Facilement reconnaissables à leur couleur vert pomme, les chargeurs télescopiques Merlo sont fabriqués en Italie, non loin de la France, à Cuneo, juste de l’autre côté des Alpes. La marque dispose d’un site de production qui s’étend sur plus de 30 ha et assure la construction d’une majeure partie des composants, hormis le moteur et les pneumatiques. Le châssis, la flèche, les vérins et l’électronique sortent de l’usine Merlo. Pour le marché agricole, le cœur de gamme repose sur la série Turbofarmer, dont la seconde génération TFII a été présentée en France lors du Sima 2015. La particularité de ces chargeurs télescopiques réside dans leur conception modulaire. Sur le châssis principal, au centre, viennent se greffer le module moteur à droite, la cabine à gauche, la flèche au centre et les deux ponts en partie inférieure supportant les quatre roues motrices et directrices. La gamme se répartit en deux catégories, la Compact et la Medium Duty (voir tableau ci-dessous).
3,5 t et 7 m de flèche : le modèle phare
Nous avons choisi de nous concentrer sur un modèle de la seconde famille avec le Turbofarmer 35.7 CS-120, lequel représente le cœur des ventes en France. Cet engin de manutention offre une hauteur de levage de 7 m et une charge maximale atteignant 3,5 t. En version CS, il est le seul chargeur télescopique du marché à bénéficier d’une suspension de la cabine, le confort du chauffeur s'en montrant nettement amélioré. Afin de connaître les points clés à vérifier avant l’investissement d’un tel matériel de manutention de seconde main, nous nous sommes rendus dans le Haut-Jura, chez Daniel Blondeau, agent de la concession Garnier basé à Monnet-la-Ville. Benjamin Bonhaure, responsable occasion, m’a accueilli pour me détailler ses conseils.
Les points clés à vérifier :
Châssis, ponts et pneumatiques
Lorsque vous vous rendez chez un concessionnaire, commencez par faire le tour du véhicule. Appréciez l’état de la carrosserie et de la partie inférieure du châssis. Si l’engin est stationné depuis plusieurs heures, profitez-en pour inspecter le sol à la recherche d’éventuelles fuites de liquides (huile, carburant ou eau). Le Merlo a la particularité d’être protégé par un tube en fer rond cintré, de 60 mm de diamètre, fixé autour du compartiment moteur et, à l'opposé, sous la partie cabine. Cette ceinture peut être marquée par des impacts plus ou moins importants, synonymes de chocs lors de manœuvres dans des bâtiments exigus, mais sans conséquence. Penchez-vous et regardez également sous l’engin. Inspectez minutieusement les extrémités des ponts au niveau des rotules et des pivots. Il arrive que ces derniers prennent du jeu avec le temps. Une intervention à l’atelier s’avère largement faisable, moyennement un coût de 1 000 € HT. Portez une attention particulière à l’usure des pneumatiques, en regardant non seulement la taille des crampons, mais également les flancs afin de vérifier qu’ils ne soient ni coupés, ni déchirés voire transpercés par des corps étrangers. Enfin, terminez par la cabine. L’état du siège et des commandes donne une rapide idée du niveau d’entretien porté par son propriétaire.



Le moteur et les pompes hydrauliques
Ouvrez le capot et assurez-vous du bon état du vérin à gaz le maintenant en position ouverte. Ce détail aura son importance lors de l’entretien quotidien du bloc-moteur et des éléments qui l’entourent. Chez Merlo, les radiateurs du Turbofarmer sont positionnés à l’horizontale. Vérifiez l’état des ailettes et les éventuelles fuites en passant la main sur les durites. L’air entre par l’avant du capot puis ressort par-derrière, en partie supérieure. Les grilles disposées sur le capot ne doivent pas être obstruées. Les différents filtres sont facilement accessibles grâce à la position longitudinale du moteur. Démontez celui qui s'avère nécessaire à la filtration de l’air entrant dans les cylindres et vérifiez son état. Jetez éventuellement un œil à la cartouche filtrante de l’huile moteur, au cas où le mécanicien aurait écrit le nombre d’heures lors du dernier renouvellement. Cela donne une information rapide sur l’intervalle de maintenance suivi par le précédent propriétaire du véhicule. Le moteur thermique entraîne une succession de pompes hydrauliques, la première pour la transmission hydrostatique et la seconde pour les fonctions de la flèche et de l’outil. Traquez les éventuelles fuites. Il est temps de passer à un essai dynamique pour écouter les bruits suspects et s'assurer du bon fonctionnement de la transmission. En tournant la clé de contact, profitez-en pour contrôler le nombre d’heures indiqué par le vendeur.



