Fabrication de tracteurs Thierry Lhotte quitte Massey Ferguson

L’annonce du départ de Thierry Lhotte par le groupe Agco est survenue le même jour que son audition par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur les défaillances des pouvoirs publics face aux plans de licenciement. Lancée le 20 mars 2025 à l’initiative du groupe Écologiste et Social, cette dernière s’était donné pour objectif de comprendre les liens entre les décisions politiques et les suppressions d’emplois. Elle a déjà procédé à un certain nombre d’auditions de chercheurs, de représentants de syndicats patronaux et salariés ainsi que de personnalités du monde du travail. Ses membres ont également tenu à écouter des chefs d’entreprise ayant procédé à des licenciements après avoir bénéficié d’aides publiques. Après le président de Michelin, Florent Menegaux, venu s’expliquer le 9 avril, sur les fermetures des usines de Vannes et Cholet, puis des dirigeants des entreprises de la Chimie, Vencorex et Arkema, ce fut donc le tour le 5 mai de Thierry Lhotte à être auditionné dans les locaux du Palais Bourbon. Il était accompagné d’Éric Odièvre, le directeur des ressources humaines d’Agco France et de Massey Ferguson pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique, et de Xavier Arruego, responsable de la communication.

Un pont polémique

Dans leurs interrogations, Denis Masséglia, député LREM et président de la Commission, Benjamin Lucas-Lundy (écologiste) et rapporteur ainsi que Sophie Laurence-Roy, la députée RN présente à la séance, se sont montrés particulièrement curieux de comprendre comment il avait été possible que le groupe Agco procède, en 2024, à un plan social de 113 postes après que l’État et les collectivités locales avaient auparavant dépensé près de 110 millions d’euros (M€) dans la construction d’un pont permettant l’agrandissement du site industriel de Beauvais. Dans ses explications, Thierry Lhotte est revenu sur la spécificité d’Agco en tant que groupe international mettant en concurrence ses différentes implantations mondiales et sur le projet de développement de l’usine de Beauvais par la reprise de la friche industrielle qui lui faisait face. « Entre 2018 et 2024, le groupe a investi 110 millions d’euros. Alors qu’auparavant nous étions seulement assembleurs de tracteurs, nous sommes alors devenus également constructeurs de composants. Cela a permis de créer 330 emplois », rappelle-t-il. « J’ai tenu les engagements d’embauche que j’avais pris par écrit ». Il explique qu’à sa demande de créer une liaison physique entre les sites de l’entreprise, les services de l’État avaient répondu par un projet de construction de pont. Il précise également que si le groupe Agco n’a pas participé à son financement, il a contribué à la gratuité du péage autoroutier durant le temps des travaux. Revenant sur le plan social que l’entreprise a été contrainte d’engager en 2024, il l’explique par l’importante chute de marché enregistrée à partir de 2023 et par une décision prise en juin 2024 par le président du groupe de réaliser des économies. « Il nous fallait trouver des solutions rapidement. Agco s’est construit par l’acquisition de différentes entreprises. Il existait de nombreuses duplications de fonctions dans les services RH, ingénierie, finance, marketing et informatique. Cela représentait des dépenses de 300 millions d’euros. Il nous fallait donc nous recentrer sur nos métiers de base et soit externaliser les ressources, soit les reporter dans d’autres sites du groupe présentant des niveaux de compétence identiques mais avec des coûts du travail plus faibles, par exemple en Hongrie, en Inde et en Chine. »

Marco Mazzaferi nouveau président de Massey Ferguson

Luis Felli, vice-président senior et directeur général de Massey Ferguson pour le monde, a précisé que Thierry Lhotte souhaitait désormais se consacrer à ses activités familiales et des projets personnels. Remplacé par l’Italien Marco Mazzaferi, le directeur des ventes Massey Ferguson pour l’Europe et le Moyen-Orient, il devrait rester dans le groupe jusqu’au mois d’août. Arrivé chez le constructeur, il y a 37 ans, il a occupé diverses fonctions dans l’après-vente, le marketing et les ventes. Il a aussi participé à la restructuration des marques Fendt et Valtra en France, après leur acquisition par le groupe Agco.