Industrie Michelin : 60 ans de pneumatiques à Troyes et de nouveaux défis à relever
Fondée par Kleber en 1963, l’usine de pneumatique de Troyes, dans l’Aube, désormais sous la bannière Michelin, célèbre cette année ses 60 ans d’existence. Le manufacturier mène sur ce site d’importants investissements afin d’être en mesure de fabriquer les nouvelles générations de pneumatiques agraires, mais aussi de diminuer la pénibilité du travail.
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En 1963, le manufacturier Kleber implantait sa seconde usine en France, à La Chapelle-Saint-Luc, aux portes de Troyes, dans l’Aube. Au plus fort de son activité, ce site employait 1 200 personnes et produisait des pneumatiques de tourisme et agraires. Confronté à de graves difficultés financières, Kleber fut absorbé par Michelin en 1981. Dès 1986, le site de Troyes commence donc à fabriquer des enveloppes siglées du Bibendum. Depuis l’an 2000, l’usine ne produit plus que des pneumatiques agricoles. À la suite de la réorganisation des moyens de production dans le groupe Michelin, l’usine de Troyes abandonne en 2012 sa devanture Kleber au profit des couleurs du manufacturier clermontois. Elle devient ainsi l’une des trois usines dans le monde à produire des pneumatiques agricoles au sein du groupe Michelin, avec les sites de Valladolid, en Espagne, et l’ancien site Taurus, en Pologne.
L'usine de Troyes fabrique les dimensions de 16 à 46 pouces, quand l’usine espagnole s’occupe des plus grands modèles. La manufacture polonaise produit pour sa part en majorité les gammes Kleber et Taurus. L’usine implantée à La Chapelle-Saint-Luc emploie aujourd’hui quelque 750 salariés. Elle a conservé le procédé de fabrication instauré par Kleber qui implique de nombreuses manipulations manuelles, rendant le travail pénible et particulièrement physique pour les opérateurs.
Plus d’ergonomie pour moins de pénibilité
Le groupe Michelin a donc entrepris la modernisation de cette usine qui produit 32 000 t de pneumatiques par an. Ce projet, lancé en 2021, devrait durer cinq ans, pour un investissement total de 80 millions d’euros. Dans les ateliers, les changements sont déjà à l’œuvre. Sur les postes de vérification, des bras robotisés manipulent les pneumatiques afin de faciliter l’inspection visuelle réalisée par les opérateurs. Comme les modèles les plus imposants produits ici peuvent peser jusqu’à 350 kg, l’assistance des robots s'avère un vrai plus. La chaîne de production va elle aussi accueillir des automates. Pour l’instant, les opérateurs assemblent les pneumatiques à la main, déposant successivement la carcasse et la bande de roulement, avant d’envoyer le bandage cru vers les presses de cuisson.
Dans le but de réduire la pénibilité et de faciliter le recrutement de nouveaux collaborateurs, les équipes chargées de l’innovation dans les processus planchent sur un projet top secret baptisé « Cosmos ». Si, par définition, nous n'en savons pas grand-chose à ce jour, nous pouvons déjà affirmer que son but est d’offrir plus d’ergonomie sur les postes de travail. Les techniciens ne seront pas remplacés mais gagneront en compétence pour intervenir dans les situations où la machine ne sait pas se débrouiller seule. Au passage, la production sera moins énergivore et recyclera l’eau, une grande quantité de vapeur étant nécessaire à la cuisson de pneumatiques.
Le mélangeage déménage à Montceau-les-Mines
Autre transformation majeure sur le site de Troyes, le mélangeage, c’est-à-dire l’assemblage des matières premières pour former les composants des pneumatiques, va déménager sur le site de Montceau-les-Mines, en Saône-et-Loire. Cent quatorze salariés se voient directement concernés par la fermeture de cet atelier. Ils bénéficient de l’accord d’entreprise « Adapt 2021-2023 », prolongé jusqu'en 2025 spécifiquement pour l'usine de Troyes. Cinq possibilités leur sont offertes : prendre une retraite anticipée, occuper un autre poste à Troyes, suivre le mélangeage à Montceau-les-Mines, travailler sur un autre site du groupe Michelin ou bien rejoindre une autre entreprise. Sur la première trentaine de salariés démobilisés, la moitié a choisi une mobilité externe, sept prendront une retraite anticipée, deux vont intégrer les équipes de fabrication de pneus agricoles à Troyes et cinq continueront le mélangeage à Montceau-les-Mines.
Enfin, concernant le recrutement, l’usine de Troyes développe depuis deux ans le programme « Îlot Avenir ». Un poste de production spécifique a été mis en place afin d’assurer le suivi des nouveaux opérateurs. Trente personnes sont déjà passées par ce poste depuis 2021, ce qui a permis de générer un taux d’embauche en CDI de 90 %. Bien entendu, Michelin travaille avec les acteurs locaux pour recruter sur ce bassin d’emploi : la Maison de région Grand-Est, le département de l’Aube, la métropole de Troyes et la ville de La Chapelle-Saint-Luc.
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