Près de six ans après son lancement, la charrue portée Master 3 de Kuhn commence à investir le marché de l'occasion. Les premières Master 3, déjà disponibles pour des acquisitions de seconde main ont, pour certaines, appartenu à des agriculteurs souhaitant arrêter le labour ou à des entrepreneurs de travaux agricoles dont la surface annuelle retournée peut dépasser les 500 ha par outil.
À l'image des autres lignes de charrues du constructeur, la série Master est disponible en largeurs de coupe du soc fixe (Multi) ou variable (Vari).
Une tête d'attelage à inspecter
Sur l'avant-train, le tourillon de retournement, formé d'une pièce mécano-soudée jusqu'en 2012, est désormais moulé. Les roulements coniques de la fusée ne posent pas de problème particulier. À partir de 2012, Kuhn a remplacé les anciennes bagues lisses en laiton par des bagues PEL associant un traitement de surface à une topographie de surface particulière. De même, la bielle reliant la tête à l'avant-train, auparavant soudée au niveau central, est désormais formée dans un seul ensemble. En revanche, la tête, les roulements de tête tout comme les bagues de cette bielle doivent faire l'objet d'une inspection minutieuse. À vérifier également : l'état des flexibles hydrauliques. Sur la dernière mouture, Kuhn a ajouté une crépine formée de billes compressées sur ceux de la liaison tracteur-outil. Cette installation protège les tiroirs du bloc hydraulique contre les impuretés contenues dans l'huile. L'aplomb de la charrue Master s'ajuste mécaniquement à l'aide d'une tige filetée. La version Master 3 accède sur demande à un réglage hydraulique. Cette fonctionnalité s'avère utile pour un ajustement rapide et facile en conditions hétérogènes, par exemple.




Portez une attention particulière au jeu des roulements de la tête.

Un bâti renforcé
« Le bâti mécano-soudé comprenant un triangle de renforcement pour mieux répartir la contrainte constitue une spécificité des charrues Kuhn, pour un bon équilibre poids-robustesse », estime Jean-Raymond Auffret, responsable produit charrue chez Kuhn.
Les Master se déclinent en variantes Multi-Master et Vari-Master, lesquelles se différencient par le mode de réglage de leur largeur de travail. Sur les modèles Multi-Master, il convient de dévisser, pour chaque corps, les trois vis sur le support de l'age bridé au bâti. Sur les modèles à largeur de travail variable Vari-Master, en revanche, un système de tringles assure la modification de la largeur de travail des corps. Celui-ci est intégré au châssis, et le constructeur revendique la spécificité de cette conception. Le propriétaire de la charrue peut ajouter un corps au bâti existant sur l'ensemble des modèles de la gamme. La Vari-Master 183, elle, se distingue par sa capacité à recevoir deux corps supplémentaires. L'entrecorps varie, selon les charrues du constructeur, de 90 à 102 cm. De même, le dégagement sous bâti oscille entre 70 et 90 cm selon les modèles. Le concessionnaire se montre vigilant sur ce point, car il conditionne la capacité de la charrue à travailler en présence d'une quantité importante de débris végétaux. Dans les secteurs de culture du maïs grain, par exemple, le dégagement sous bâti doit être suffisant.

Corps usés, facture salée
Parmi les pièces de la charrue en contact avec le sol, la pointe présente l'usure la plus marquée, devant le soc (remplacé au rythme d'un soc toutes les deux pointes), le versoir, le soc de rasette et enfin le versoir de rasette. Le budget de remise en état est affecté principalement aux pièces d'usure. Selon Jean-Marc Debien, responsable marketing Kuhn Huard, pour une charrue de cinq corps, le prix d'un ensemble de pièces de rechange pointe-soc s'élève à 595 € HT (prix public 2018 conseillé). L'opération nécessite une intervention d'une demi-heure. Pour le remplacement des versoirs et des étraves, compter une demi-journée de travail et 2 200 € environ, selon le type de corps choisi. Le remplacement intégral des pointes et des socs est rare. Pour disposer de la nomenclature des pièces, l'acheteur doit s'adresser pour l'instant à son concessionnaire. Les versoirs en Triplex livrés par Kuhn présentent des couches d'acier de différentes duretés : deux couches dures séparées par une couche plus souple. Selon l'industriel, un versoir présente une durée de vie très variable, dépendant de multiples paramètres tels que le type de terre ou la vitesse de travail. Chez certains entrepreneurs soumettant les charrues à une utilisation intensive, la fréquence de remplacement des versoirs peut être réduite à deux ans. Les versoirs hélicoïdaux larges, par exemple, présentent une capacité d'enfouissement intéressante.

Pour le remplacement de l'ensemble des versoirs, comptez une demi-journée.

