Dossier menues-pailles SAS Methagenete : « Nous aspirons les menues-pailles pour la méthanisation »

Tirer parti du pouvoir méthanogène des menues-pailles, c’est l’objectif des neuf agriculteurs réunis au sein de la méthanisation Methagenete, située à Saint-Julien-la-Genête, dans la Creuse. Pour cela, ils ont misé sur une étonnante machine : la remorque aspiratrice  Gyrax Démét’air. En plus de la menue-paille, la méthanisation en injection de gaz avec un volume de 130 normo-mètres cubes par heure (Nm³/h), mise en route en février dernier, est alimentée en effluents d’élevage et en « cultures intermédiaires à vocation énergétique » (CIVE). Sur les 50 t de matière injectée chaque jour, les menues-pailles représentent 1 t.

« Au début du projet, nous nous étions penchés sur les systèmes de caissons récupérateurs de menues-pailles montés sur moissonneuse-batteuse, raconte Thibautlt Aubert, agriculteur et responsable du matériel de la méthanisation, mais le fait d’avoir cinq ou six machines de récolte différentes nous a conduits à choisir la benne aspiratrice proposée par Gyrax. » Cette machine pourrait s’apparenter, au premier coup d’œil, à une imposante autochargeuse. Le système de chargement est pourtant bien différent. Les menues-pailles étant légères et peu encombrantes, ce sont deux turbines qui les aspirent, et non un pick-up. Ce système implique que la paille de céréales soit mise en andains puis pressée, et non broyée puis éparpillée.

200 ch minimum

Les deux turbines de la machine sont entraînées par la prise de force du tracteur. Leur démarrage est d'ailleurs l'opération la plus énergivore, puisqu'il nécessite 200 ch à la sortie du manchon. Le Fendt 728 Vario, de 300 ch, en location sur la méthanisation n’est alors pas de trop pour évoluer dans les pentes de certaines parcelles. Au champ, la remorque aspiratrice repasse sur la zone où était situé l’andain de paille et aspire les menues-pailles et « débris végétaux ». Les turbines les propulsent ensuite via une goulotte dans la caisse, qui se remplit naturellement de l’arrière vers l’avant. « Nous évoluons relativement lentement, entre 3,5 et 4 km/h, et le débit de chantier est d’environ 1 ha/h, voire 2 maximum, selon la configuration des parcelles », confie Fabien Maleterre, le salarié conduisant l’ensemble. Avec sa capacité de 60 m³, la machine peut accueillir de 5 à 6 t de menues-pailles. « Nous récoltons entre 1 et 1,3 t de menues-pailles par hectare, en sachant que cette valeur varie selon le type de moissonneuse-batteuse, notamment si celle-ci respecte plus ou moins la paille », souligne Thibaud Auber. Si le constructeur français avance la possibilité d’utiliser la remorque pour d’autres tâches, comme le transport à l’ensilage fourrage, la méthanisation se cantonne au chargement des menues-pailles.

Sur route, la benne, non équipée d'une bâche pour limiter la poussière et les plus fines fibres, « relâche beaucoup de poussières sur les premiers kilomètres de transport, car le dessus de la remorque est composé de tôles perforées », précise Fabien Maleterre. La Gyrax Démét’air est homologuée pour évoluer à 40 km/h avec le freinage pneumatique et se dote de deux essieux suiveurs forcés pour plus de maniabilité. Une caméra est également placée à l’arrière pour faciliter les manœuvres, étant donné le gabarit imposant du convoi.

À vide, celui-ci se voit réduit grâce aux ridelles commandées hydrauliquement, lesquelles doivent cependant être dépliées lorsque la machine est en fonctionnement. Cette dernière bénéficie également d'un report de charge. Du côté des connexions, la remorque nécessite un distributeur à double effet pour les montées et descentes de la hotte d’aspiration, ainsi qu'un distributeur en pompage continu afin d'alimenter les électrovannes sur la machine. En cabine, un boîtier de commande permet alors de gérer l’ouverture de la porte, le fond mouvant, les rehausses, la béquille, le report de charge et la hauteur de la flèche (inclinaison de la remorque).

Une organisation des chantiers bien rodée

Le déchargement de la benne s’effectue avec un fond mouvant à chaînes et barrettes. « L’idéal est de stocker les menues-pailles sous un bâtiment, car elles sont très volatiles, et le contact avec la pluie peut affecter leur potentiel méthanogène », indique Thibaud Auber. L’utilisation de la remorque aspiratrice implique une bonne organisation des chantiers en raison du pressage de la paille à réaliser en amont et de l’étalement des parcelles. « Nous avons un groupe WhatsApp avec tous les membres de la méthanisation, les salariés et un responsable de l’organisation des chantiers de ramassage de menues-pailles », explique l’exploitant. Chaque agriculteur communique ensuite les parcelles moissonnées et pressées, où les balles sont ramassées, afin que le responsable organise ensuite la tournée. 

Les exploitations sont situées dans un rayon de 9 km autour de la méthanisation, ce qui facilite les chantiers. Les aléas climatiques peuvent par ailleurs compliquer la tâche des agriculteurs, confrontés à des retards de récolte ou de pressage, mais aussi en raison de conditions à l’aspiration non optimales. « L’année dernière a été assez compliquée à cause de la météo, raconte le responsable du matériel. Quand il pleut, les menues-pailles sont plaquées au sol et ne peuvent plus être aspirées. Il faut attendre un à deux jours, en fonction de la quantité d’eau qui est tombée et du temps qui suit. »

Après deux saisons avec la Gyrax Démét’air, le bilan est plutôt positif. Reste à mesurer l’impact réel sur la méthanisation de cette ressource jusqu’alors non valorisée. L’autre effet positif pourrait être la réduction des stocks de graines d’adventices pour l’agriculture biologique, mais aussi en culture conventionnelle afin de réduire l’utilisation de produits phytosanitaires.