« L’ensilage avec une remorque autochargeuse présente des avantages en termes d’organisation des chantiers en comparaison de l’ensileuse. Nous limitons les besoins en main-d’œuvre et gagnons en flexibilité. Cette machine permet en effet de récolter tout type de fourrage ou de paille, et peut également servir au transport de l’ensilage de maïs lorsqu’une ensileuse assure la récolte. Nous proposons ainsi à nos clients une solution clés en main moins onéreuse que les chantiers d’enrubannage ou d’ensilage classiques », témoigne Patrick Bretin, responsable de l’ETA vendéenne Bretin. L’entreprise pratique l’ensilage d’herbe avec des remorques autochargeuses depuis vingt ans. Preuve du succès de cette technique, elle vient d’acquérir son quatrième modèle, une Jumbo 8540 de la marque Pöttinger.
La transmission de cette remorque ensileuse est désormais assurée par une courroie plate Powerband à six brins, et non plus par un boîtier à renvoi d’angle comme sur les anciennes générations de Jumbo. Elle assume ainsi une puissance plus élevée (500 ch au maximum) et procure plus de souplesse. La vitesse de chargement s’avère également plus importante, et ce, quelle que soit la régularité des andains. L’entraînement, offrant un couple de 3 500 Nm, est relié à une sécurité à cames située après la courroie afin d’éviter les déclenchements susceptibles d’être induits par les vibrations. Pour assurer son fonctionnement, cette remorque autochargeusedoit être attelée à un tracteur d’une puissance supérieure ou égale à 300 ch. Elle dispose d’un pick-up pendulaire à cames, de 2,3 m de large, muni de sept rangées de dents. Ce dernier bénéficie d’une suspension hydraulique montée sur un système de rotules qui limite la pression au sol à 100 kg et assure un suivi précis. Sa rotation, entraînée hydrauliquement, est désormais proportionnelle à la vitesse d’avancement avec un régime variant sur une plage de 75 à 125 tr/min. Cette caractéristique limite son usure et optimise la régularité de coupe, tout en évitant l’effet peigne et le risque d’effeuillage pour les fourrages fragiles.
Une longueur de coupe de 25 mm
La barre de coupe Powercut du Jumbo 8540 est munie de 65 couteaux espacés de 25 mm. La longueur de coupe théorique atteint donc 25 mm, au lieu de 34 mm sur les autres modèles 7000 de l’entreprise ne disposant que d’une barre de 48 couteaux.
« Elle coupe ainsi 30 % plus court, tout en nécessitant seulement 15 % de puissance en plus. Les 9 mm en moins divisent par 3 ou 4 la proportion de brins longs, ce qui favorise un meilleur tassage au silo et donc une meilleure conservation », explique Antony Lepeltier.
La qualité de coupe, quant à elle, est accrue par la position asymétrique des couteaux générant un effet ciseaux. Ces pièces travaillantes à sécurité individuelle à ressorts sont affûtées automatiquement grâce au système Autocut entraîné électro-hydrauliquement, lequel renforce aussi l’effet ciseaux. L’affûtage est déclenché manuellement par une simple pression sur une commande électrique après avoir descendu hydrauliquement la barre de coupe. Pour ce faire, la pierre est entraînée via un moteur hydraulique, tandis que ses déplacements sont générés par un bloc électrique afin de gagner en précision.
Cinq minutes sont nécessaires pour affûter les 65 couteaux de la barre de coupe. Ce dispositif réduit en conséquence les charges d’entretien et l’usure de ces pièces. Leur remplacement se voit en outre facilité par un système hydraulique centralisé et par un pivotement latéral de la barre de coupe. Enfin, toutes les fonctions de cette dernière peuvent être commandées depuis un écran présent, de série, sur le côté de la remorque.
Le rotor de chargement présente un diamètre de 850 mm et fonctionne suivant un régime de 50 tr/min. Il est entraîné par un boîtier à renvoi d’angle planétaire. Il intègre huit rangées de dents disposées en étoile, avec des pointes de 10 ou 12 mm de large.