Sécurités à boulons de traction
Kuhn équipe ses charrues en standard de sécurités à boulons, composées de boulons de rupture par traction (T) et non par cisaillement. Celles-ci sont disponibles depuis la première série des charrues Master. Ce choix technique évite, selon le constructeur, la déformation des flasques sur le long terme. Les sécurités non-stop hydrauliques (NSH) présentent, elles, seulement trois points de pivot au niveau de chaque corps.
Sur les modèles dotés de sécurités non-stop, Kuhn fournit des tiges de blocage de corps en cas de fuite sur le circuit des sécurités hydropneumatiques. Le constructeur rappelle que cette solution provisoire n'est pas conçue pour travailler mais uniquement pour verrouiller la position du ou des corps concernés avant de rejoindre l'atelier.



Options courantes à l'export
Les charrues Kuhn disposent d'un nombre limité d'équipements électroniques. Depuis 2012, Kuhn propose, au choix, deux sélecteurs de fonctions hydrauliques, le KTH 12 ou le KTH 105. Ceux-ci ont pour but de simplifier la phase d'attelage et de rendre l'outil compatible avec des tracteurs présentant un nombre limité de distributeurs hydrauliques. Disponible elle aussi depuis 2012, l'option de roue de terrage HD-Tronic sert au réglage hydraulique de la profondeur de travail. L'utilisateur la contrôle en cabine, à l'aide de l'écran déporté KMS 201 fourni avec la charrue. Parmi les options proposées sur toutes les séries Master, l'acquéreur accède au déport hydraulique - ou à l'ajustement de la pression de la sécurité non-stop hydraulique depuis la cabine - baptisé Varibar. Il peut également opter pour un coutre circulaire installé sur le dernier corps, voire sur tous les corps. « Sur les modèles destinés à l'export, nous fournissons de série cet équipement qui mériterait davantage d'attention dans notre pays », estime Jean-Raymond Auffret. Le coutre circulaire découpe la bande de terre et les résidus, facilitant ainsi le retournement et améliorant à la fois l'enfouissement de résidus et le dégagement du fond de raie. Autre option couramment utilisée dans les pays germaniques exclusivement, le bras BOT destiné à atteler un outil de finition derrière la charrue. Ces pièces-là sont disponibles sous forme de kit afin d'être adaptées sur une charrue déjà en service. Depuis deux ans, Kuhn propose une nouvelle roue combinant transport et jauge. Ce dispositif offre un gain de poids tout en limitant le débord sur la route. Plus récemment, la Master L, inaugurée en novembre 2017 lors du dernier salon Agritechnica, s'intercale entre les modèles existants 153 et 183 de la gamme. Elle n'est toutefois pas encore disponible sur le marché de l'occasion.
Avis d'expert
Mickaël Poirier, responsable commercial de la concession Delagrée à Étrelles (Ille-et-Vilaine)
« Notre concession commercialise de quatre à cinq charrues d'occasion chaque année. La revente de ces outils de seconde main a lieu essentiellement sur notre secteur, partagé entre l'Ille-et-Vilaine et la Mayenne. Notre objectif est de revendre le matériel repris avant que le modèle neuf commandé ne soit livré. Nous opérons pour cela un tri dès le départ et considérons la marque en premier lieu. Les charrues Kuhn bénéficient d'une cote élevée. Nous vérifions si le modèle est toujours fabriqué ainsi que la disponibilité des pièces de rechange. Lorsque l'outil est équipé de la largeur variable, c'est encore mieux, car celle-ci augmente la valeur de revente. L'entrecorps et la hauteur sous bâti entrent également en considération, tout comme le type de sécurité. Dans notre secteur, le potentiel d'acheteurs d'une charrue munie de sécurités à boulons est quasi nul. La plupart des charrues commercialisées intègrent en effet des sécurités non-stop hydropneumatiques. L'état de la charrue se caractérise à plusieurs niveaux. Nous vérifions l'état d'usure des pointes et des versoirs. L'outil peut se revendre même muni de versoirs à plus de 50 % d'usure. Mais son prix de revente sera bien entendu fixé en prenant cet aspect en considération. Autre point de vigilance : la tête, un corps ou un age ne doivent pas avoir été ressoudés. Nous évaluons ensuite l'importance du jeu au niveau des roulements de la tête. Cette usure se voit mais peut être difficile à déceler. Il est néanmoins possible d'apprécier l'état d'un matériel de ce type sans l'atteler. Un autre point à vérifier : la présence effective des roues de jauge et de transport. La roue de transport se révèle indispensable, à l'exception des déplacements sur de petites distances et à faible vitesse. L'élastomère qui l'accompagne amortit les oscillations. Pour estimer le prix de vente d'une occasion, nous prenons en compte les éléments présents dans notre base de données et complétons éventuellement notre prédiction par les annonces d'un site de vente d'occasions en ligne. Aujourd'hui, les charrues à trois corps deviennent difficiles à revendre, tandis que les modèles de quatre, cinq ou six corps portés sont prisés et courants, du moins dans le Grand Ouest. »