Conflit russo-ukrainien La facture insensée
Depuis maintenant trois semaines que le conflit le conflit russo-ukrainien a éclaté nous voilà abreuvés d’images d’horreurs, de destructions et de violences absurdes. Sur le plan matériel, l’heure n’est malheureusement pas encore venue de faire les comptes mais le gâchis est déjà écœurant.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
125 000 euros pour un lance-missile antichar Javelin, 78 000 euros pour l’une de ses munitions, 500 000 euros la valeur d’un char russe usagé, 150 000 euros pour un transport de troupes blindé, 16 millions un hélicoptère d’attaque Kamov, 50 centimes d’euros la balle de Kalachnikov… Quel que soit l’angle, toute analyse du conflit russo-ukrainien, ne conduit qu’à la seule conclusion de son incommensurable bêtise. Son coût en vies brisées, en appauvrissement général, en dégâts matériels, en dépenses militaires, qui pèse déjà sur les peuples ukrainiens et russes, va se trouver encore alourdi du fardeau de la haine dont ils hériteront. La facture sera bien évidemment moins lourde dans nos pays même en comptant le naturel soutien que nous devons à ces populations meurtries ou l’alourdissement des budgets de la défense que même les plus pacifistes d’entre nous risquent d’accepter de bon cœur. Sur le plan agricole, la note va également s’avérer salée. Sa région Est et la Crimée produisent 40 % du blé ukrainien. Cette zone de la mer Noire qui se prolonge en Russie est réputée pour la fertilité de ses tchernoziums, des sols noirs profonds et riches en matière organiques. D’important efforts de modernisation de la production et des filières ont permis de fortement augmenter les productions. En à peine une dizaine d’année, la Russie a doublé sa production de céréales. Selon une étude publiée par l’Institut de l’élevage, le secteur fournit 30 % des échanges mondiaux de blés, 15 % de ceux de maïs et 50 % de ceux des huiles et tourteaux de soja. Ses expéditions sont vitales à l’approvisionnement des populations des pays du pourtour méditerranéen et leurs arrêts ont provoqué l’envolée des cours. Un montant de 374 euros pour la tonne de blé meunier rendu sur le port de Rouen pourrait être considéré comme une bonne nouvelle par un céréalier, s’il ne signifiait pas un insupportable renchérissement des aliments pour ses collègues éleveurs, si chacun d’entre nous ne devaient débourser plus de 2 euros pour un litre de gazole et si le prix du gaz et par voie de conséquence des engrais azotés n’avait pas explosé. Le confit nous a, en effet, appris que 50 % du gaz consommé en Europe provenait de Russie et qu’il pesait 80 % du coût de production de l’urée.
Un difficile visibilité
La très grande volatilité des cours des matières premières rendent difficiles toutes planifications et perspectives. Actuellement les constructeurs qui ont déjà sécurisé leurs approvisionnements disent pouvoir tenir leurs engagements sur leurs livraisons ou leurs tarifs que jusqu’à la fin de la campagne. Au-delà l’incertitude règne. En raison de sa richesse agricole, la Russie et l’Ukraine présentent un gigantesque potentiel commercial pour les constructeurs et distributeurs de machines agricoles. Dès la fin de l’URSS, les constructeurs occidentaux ont commencé à les démarcher. Ils y ont implanté des filiales, construit des usines ou entretiennent des courants d’affaires avec des importateurs. La situation y est difficile pour plusieurs d’entre eux. Benoit Carré, interrogé par le journal Les Échos a confessé avoir perdu une commande de 70 machines valant plus de 1 millions d’euros. Claas a arrêté la production de son usine russe de Krasnodar et a aidé les 43 employés de sa filiale proche de Kiev de se placer en lieu sûr. Mais la plupart, à l’image de Marc Besson, responsable marketing de Grégoire Besson, également interrogé par Les Échos préfèrent relativiser. Même s’ils ont l’habitude d’entretenir des courants d’affaires réguliers chez les deux belligérants, ils ont su s’implanter commercialement dans d’autres région et pourront donc compenser la fermeture de leurs marchés. La Russie dont le marché intérieur était estimé à 3,2 Md€ a importé 2,05 Md€ de matériels agricoles en 2020. Elle pèse à peine pour 3 % de leurs échanges mondiaux . De toute l’industrie, l’un des constructeurs le plus à plaindre est certainement KTZ, l’Usine de Tracteurs de Kharkiv, en Ukraine qui aurait été touché dans la nuit du 25 février par des frappes russes en même temps que des immeubles du quartier d’habitation contigu.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :