« Nos canons d'irrigation sont pilotés par GPS via Raindancer »

Le Gaec de la Mitonnière, installé à L’Herbergement (Vendée), cultive une surface agricole utile de 202 ha, dont un peu plus de la moitié est irrigable. Selon les années, les exploitants arrosent entre 50 et 55 ha de cultures, principalement le maïs ensilage pour les vaches laitières, mais aussi les surfaces de haricots « mogettes de Vendée ». Les apports d’eau sont assurés par deux enrouleurs Bording de 450 m de longueur. L’exploitation dispose d’une réserve privée de 83 000 m³.

Nicolas Danieau, cogérant du Gaec de la Mironnière, estime que le matériel Raindancer optimise la répartition de l’eau et lui fait gagner un temps précieux au quotidien pendant la période d’irrigation. (© D.L.)

« Nous avons développé l’irrigation sur la ferme en 2014, avec l’objectif principal de sécuriser notre production de maïs fourrage, explique Nicolas Danieau, associé avec David Fournier sur cette ferme en polyculture-élevage. Cela nous a permis, en complément, de cultiver chaque année une quinzaine d’hectares de mogettes, une production trop aléatoire sans eau. L’irrigation est devenue indispensable sur l’exploitation, mais le déplacement du matériel et le suivi de son bon fonctionnement sont parfois chronophages. C’est pourquoi, au printemps 2022, nous avons installé le système Raindancer sur nos deux enrouleurs. Cela nous fait gagner beaucoup de temps au quotidien, et les apports d’eau sont aussi plus précis. »

Retournement automatique du canon

Ce matériel d’origine allemande est distribué sur ce secteur par l’entreprise TPI, filiale de BPM Agri. Il s’adapte sur tous les types de canons d’irrigation ou presque, et se compose de plusieurs éléments, dont une balise GPS autonome couplée à une batterie et à un panneau solaire. Cette dernière, fixée sur le châssis du canon, comporte un module de pilotage électronique ainsi qu'une carte SIM qui renvoie les données à l’application que l’agriculteur utilise sur son téléphone ou son ordinateur. Cet ensemble peut être employé seul pour connaître la position du canon dans la parcelle et savoir quand le cycle est terminé. Mais la plupart des acheteurs vont plus loin en s’équipant également du « Sector Control ». Il s’agit d’une platine motorisée disposée sous le canon et servant à moduler en continu l’angle de travail de l’arroseur.

Une platine motorisée est placée sous l’axe du canon. La balise GPS est alimentée par un panneau solaire. (© D.L.)

Le principe est simple : l’exploitant entre dans l’application les contours de sa parcelle, soit en téléchargeant ses données PAC, soit en redessinant directement ses champs sur une carte avec la souris de l’ordinateur. Au moment de démarrer un tour d’irrigation, il précise la portée du canon sur l’application. Connaissant la position du matériel dans la parcelle et la zone arrosée, le système va alors automatiquement définir l’angle de travail qui permet de ne pas envoyer d’eau en dehors du champ. Cette sectorisation évolue ensuite en continu, au fur et à mesure que le canon avance. Pour irriguer parfaitement dans les coins, il est également possible de commencer l’arrosage vers l’intérieur de la parcelle, puis de programmer un retournement automatique du canon, sans intervention de l’exploitant. Le système Raindancer agit également sur la régulation de l’enrouleur pour moduler la vitesse de retour et apporter la bonne quantité d’eau.

Là où la réserve utile du sol était moindre, l’apport d’une plus grande quantité d’eau a permis d’améliorer le rendement en ensilage de maïs de manière significative : 14,9 t de MS/ha en zone non modulée, contre 17,5 t de MS/ha sur la partie modulée. (© D.L.)

Un suivi depuis le téléphone

« C’est réellement très pratique, commente l’agriculteur. D’une part, je peux suivre l’avancement du chantier directement sur mon téléphone, et je me déplace uniquement quand c’est nécessaire. D'autre part, en adaptant automatiquement l’angle du canon, l’application évite le gaspillage d’eau et l’arrosage des routes ou des parcelles voisines. En termes d’image, c’est un vrai progrès. »

L’agriculteur a entré les contours des parcelles sur l’application. Le système s’adapte ensuite automatiquement pour ajuster le secteur irrigué sans envoyer d’eau en dehors du champ. (© D.L.)

