De mémoire de marchands de machines agricoles, peu d’années auront autant pu les dérouter que 2022. Ils se remettaient à peine des perturbations liées à la pandémie de Covid 2020, puis de celles provoquées par la reprise en 2021 ainsi que de l’ensemble des dysfonctionnements des chaines d’approvisionnement, qu’à nouveau l’attaque de l’Ukraine par la Russie créait un choc sur les prix des matières premières.
Alors qu’ils étaient occupés à gérer des délais de livraison allongés, en moyenne, de près de 12 semaines, il leur fallait à présent absorber une envolée des prix des aciers. Ceux-ci, déjà vigoureux, avant la crise allaient doubler en l’espace de trois mois, passant de 900 € à 1800 €/ tonnes avant de retrouver des niveaux plus raisonnables à 960 euros.
L’acier inox s’est également envolé de 55 %, atteignant un sommet à 3 750 €/t. Dans la mesure où ces matières premières pèsent pour près du tiers dans le coût des machines agricoles, les industriels n’ont pas pu éviter de répercuter ces hausses dans leurs prix de ventes. Dans ses statistiques, l’Insee a ainsi observé une hausse de 12 % de ceux-ci en 2022 et de 17 % en deux ans.
Heureusement, le très bon niveau des reprises des occasions ainsi que les cours élevés des produits agricoles ont permis à la clientèle d’accepter ces tarifs.
Un chiffre d’affaires record de de 8,3 Md€

Les ventes de matériels neufs ont battu un nouveau record, s'élevant à 8,3 Md€
(+15% par rapport à 2021).
Le chiffre d’affaires du marché du machinisme agricole, qui est désormais comptabilisé avec les serres et les chargeurs télescopiques, a atteint en 2022 un montant record de 8,3 Md€.
Sa croissance de 15 % par rapport à 2021 est principalement à mettre au crédit de l’augmentation des prix. Les volumes n’ont augmenté que de 2,5%. Ce chiffre global cache toutefois une grande disparité entre les produits du secteur agricole et ceux des espaces verts. Les ventes des premiers ont gagné 16,5 %, alors que les seconds se sont contentés de 3,5 %. Ces derniers ont, en effet, souffert de la sécheresse et de la baisse du pouvoir d’achat des ménages.
À présent, si les volumes de commandes enregistrées en 2022 et les délais de livraisons encore longs devraient permettre d’espérer un marché encore en croissance en 2023, les professionnels commencent à percevoir les signes d’un retournement de situation. Une enquête menée par l’Axema, le syndicat des constructeurs, auprès de ses adhérents, laisse apparaitre des baisses dans les prises de commandes allant, selon les produits, de 15 à 50 %.