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Pneumatiques  Otico, le leader des roues en caoutchouc Farmflex depuis 1985

De gauche à droite : Henri Zinck, directeur des ventes ; Olivier Phely, président directeur général, et Jean-Baptiste Lours, responsable marketing.
De gauche à droite : Henri Zinck, directeur des ventes ; Olivier Phely, président directeur général, et Jean-Baptiste Lours, responsable marketing. (©M.H.)

Implantée à Chalmaison (Seine-et-Marne), l’entreprise Otico produit depuis près de 30 ans des roues et des rouleaux pour des outils de travail du sol majoritairement à destination de l’Europe, des États-Unis et du Canada. Elle a ouvert son capital à deux fonds d’investissement pour accélérer son développement à l’international et notamment au Brésil.

Semoirs, herses, bineuses, strip-tills… Toutes ces machines ont en commun l’utilisation de roues en caoutchouc, dont la fabrication requiert des compétences à la fois techniques et agronomiques. Aujourd’hui, peu d’entreprises disposent d’un tel savoir-faire. L’une d’elles, reconnue internationalement par une majorité de constructeurs, est Otico. Implantée à Chalmaison, en Seine-et-Marne, cette société française travaille depuis plus de 50 ans dans l’univers des pneus agricoles, dont une quarantaine d’années passées à leur fabrication.

Créée en 1971 à Provins (Seine-et-Marne) par Michel Phely, Otico est d’abord dédiée au négoce et au service de pneumatiques, avant de prendre un tournant industriel au début des années 1980. L'entreprise déménage alors à Chalmaison et se consacre à l’activité de rechapage de pneus de poids lourds et d’avions. En 1983 débutent les premiers partenariats avec les constructeurs agricoles afin d'optimiser les pneumatiques pour les bennes. Dès 1984, le fils du fondateur et actuel PDG de l’entreprise, Olivier Phely, se voit confier la direction technique

« À l’époque, nous produisions environ 200 pneus par jour avec une trentaine de références », présente celui-ci.

Mais ce qui va faire la renommée puis le succès d’Otico, c’est la création de la technologie Otiflex en 1985. À la demande de Ribouleau Monosem, fabricant de semoirs monograines et de bineuses, l’entreprise francilienne élabore ses fameux pneus semi-creux capables de se déformer en permanence pour s’autonettoyer et s’adapter aux variations de terrain afin d’assurer une meilleure gestion agronomique des cultures. Cette conception semi-creuse « sans gonflage » rend le pneu increvable et permet d’allonger les durées d’utilisation. Cette caractéristique deviendra la marque de fabrique d’Otico, qui rachète en 1995 l’outil de production de son principal concurrent allemand, Farmflex, alors dans le giron du groupe Continental. Otico reprend le nom « Farmflex » pour l’ensemble de ses produits semi-creux, une marque qui fait aujourd’hui référence dans le monde agricole. Au fil des années, l’activité croît, et les gammes se diversifient. En 2008, une deuxième ligne d’extrusion s’ajoute à la première. Deux ans plus tard, les robots viennent automatiser les lignes. Dernièrement, l’entreprise s’est délestée de son activité de rechapage de pneus, en la revendant à Sonamia, pour se concentrer exclusivement sur la production de pneumatiques et de rouleaux.

La R&D comme leitmotiv

Aujourd’hui, Otico emploie 150 salariés, dispose de 40 639 m2 de terrain et produit annuellement environ 750 000 roues et 4 500 rouleaux, dont 85 % sont vendus à l’export.

Son leitmotiv ? 

« L’innovation, répond Olivier Phely. Chez Otico, nous cherchons continuellement à proposer de nouveaux produits adaptés aux divers sols et conditions de semis rencontrés dans le monde. » 

Pour cela, l’entreprise dispose de son propre laboratoire de recherche et développement (R&D). C’est là que sont imaginés, élaborés puis testés les mélanges qui serviront aux pneumatiques Farmflex. 

