Moduler l'apport en eau dans les cultures de pommes de terre, oignons, carottes, épinards et autres haricots de façon autonome et sans main-d’œuvre, telle est l’ambition de l’entreprise Osiris Agriculture avec son prototype de robot d’irrigation dénommé « Oscar ». Doté d’une rampe sur enrouleur, il permettrait de réduire l’apport en eau de 30 % par rapport à une irrigation classique avec enrouleur, selon les fondateurs d’Osiris Agriculture. En effet, ce robot s’équipe d’un système d’intelligence artificielle capable d’analyser la plante et son environnement pour réaliser une irrigation au plus près de la végétation ainsi qu’une modulation de dose intraparcellaire.
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Deux solutions d’analyse du besoin en eau
Pour réguler l’apport en eau, l'Oscar utilise deux types de technologies, choisies à l’achat par l’utilisateur.La première repose sur une carte de préconisation enregistrée dans le logiciel du robot. Ce dernier sera à même de moduler la dose d’application selon sa position dans la parcelle, définie grâce à la géolocalisation RTK intégrée. La seconde technologie, plus complexe et onéreuse, s’appuie sur l’environnement et le statut de la plante de manière instantanée. Le robot embarque ainsi de multiples capteurs et caméras collectant les données sur le statut foliaire, l’humidité et la température de l’air et du sol. Il implémente également sa base de données avec les informations de la station météo installée à proximité de la parcelle. Grâce à l’algorithme embarqué, l'Oscar est à même d’apporter la quantité d’eau nécessaire sur une zone d’une dizaine de mètres carrés.
Deux façons de moduler
« À l’achat de notre produit, l’utilisateur pourra choisir entre deux types de modulation », annonce Henri Desesquelles, cofondateur d’Osiris Agriculture, installée à La Bassée (Nord), près de Lille.
La première, la plus simple et la moins chère, consiste à faire varier la vitesse d’avancement du robot lors de l’irrigation.La seconde solution repose sur la variation du débit en eau buse par buse. Chacune d’elles reçoit alors une électrovanne de contrôle capable de moduler un débit de 0,1 à 60 m3 à l’heure.
« La gestion de la modulation de l’apport en eau sur les cultures de pommes de terre ou légumières peut s’effectuer de manière partiellement ou totalement autonome, selon l’approche de l’utilisateur », continue le cofondateur de l’entreprise.
Depuis la plateforme web pour contrôler l'Oscar, l’agriculteur pourra lui-même activer le mode « prise de décision automatique ». La machine régulera l’apport en eau sur la plante selon la carte de préconisation précédemment enregistrée ou grâce aux différentes données collectées en instantané par les capteurs. L’utilisateur a également la possibilité de définir un référentiel de débit ainsi qu’un pourcentage de marge de manœuvre à ne pas dépasser lors de la modulation, selon le besoin de la plante.
« Toutefois, si l’agriculteur n’est pas satisfait du travail de notre robot d’irrigation, il pourra pleinement reprendre la main à distance depuis l’interface web afin de définir lui-même la quantité d’eau à apporter selon les zones de la parcelle », indique Henri Desesquelles.
Une rampe aussi large que celle du pulvérisateur
« Auparavant, à l’élaboration de notre prototype, en 2021, le robot s’équipait d’une rampe d’irrigation de 14 m de large pour travailler sur 16 buttes au maximum. En bout de champ, il effectuait son demi-tour 16 rangées plus loin. Les roues de ce robot étaient ainsi amenées à passer entre les buttes. Toutefois, après une batterie de tests sur trois saisons d’irrigation auprès de nos agri-essayeurs, ces derniers nous ont indiqué vouloir limiter le tassement du sol et donc favoriser la circulation du robot au niveau des passages de roues de leur pulvérisateur »,explique Henri Desesquelles.
Osiris Agriculture revoit donc la cinématique de déplacement de son robot Oscar. Ce dernier doit également recevoir une rampe d’irrigation d’une largeur identique à celle du pulvérisateur de l’exploitant. Aujourd’hui, la start-up peut fournir des rampes de 28 à 38 m de large. En outre, lors de son travail d’irrigation, le robot réalise désormais un aller puis un retour en roulant uniquement sur les passages de roues du pulvérisateur. L'Oscar d'Osiris Agriculture devrait voir le jour dans sa version finalisée d’ici à 2025.
« Certaines concessions de la région Hauts-de-France se disent même prêtes à nous suivre et à commercialiser notre produit », conclut Henri Desesquelles.