« J’ai obtenu entre 3 et 5 quintaux supplémentaires en incorporant l’acide phosphorique directement dans la ligne de semis à l’aide de mon semoir Pöttinger Terrasem à trois trémies », se félicite Jean-Michel Protain, agriculteur et entrepreneur dans la Marne. Installé à Isse, il cultive ses 65 ha de SAU ainsi que 700 ha en ferme à façon dans son secteur. Il totalise toutefois 1 400 ha en prestations de moisson. L’exploitation est équipée en conséquence avec, pour le semis, un Pöttinger Terrasem V 6000 Fertilizer. L’outil de 6 m de large succède à un Köckerling Ultima CS 600, un semoir simplifié exempt d'outil de préparation du sol. « Comme mon ancien semoir à dents simplifié disposait d’une seule trémie et qu'il était vieillissant, j’ai voulu passer un cap en prenant un modèle avec une trémie pressurisée compartimentée afin d’apporter l’engrais directement au moment du semis », raconte le Marnais. Mis en route en août 2022, le semoir comptabilise près de 1 600 ha au compteur.

60 % des semis avec incorporation d’engrais
Le Terrasem s’équipe d’une trémie divisible en 40/60 de 5 600 L au total. « J’ai opté pour la version Fertilizer du modèle afin de bénéficier d’incorporateurs derrière l'outil de préparation du sol à disques indépendants, indique l’exploitant. Ensuite, si une partie de la trémie est remplie d’engrais, je choisis de l’apporter soit en amont de la ligne de semis, via les incorporateurs, soit directement dans le conduit avec la semence. » À cette fin, le semoir est agrémenté d’une turbine et de deux têtes de répartition séparées. L’utilisateur choisit la méthode de distribution à l’aide d’un levier à trois positions situé sous chacun des doseurs.

Les disques enfouisseurs, positionnés derrière ceux qui travaillent le sol, incorporent l’engrais ou la culture compagne un rang sur deux, entre deux rangs. Ils bénéficient d’une profondeur et d’une pression toutes deux indépendantes de la ligne de semis. « La solution serait utile dans le cas de cultures associées. Pour un colza-féverole, je pourrais implanter la féverole plus profondément avec les disques et le colza plus en surface avec la rampe de semis », note Jean-Michel Protain. Si l’agriculteur n’a pas eu l’occasion de s’essayer au semis de plantes compagnes, il a cependant expérimenté plusieurs positionnements d’engrais « Super » phosphatés sur du colza.

Des essais instructifs
« Sur une même parcelle, j’ai apporté de l’acide phosphorique en même temps que le semis du colza. Une partie a été envoyée intégralement avec la semence, une autre à 100 % entre les rangs, via les disques fertiliseurs, et une dernière à 50 % de chaque côté du rang », expose Jean-Michel Protain. Grâce au contrôleur de rendement de sa moissonneuse-batteuse, il a repéré que l’engrais apporté en interrang ou à 50 % de chaque côté avait peu d’effet, les valeurs de rendement étant similaires au témoin 0 de la parcelle. En revanche, l’essai incorporant le fertilisant à 100 % avec la graine augmente de 3 à 5 quintaux le rendement. « Cela s’explique par le fait que ce type d’engrais est très peu mobile dans le sol. Il est donc davantage efficace au plus près de la culture, malgré un espacement entre lignes de 16,7 cm », complète l’agriculteur.

Pour anticiper de futurs besoins, le Marnais a choisi de s’équiper, en option, d’une trémie supplémentaire Tegosem de 500 L. Fournie par APV, cette dernière est complétée de diffuseurs et d'un système de dérivation Pöttinger. Elle nécessite un boîtier spécifique, en plus du terminal ou du boîtier de commande du constructeur en cabine. Grâce à cette trémie, l’entrepreneur a apporté cette année, chez certains clients, un antilimace en plus de l’engrais. Il peut, au choix, envoyer son contenu dans la ligne de semis ou, via une rampe à éclateurs, juste avant les éléments semeurs.

Une densité de semis au poil
Le semoir dispose d’une partie travaillante, avec deux rangées de disques, réglable en profondeur depuis la cabine. Chaque élément se compose de deux disques dotés d'une sécurité de type boudin à élastomère. Cet outil est suivi d’un packer à pneumatiques d’un diamètre de 380 mm afin de rappuyer le lit de semence. « Sur une telle largeur, le suivi du terrain est primordial pour conserver la précision du semis, explique l’agriculteur. Les extensions du semoir sont donc montées avec des accumulateurs à boule d’azote pour suivre le sol vers le haut et le bas jusqu’à 4°. »

La rampe de semis intègre également une cinématique à deux vérins afin de suivre les irrégularités du terrain. Les éléments semeurs sont fixés individuellement à l’arrière du rouleau à pneus via un parallélogramme. Rassemblés par tronçons de 2 m, ces pneus se dotent d'un premier vérin supérieur, pour gérer la profondeur de semis, et d'un second, inférieur, afin d’exercer une pression sur les éléments. Cette dernière, réglable jusqu’à 120 kg par élément, ainsi que la profondeur se commandent en continu depuis le terminal en cabine (voir encadré).« Depuis que j’ai le Terrasem, je ne sème plus mes colzas au monograine, raconte Jean-Michel Protain. C’est même mieux, car il offre plus de précision en profondeur, et la pression importante appliquée apporte un meilleur contact terre-graine. »

L’agriculteur note que, dans des cas exceptionnels de conditions humides, la terre colle rapidement au niveau des pneumatiques du packer, allant jusqu’à le bourrer. Quant au transport, l’entrepreneur, qui cultive dans un rayon de 30 km autour de son exploitation, apprécie le système de doubles roues se relevant au centre, afin de procurer une bonne stabilité, ainsi que le freinage hydraulique efficace. « Le poids important du semoir pourrait être limitant en terre forte, mais c’est un réel atout dans nos terres blanches pour bien rappuyer », se réjouit Jean-Michel Protain.
A lire aussi : Pöttinger, des déchaumeurs à disques traînés avec trémie frontale