« L’ensilage d’herbe doit être suffisamment préfané, avec un taux de matière sèche de 35 à 40 %, pour intervenir dans les meilleures conditions. Plus l’herbe est sèche, plus elle va devenir piquante, ce qui favorise la rumination. L’idéal est de faucher à plat et de faner pour mélanger l’herbe dans l’andain. Lors de l’utilisation d’une ensileuse, la vitesse du rotor est nettement plus élevée, le fourrage est alors plus déchiqueté, ce qui limite l’effet piquant. Elle fait aussi sortir les sucres de la plante, si bien que l’usage de conservateurs est nécessaire. Enfin, pour un même volume de remorque, l’autochargeuse s’avère plus avantageuse s’il y a de nombreux déplacements, car elle permet de récupérer plus de fourrage par tour », souligne Antony Lepeltier, spécialiste remorques chez Pöttinger.
Une densité de chargement optimisée
Le volume de chargement de la Jumbo 8540 atteint 54 m3 DIN et 56,6 m3 avec des rehausses. Le fond mouvant, fonctionnant jusqu’à 35 m/min, comprend quatre chaînes plates permettant le déchargement d’une diversité de produits. La machine peut disposer, en option, d’une paroi frontale intelligente qui automatise entièrement les processus de chargement et de déchargement. Elle est équipée d’un volet de compression de 830 mm de long. Un capteur de contrainte, positionné sur la paroi frontale, enregistre la densité. Il complète les mesures effectuées par le capteur de couple de chargement sur la courroie et par celui du volet de compression. L’ensemble de ces mesures régule le volume de compression souhaité et la hauteur de remplissage de la remorque. Le support des racleurs peut recevoir, en option, un quatrième capteur permettant de détecter le précompactage au-dessus du rotor afin d’activer le fond mouvant. Trois modes de chargement automatiques sont disponibles, selon que le fourrage est sec, vert ou préfané. Tous garantissent une régularité et une densité de chargement des remorques. Le volet de compression permet notamment d’obtenir des densités pouvant atteindre, selon le taux de matière sèche, jusqu’à 500 kg/m3.
Parmi les 12 salariés, Franck Bretin, fils du responsable de l’entreprise, est affecté à la conduite de cette machine. Il constate un débit de chantier variable, de 25 à 30 ha par jour, à une vitesse de travail comprise entre 8 et 10 km/h. Ce rendement dépend de la taille des parcelles, de la distance entre le champ et le silo, et de la densité de fourrage. Pour cette prestation, l’entreprise applique un tarif à l’hectare situé entre 115 et 140 € en fonction du volume.
« Avec un volume de chargement de 56,6 m3, nous pouvons transporter entre 22 et 27 t de fourrage. Cette technique d’ensilage nécessite de réaliser au préalable des andains réguliers. Après une première campagne, nous constatons une coupe régulière et de qualité avec cette remorque autochargeuse. Le pick-up proportionnel à la vitesse d’avancement présente un intérêt lorsque nous récoltons de la matière feuillue comme la luzerne, car il peut fonctionner au ralenti et donc limiter l’effeuillage. Nous gérons aussi plus facilement les chantiers lorsque le fourrage est humide. Enfin, l’affûtage automatique constitue un point fort en limitant l’entretien en fin de journée », précise le chauffeur. « Sur le plan économique, plus les déplacements sont importants, plus il s’avère intéressant de récolter à l’autochargeuse », ajoute-t-il.
Des essieux directeurs électriques
La machine s’équipe d’un essieu tridem directeur, à commande électrique sans contact (dépourvue d’une barre de commande reliée au tracteur), bénéficiant d’un freinage pneumatique et d’une suspension hydropneumatique.
« La commande sans contact simplifie l’attelage. En effet, plus besoin de connecter les rotules de barre, il suffit d’accoupler la boule K80. Ce système offre également un meilleur rayon de braquage et une marche en crabe au ralenti. La suspension hydropneumatique, pour sa part, assure une meilleure stabilité et augmente le débattement. C’est un avantage pour les entrepreneurs qui veulent décharger sur le silo », précise Antony Lepeltier.
L’entreprise intervient chez des clients situés en Vendée et dans les Deux-Sèvres. Son responsable compte développer cette prestation avec sa nouvelle remorque autochargeuse qui permettra à l’entreprise de récolter 400 ha supplémentaires. À cette fin, il organise des démonstrations pour convaincre les exploitants de l’intérêt de cette technique d’ensilage sur le plan nutritionnel et des performances de ce modèle.