Au cours des années 1970, Pierre Vaginay, dont le nom est l’anagramme de Yanigav, mettait au point un enfonce-pieu pendulaire. Contrairement aux modèles alors présents sur le marché, la masse destinée à frapper les piquets ne décrivait pas un arc de cercle mais glissait le long d’une poutre verticale. Cette caractéristique garantissait une plus grande facilité d’emploi et plus de sécurité pour l’opérateur au sol. Cet enfonce-pieu a fait la renommée de la marque Yanigav en France et même au-delà des frontières. En parallèle, le catalogue s’est enrichi avec l’introduction d’affûte-piquets, de fendeuses, de scies, de fagoteuses ou encore de tarières et de rogneuses de souche. Au début des années 2000, Yanigav réinvente l’enfonce-pieu en remplaçant la masse par un système à percussion, identique aux brise-roches hydrauliques employés dans les travaux publics. Plus sûre et plus performante que son prédécesseur, cette innovation séduit rapidement une clientèle d’entrepreneurs et de Cuma. « Ces produits se vendent tout seuls, grâce au bouche-à-oreille », apprécie Philippe Artaud, directeur commercial. Depuis la disparition de Pierre Vaginay, il seconde Françoise Vaginay, gérante de la société. « L’entreprise profite d’une très bonne image. Souvent, les clients demandent une “Yanigav” en parlant d’un enfonce-pieu. Le seul nom est gage de qualité », indique Philippe Artaud, précisant : « Yanigav, c’est FERS : facilité, efficacité, rentabilité, sécurité. Ceci résume bien la philosophie de nos produits. »
La « révolution percussion »
Dernièrement, la marque a lancé une nouvelle déclinaison de son enfonce-pieu à percussion. Surnommée en interne « révolution percussion », celle-ci s’accroche désormais sur le chargeur frontal du tracteur, plutôt que sur son relevage. Cette configuration autorise une plus grande maniabilité, tout en offrant plus de visibilité depuis le poste de conduite. Le dispositif, plus léger, ne transmet pas de secousses au chargeur risquant de le détériorer. De plus, sa conception simplifiée, et son prix inférieur à celui d'un modèle porté arrière, en permet l’accès aux agriculteurs souhaitant s’équiper individuellement. L’entreprise espère ainsi conquérir une nouvelle clientèle avec ce concept qu’elle a imaginé mais dont la fabrication de certains sous-ensembles est sous-traitée. Parmi les fournisseurs de Yanigav, l’entreprise Mécallary, située à Roanne (Loire), à une vingtaine de kilomètres, fabrique des éléments usinés tels que les cloches à fond plat servant à frapper la tête des piquets sans les briser.
Aurélien Allary est à la tête de cette PME de 20 personnes spécialisée dans la fabrication de pièces mécaniques, la maintenance industrielle et la chaudronnerie. Il vient de se porter acquéreur de Yanigav. « Nous en discutions depuis environ un an, indique-t-il. Yanigav profite d’une très bonne réputation dans son domaine d’activité. Mécallary, de son côté, possède les ressources nécessaires à une plus grande industrialisation des produits. Dès janvier, nous allons mettre en place un bureau d’études commun aux deux entreprises afin d’accélérer le développement de nouveaux produits. Ce rachat sera bénéfique pour les deux entités. »
Attachée à son territoire
« Nous avions à cœur de transmettre l’entreprise à quelqu’un du cru, ajoute pour sa part Philippe Artaud. Il nous semblait important que Yanigav conserve son attachement à son territoire. »
Parallèlement à ce changement d’actionnariat, le directeur commercial s’emploie à former son successeur. Il a trouvé le candidat idéal en la personne de Romain Dumont. Ce Nivernais a intégré l’équipe en septembre 2020. Il était jusque-là chargé de commercialiser du matériel neuf et d’occasion au sein de la concession Viard, représentant la marque Case IH. Il gérait également le pôle agriculture de précision. « Je travaillais déjà avec Yanigav. J’ai toujours apprécié la réactivité de ce constructeur, confie-t-il. Je pouvais venir avec un client pour faire une démonstration avant de conclure une vente. C’est donc assez naturellement que j’ai intégré l’entreprise. » Philippe Artaud apprécie la venue de cette jeune recrue : « Romain fait partie des gens percutants pour vendre. Il a de sérieuses capacités commerciales. » En effet, le nouveau directeur commercial a obtenu une licence en management des unités commerciales puis un certificat de spécialisation en machinisme agricole. Il s’est formé au cours de ce cursus tant au niveau technique que sur le plan commercial. Afin de faciliter la transmission de l’entreprise, Françoise Vaginay, jusqu’alors gérante, va rester pendant 20 mois aux côtés d’Aurélien Allary. Elle s’occupe principalement du SAV, mais sa présence permettra une transmission dans la douceur.