« Nous avons investi cette année dans une enceinte à arc xénon qui simule, à l’aide d’un spectre lumineux et de gouttelettes, les dommages causés par le soleil et la pluie sur nos caoutchoucs au cours du temps », explique Cédric Fournel, directeur R&D.

Quatre mois d’exposition dans la machine suffisent à simuler cinq ans de vieillissement en conditions réelles.

Forme semi-creuse de pneus Farmflex obtenue par extrusion.

 

38 ans de savoir-faire

Une fois que la matière première (caoutchouc cru) est élaborée par Otico, sa fabrication est confiée à des sous-traitants européens. À sa réception chez Otico, elle est vérifiée et conservée à température constante avant d’être extrudée, dans neuf cas sur dix. Ce procédé consiste à contraindre la matière à traverser une filière ayant la section de la pièce à obtenir. En sortie, les ébauches en caoutchouc présentent un creux de la forme choisie. 

« Nous disposons d’environ 320 filières différentes », précise Olivier Phely.

De quoi proposer des pneumatiques très variés ! Otico utilise actuellement trois lignes d’extrusion, dont deux sont automatisées.

Cette première étape de transformation est délicate, car elle chauffe le caoutchouc. Pour éviter sa cuisson, celui-ci est refroidi dans des bacs d’eau, découpé puis séché. Chaque segment est ensuite enroulé puis collé. Sur certains gros pneus, deux tringles en acier sont placées à l’intérieur du caoutchouc pour renforcer sa structure. Vient ensuite la vulcanisation : c’est là que la magie opère ! 

« Le pneu est placé dans une presse, laquelle contient un moule, explique le PDG d’Otico. Une seringue vient piquer le caoutchouc pour lui injecter de l’air à haute pression et ainsi le gonfler. Le caoutchouc vient alors épouser la forme du moule. Il est ensuite cuit à 160 °C pendant 10 à 45 minutes. » Est obtenu en sortie un pneu fermé dont l’intérieur est creux.

Si l’extrusion reste le procédé de fabrication privilégié, Otico développe aussi le moulage par injection. Cette fois-ci, la matière première est injectée à très haute pression dans une cavité autour d’un anneau métallique. En 220 secondes, le pneu est formé et cuit.

« C’est une technique rapide et efficace pour des pneus simples. En revanche, elle n’est pas adaptée à des formes plus complexes comme celles à crampons. » 

L’entreprise investit massivement dans cette technologie, passant de trois presses en 2022 à six d’ici à la fin de l’année pour des pneus de 200 à 500 mm d’épaisseur.

Une fois les pneus vulcanisés, ils sont assemblés sur leurs jantes, contrôlés puis expédiés. Pour les rouleaux, l’assemblage est réalisé sur un tube en acier bordé de bouchons à chaque extrémité.

Olivier Phely vient d'ouvrir le capital d'Otico à des fonds d'investissement pour financer la croissance de l'entreprise.

 

Cap sur l’Amérique du Sud

Au fil du temps, Otico a su se démarquer et étendre son influence. D’abord en Europe, où l’entreprise fournit de nombreux constructeurs de semoirs et d’outils de travail du sol. Otico s’est ensuite fait connaître en Amérique du Nord (2007) puis en Afrique du Sud (2010). Récemment, elle a renforcé sa présence en Europe de l’Est grâce à un partenariat avec FKL, fabricant serbe de roulements qui distribue les produits Farmflex. En trois ans, le chiffre d’affaires de l’entreprise a doublé, générant 40 millions d’euros en 2022. Désormais, c’est le marché brésilien qui concentre son attention. 

« La récession européenne en cours et à venir pousse les constructeurs de machines agricoles à rechercher de nouveaux marchés, et nous avec », indique Olivier Phely.

Pour réussir à accélérer le déploiement international de sa société, le dirigeant a fait entrer Bpifrance et Unigrains à hauteur de 30 % dans son capital. 

« Nous comptons sur leur soutien pour accroître notre développement », conclut-il.

 

 

 

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