique lors de l'attelage d’outil préserve quelque peu mes épaules au vu du poids du vérin. Ce sont autant de fonctionnalités qui auront rendu cette intense semaine d’essais moins fatigante. Les semis et les moissons sont maintenant terminés, et notre Fendt 829 Vario aura apporté sa pierre à l’édifice en effectuant haut la main les tâches demandées. Force est de constater qu’à bord de ce vaisseau amiral la fatigue de la semaine est moindre qu’avec mes tracteurs. Au final, le 800 Vario apporte son galop de nouveautés qui seront sûrement déclinées sur les autres séries au cours des prochaines années.
        
  
            
            
            
            
            
            