L’équipement Raindancer est compatible avec la plupart des marques de matériels d’irrigation. La fixation des différents éléments sur le canon s’effectue en deux à trois heures. Selon les modèles d’enrouleurs, il faut parfois remplacer le boîtier de régulation pour rendre la communication compatible, précise le concessionnaire. Le coût d'une installation complète, avec toutes les fonctionnalités décrites ci-dessus, est compris entre 6 000 et 8 000 €, selon le type d’enrouleur à équiper. L’agriculteur doit aussi prévoir les abonnements, de l’ordre de 300 à 350 € par an et par enrouleur, pour l'accès à l’application et pour les cartes SIM qui transmettent les données.

Les données liées aux deux enrouleurs du Gaec sont envoyées sur l’application que l’agriculteur utilise sur son téléphone ou son ordinateur. (© crédit)

Ce matériel offre d’autres fonctionnalités comme la régulation de la pression de l’eau. Ainsi, grâce à un capteur placé sur le canon, l’application Raindancer peut piloter directement le moteur de la pompe, s’il est équipé d’un variateur de fréquence, et modifier la pression au départ du circuit. Cette fonction intéressera les irrigants dont les parcelles comportent d’importants dénivelés, afin de toujours conserver la même pression à la sortie du canon. L’application permet aussi de moduler les quantités d’eau épandues (lire encadré ci-contre) et conserve l’historique des apports, ce qui présente un intérêt en termes de traçabilité.

Modulation de l’irrigation à la parcelle : des résultats encourageants

En 2023, Nicolas Danieau, polyculteur-éleveur en Vendée, a testé la modulation de l’irrigation lors d'un essai avec sa coopérative Cavac. Pour cela, une cartographie a été réalisée par le prestataire Be Api afin de connaître les hétérogénéités de sol, notamment au niveau de la réserve utile.

« La parcelle présentait des différences, avec une moyenne à 102 mm sur certains secteurs, contre 129 mm ailleurs, souligne l’agriculteur. Comme le matériel Raindancer permet de faire varier les quantités d’eau épandues d’un point à un autre, nous avons voulu savoir si des apports modulés en fonction de la réserve utile avaient un impact sur la production de maïs ensilage. Des zones témoins ont donc reçu systématiquement la même quantité d’eau à chaque passage. Ailleurs, le canon déposait 80 % seulement de la dose sur les sols à forte réserve utile et 120 % là où la capacité de rétention était plus faible. En mesurant les rendements en septembre, nous avons constaté des gains dans les deux situations. »

En effet, partout où la réserve utile était moindre, l’apport d’une plus grande quantité d’eau a permis d’améliorer le rendement de manière significative : 14,9 t de MS/ha en zone non modulée, contre 17,5 t de MS/ha sur la partie modulée. Un résultat prévisible puisque, sur un sol à moindre potentiel, le rendement a augmenté avec la quantité d’eau reçue. Mais l’essai a aussi montré que, sur les secteurs à forte réserve utile, il était contreproductif d’apporter trop d’eau. En effet, sur la zone témoin, le rendement était de 16,2 t de MS/ha, alors que, en apportant 20 % d’eau en moins, la productivité a atteint 18,1 t de MS/ha.

« Il ne s’agit que d’un seul essai, précise Nicolas Danieau, mais il est intéressant de voir que, en apportant une dose moyenne, les zones à faible potentiel n’en reçoivent pas assez, alors que, là où la réserve utile est meilleure, cela peut entraîner une sur-irrigation avec un impact négatif. Cartographier la parcelle et moduler l’irrigation semblent donc intéressants, à la fois pour économiser de l’eau et pour optimiser les rendements. » De nouveaux essais sont planifiés cet été pour améliorer les données.