Au regard des volumes livrés depuis le début de l’année et du contenu des carnets de commandes, les constructeurs d’agroéquipements sont sereins pour 2021. « Au premier semestre, le marché français a progressé de 17% par rapport à la même période de 2020, annonce David Targy, responsable du Pôle économique à Axema. Toutefois, compte tenu des perturbations durant le printemps 2020, il vaut mieux comparer avec 2019. L’évolution, toujours pour les six premiers mois de l’année, est de 3,5% en 2021. » L’export des machines fabriquées en France se porte bien également. L’Union des industriels de l’agroéquipement chiffre la hausse à 10% par rapport au premier semestre 2019 et à 35%, comparé au premier semestre 2020.
L’embellie profite surtout aux tracteurs (+15% sur les neuf premiers mois de l’année), engins de manutention, matériels de semis et de pulvérisation, tandis que le secteur de la récolte et de la fenaison est plutôt à la peine. « Prudence pour ce qui concerne les tracteurs, tempère Hervé Gérard-Biard, de chez Kubota, et vice-président d’Axema. Nous avons observé une hausse conséquente des immatriculations en petits tracteurs d’entrée de gamme qui, d’habitude, ne sont pas immatriculés par ce qu’ils sont livrés à des petites structures ou à des particuliers. Sans ce phénomène, la croissance effective est de l’ordre de 15%. »
De la visibilité jusque mi-2022
Avec des carnets de commandes que la majorité des constructeurs jugent très bons, la profession a de la visibilité pour la fin de l’année. La perspective d’évolution du marché se situe entre 8 et 11% en 2021. La seule inconnue réside dans la disponibilité en acier et en composants. « Nous n’avons jamais connu un scénario pareil, souligne Frédéric Martin, le président d’Axema. Le prix de l’acier a augmenté de 40% en un an et nous sommes confrontés à des quotas d’importations en provenance de certains pays comme la Turquie, l’Inde ou la Chine. A cela s’ajoute une tension sur les composants électroniques, le plastique, le caoutchouc… Et ce n’est pas tout : les usines manquent de main d’œuvre sur certains postes : soudeurs, usineurs, peintres, monteurs… La période est favorable aux investissements chez les industriels, mais que faire s’il n’y a pas les hommes derrière ? »
Avec des carnets de commandes bien remplis et des délais de livraison moyens de huit semaines, les fabricants d’agroéquipements sont optimistes pour le premier semestre 2022. « Il y a quelques réserves quant à la deuxième partie de l’année, estime David Targy. D’une part, il n’y aura plus la dynamique d’investissements liée au Plan de relance. D’autre part, le secteur connaît des effets de cycle et il est possible que l’on arrive au terme d’une période haussière. C’est la raison pour laquelle l’estimation de la progression du marché va de 0 à 10% pour 2022. Sinon, pour ce qui concerne le prix de l’acier, une détente pourrait intervenir au second semestre, avec des prix qui vont malgré tout rester élevés. »