La flèche représente la force du chargeur
Levez la flèche afin d’apprécier la partie hydraulique et mécanique de cette dernière. Vérifiez l’état des flexibles et des vérins de levage, ainsi que celui du parallélogramme. Contrôlez bien les soudures au niveau des renforts au pied de la flèche et au pivot de fixation du vérin de levage principal en dessous de celle-ci. Poursuivez votre analyse des soudures du tablier. Ce dernier se dote en standard du verrouillage hydraulique de l’outil. L’activation de cette fonction requiert néanmoins de descendre de la cabine pour connecter le flexible hydraulique nécessaire à son pilotage. N’hésitez pas à le tester avec un outil. Il est important de bien contrôler la présence de graisse sur tous les axes de la flèche, ainsi que sur ceux des ponts d’ailleurs. À l’arrière du chargeur télescopique, le démontage d’une tôle à l’aide d’une clé de 13 donne un accès rapide au bloc de distributeurs hydrauliques. Le constructeur l’a positionné ainsi pour en faciliter l’accès et limiter les vibrations en cabine. Afin de vous en rendre compte, prenez place au volant, testez toutes les fonctions hydrauliques et essayez de percevoir d’éventuels bruits suspects. Pour vérifier le niveau d’huile hydraulique de 85 L, rentrez et baissez la flèche, puis rendez-vous à l’arrière du chariot. Une jauge visible de l’extérieur permet un contrôle rapide.



Cabine suspendue en version CS
Si les deux lettres « CS » sont apposées sur le capot, cela signifie que le télescopique s’équipe de la cabine suspendue. Avant de vérifier son bon fonctionnement, contrôlez l’absence de fuite au niveau du circuit oléopneumatique positionné sous le châssis. Ouvrez la porte tout en vérifiant l'état de la poignée. Pour faciliter la visibilité sur le côté, la partie haute de la porte s’ouvre complètement et se verrouille à l’arrière. Assurez-vous que le déverrouillage fonctionne bien. Avant de prendre place à bord, une inspection de l’état du siège et des commandes vous donnera un avis sur l’utilisation par son précédent propriétaire. Terminez par un contrôle de la ventilation, des bouches pour le désembuage et de la climatisation.



Avis d'expert
Benjamin Bonhaure, responsable occasion chez Garnier
CALENDRIER DES ÉVOLUTIONS
1992
Lancement des premiers Turbofarmer issus de la gamme « travaux publics » et adaptés aux travaux agricoles avec, par exemple, une vitesse de déplacement de 40 km/h.
2008
Lancement de la cabine suspendue en version « CS » sur la gamme Turbofarmer.
2012
Le système de reconnaissance des outils MCDC, avec l’affichage de la capacité de charge de l’engin de manutention en cabine, répond à la norme EN 15000.
2014
Évolution des chargeurs télescopiques avec l’entrée sur le marché des TFII. Présentation, lors du Sima 2015, de cette seconde génération de Turbofarmer dotée d’un moteur répondant à la norme antipollution Stage IIIB.
2016
Les moteurs répondent à la norme Stage IV Final à l’aide du SCR et d’un filtre à particules.
2021
Arrivée prévue sur le marché des moteurs répondant à la norme Stage V.