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Épandage sans tonne  SARL Bio-Aisnergies : un réseau enterré pour valoriser le digestat et simplifier l’épandage

Simon et Arthur Lequeux épandent leur digestat sans tonnes.
Simon et Arthur Lequeux épandent leur digestat sans tonnes. (©C.R.)
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Simon et Arthur Lequeux sont agriculteurs méthaniseurs dans l’Aisne, entre Laon et Saint-Quentin. Ils utilisent un réseau enterré pour irriguer et fertiliser l’ensemble du plan d’épandage avec un système ans tonnes.

Dans l’Aisne, l’exploitation des frères Lequeux, Simon et Arthur, dispose d’un parcellaire regroupé et proche de son siège. Ces derniers utilisent un réseau souterrain pour l’épandage du digestat produit par leur unité de méthanisation, se passant ainsi de tonnes de transfert ou d’épandage, ce qui limite le tassement des sols. En effet, leurs terres sont divisées en trois ilots. Elles sont situées à moins de 3 km de la ferme et irriguées. Les deux agriculteurs y produisent des légumes de plein champ, qu’ils vendent aux industriels locaux. En 1998, un élevage de porcs naisseur-engraisseur voit le jour. Dès le départ, des lagunes de lisier sont installées aux coins des parcelles pour en faciliter l’épandage. Afin de mieux valoriser ce lisier de porcs, les exploitants ont mis en place une unité de méthanisation jouxtant l’élevage. L’électricité produite, soit à l’origine 460 kW/h, portée aujourd’hui à 900 kW/h, est vendue à EDF, tandis que la chaleur générée est utilisée pour chauffer l’intégralité des bâtiments d’élevage. Le lisier de porcs constitue 50 % de la ration du méthaniseur, et le total des effluents d’élevage plus de 60 %. Les deux frères sont unanimes : « La méthanisation prend tout son sens pour valoriser des déchets ! » Le digestat obtenu à la sortie du procédé de séparation de phase est valorisé sur 2 500 ha via un plan d’épandage partagé entre l’exploitation (¼) et des agriculteurs voisins. La demande évoluant, ce plan avoisinera bientôt les 3 000 ha. « Nous réalisons l’ensemble de la prestation d’épandage et fixons un prix au mètre cube épandu », expliquent-ils.

Le parcellaire est regroupé en trois îlots, tous proches de l'atelier naisseur-engraisseur et du méthaniseur. (© Bio-Aisnergies)
Le système Listech permet d'épandre la parcelle « en diagonale ». (© Bio-Aisnergies)

Un réseau enterré pour remplacer citernes de transfert et tonnes d’épandage

Forts de l’expérience de leur réseau souterrain d’irrigation qui servira de base, les entrepreneurs en créent un autre, également sous terre, dédié cette fois à l’épandage et reliant l’ensemble des parcelles de l’exploitation, mais aussi celles du plan d’épandage. Les tuyaux en PVC de 160 à 200 mm de diamètre le constituant sont simplement posés dans une tranchée peu profonde pouvant même traverser les champs. Pour atteindre les parcelles les plus éloignées, un tuyau de 2 km faisant office de rallonge est connecté au raccord extérieur le plus proche. Toutes les lagunes de 1 000 à 6 000 m3 communiquent ainsi entre elles et avec l’unité de méthanisation. Alimentées au fil de l’année, elles portent la capacité de stockage à dix mois. Simon et Arthur Lequeux recueillent les souhaits de chaque agriculteur en fin d’année (parcelle, dose et période) afin de définir un planning d’interventions, réparties au printemps, à la sortie de l’hiver – dès que la réglementation le permet – et en été, sur chaume.

Un ensemble tracteur-plateau transporte à l’arrière une motopompe et un compresseur de chantier, et, à l’avant, un SSV qui permettra de se déplacer facilement dans le champ en cas de besoin. La motopompe, disposée près de la lagune, aspire de 180 à 250 m3/h de digestat pour l’envoyer dans les tuyaux. Son débit constant permet d’alimenter la rampe sans à-coups. (© Bio-Aisnergies)

Un système d’épandage Listech

L’épandage à l’aide du réseau est apparu comme une évidence pour les deux exploitants, et les raisons sont multiples. Un ensemble sans tonne permet en effet d’épandre sur les cultures en place sans nuire à la reprise de la végétation, ni provoquer de tassement du sol. De plus, les fenêtres d’intervention sont de plus en plus courtes, et les dates d’épandage autorisées bien spécifiques suivant les situations. Pour l’épandage, les deux frères ont choisi le système du constructeur berrichon Listech, permettant d’épandre « en diagonale » des parcelles. Les épandages sont réalisés en binôme.

