Immatriculations européennesReprise en trompe l’œil

Durant le premier semestre de 2021, les immatriculations se sont rétablies par rapport à 2020 avec 115 146 engins enregistrés comme tracteurs par les différentes autorités européennes. Et même un certain nombre de quads, de chargeurs télescopiques et d’automoteurs divers se sont immiscés dans cette quantité et que le Cema, l’association européenne des constructeurs du machinisme agricole, la corrige à 89 060 unités, la progression dépasse les 25 %. Le marché reprend donc des couleurs. Pourtant, il a du mal à cacher une situation qui est loin d’être redevenue normale. Durant le deuxième trimestre 2020, les fermetures d’usines et les difficultés de livraison avaient causé une chute de 20 % des immatriculations par rapport à la même période de 2019. Ensuite, d’importants efforts de productivité mais aussi la décision de l’Union Européenne de repousser le délai d’entrée en vigueur de la réglementation d’émissions pour les tracteurs de 56 à 129 kW (76 à 175 ch) avaient permis à l’industrie d’assurer la plus grande partie de ses livraisons. Les immatriculations se sont alors reprises de 7,5 % au troisième trimestre de 2020 et de 4 % au quatrième. Ainsi, en fin d’année, leur nombre pouvait afficher un modeste repli de 3,05 % par rapport à 2019 avec 149 667 unités et aurait pu faire croire à un quasi-retour à la normal. En fait, il n’en était rien. Si les moins de 37 kw (50 ch) faisaient preuve d’une remarquable résilience en regagnant 7,92 % et en enregistrant 49 338 unités, la fourchette de puissance de 56 à 129 kW (76 à 175 ch), la plus vendue sur notre continent et d’une valeur nettement plus importante pour son industrie, marquaient le pas en reculant de 8 %. Six mois après, le retour à la normale semble devoir encore patienter. L’industrie mondiale se livre une compétition féroce pour s’approvisionner en composants, en matières premières ou pour trouver des places dans les containers maritimes. Les délais de livraison s’allongent. Le baromètre des affaires du Cema qui atteignait un pic de bonne humeur au mois de mai et juin, au plus haut depuis 2008, se dégrade à présent. La demande du milieu agricole devrait rester dynamique dans les temps qui viennent, notamment à l’est et au centre de l’Europe. Toutefois, les constructeurs s’interrogent sur la manière de l’honorer. 40 % d’entre eux craignent de devoir momentanément interrompre leurs productions dans les prochains mois en raison des manques de composants.