La motopompe monte vite en pression, passant de 3 à 10 bar en quelques secondes. (© C.R.)

Le réseau d’épandage aérien se compose de deux enrouleurs. Le premier, autonome, comprend 2 km de tuyau de couleur noire, assez souple, réservé au « transport ». Le second, à l’avant du tracteur compte 400 m de tuyau en polyuréthane, plus résistant, connecté à la rampe à pendillards. Il doit supporter les frottements sur la terre. Ce tuyau permet d’épandre des champs jusqu’à 800 m de long. À l’arrière de l’ensemble d’épandage, la nouvelle rampe à pendillards de 18 m remplace depuis cette saison l’ancienne rampe de 15 m. L’augmentation de la largeur de travail permet de réduire le nombre de passage et donc l’usure du tuyau. Cela réduit de surcroît le nombre de passages, induisant ainsi 30 % de marques en moins. « C’est le diamètre du tuyau utilisé qui impose la puissance du tracteur et non la rampe (1 800 kg pour le modèle de 18 m) », précise le constructeur Listech, qui préconise 250 ch environ pour des tuyaux d’un diamètre de 127 mm, comme ici. « Le tracteur New Holland T7 de 220 ch suffit. Il doit être léger pour éviter au maximum de tasser les sols, mais tout de même lesté, car le plus difficile est de conserver une bonne adhérence », précise Simon Lequeux. Le tracteur est jumelé, et la pression des pneumatiques réduite.

La rampe à pendillards

Un débitmètre disposé sur la rampe permet de contrôler le volume arrivant, qui est constant. La dose souhaitée d’environ 40 m3/h est donc appliquée à vitesse donnée, régulière. Si jamais le débit fluctue, il suffit d’ajuster en douceur la vitesse d’avancement. La rampe est dotée d’un répartiteur central et de deux plus petits répartiteurs latéraux qui alimentent au total 56 descentes espacées de 31 cm. Ces trois répartiteurs permettent la coupure de tronçons. Les répartiteurs des extrémités alimentent chacun 12 descentes. Les agriculteurs peuvent aussi réduire la largeur d’épandage à 12 m quand ils le souhaitent. Les tuyaux des descentes affichent un diamètre de 50 mm pour éviter tout bouchage. La rampe dispose sur l’arrière de deux vannes permettant l’orientation du contenu du tuyau vers les répartiteurs ou vers une sortie « vidange ». À la fin de l’épandage de chaque parcelle, le tuyau est systématiquement vidangé à l’aide d’un compresseur de chantier. Ce dernier propulse une balle en mousse, légèrement plus grosse que le diamètre du réseau, à l’autre extrémité de la rampe d’épandage, récupérée via l’ouverture de la vanne de vidange. L’enrouleur avant permet de transporter 800 m de tuyaux. Un motoréducteur hydraulique puissant permet de rembobiner le tuyau sans se déplacer à nouveau dans la parcelle. « Une journée bien organisée permet d’épandre 1 500 m3. Les conditions parcellaires bien différentes peuvent toutefois faire varier les volumes épandus d’un peu moins de 1 000 à plus de 2 000 m3 par jour. À l’aide de cette technique, les débits de chantier sont plus que doublés ! Le plus long, c’est la mise en place et le rangement », précisent les deux frères. Le digestat représente 95 % des apports d’engrais sur l’exploitation.

La rampe est dotée d’un répartiteur central et de deux plus petits répartiteurs latéraux qui aliment au total 56 descentes espacées de 31 cm. (© C.R.)
Le compresseur de chantier autorise la vidange du réseau. (© C.R.)
Une « poulie » derrière un tracteur aide à rembobiner plus facilement le tuyau d’épandage dans le champ. (© C.R.)
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