Nicolas Fuzeau est agriculteur depuis 1998 à Chenay, dans le département des Deux-Sèvres. Il travaille avec son épouse, Sonia, salariée de l'EARL. L’exploitation de 245 ha produit essentiellement des céréales et des oléoprotéagineux. Depuis 2018, il est un des premiers utilisateurs du système Autospray de Kuhn, solution qui équipe son pulvérisateur traîné Métris 4102. « C’est une technologie que je ne connaissais pas à l’époque, reconnaît l’agriculteur. Avant cet appareil, j’avais déjà un pulvérisateur Kuhn de 24 m de large, que je voulais remplacer par un modèle de 36 m. J’avais initialement commandé un appareil équipé de porte-buses à sélection automatique, car je ne voulais plus être obligé de descendre du tracteur pour les faire pivoter un à un lors d’un changement de vitesse du vent. L’usine Kuhn m’a alors contacté pour me proposer l'un des premiers exemplaires de leur gamme équipés du nouveau système Autospray. Le fonctionnement et les avantages étaient intéressants, j’ai donc accepté leur offre. »
Buses à pulsations
L’Autospray est basé sur l’utilisation de la technologie PWM(1), employant des buses dites « à pulsations ». Ce dispositif, désormais proposé par la plupart des marques, fait appel à des porte-buses spécifiques, équipés d’un système d’ouverture et de fermeture très rapide. En créant des microcoupures à haute fréquence, jusqu’à 20 par seconde, il permet d’agir sur la taille des gouttelettes et sur le débit de bouillie sans avoir à changer la pression à l’intérieur du circuit. Premier avantage : avec une seule buse, il est possible d’avoir une plage de travail beaucoup plus étendue, correspondant à trois ou quatre buses différentes. La technologie s’adapte presque instantanément : ainsi, quand le tracteur ralentit ou accélère, la régulation maintient un débit et une qualité de pulvérisation optimums. Grâce à un pilotage individuel, buse par buse, l'utilisateur est en mesure de couper chaque sortie individuellement et de faire varier le débit dans les virages et au tronçon pour de la modulation. C’est le principe désormais utilisé sur les appareils dotés d’une fonction modulation (lire notre encadré).
« Ce que j’apprécie en premier lieu, avec ce matériel, c’est sa facilité d’utilisation, souligne Nicolas Fuzeau.Quand je suis en train de traiter et que le vent se lève, il me suffit de sélectionner une plus grosse taille de gouttelette sur l’écran pour réduire le risque de dérive et ainsi continuer à travailler. Avant, je devais m’arrêter pour tourner les porte-buses et changer tous mes réglages : c’est aujourd’hui beaucoup plus simple. Avec une même buse, je travaille aussi efficacement à 7 km/h qu’à 18 km/h. Auparavant, j’étais parfois obligé de réduire ma vitesse de travail pour garder une taille de goutte suffisante afin d'éviter que le produit ne s’envole chez le voisin. Le système présente aussi un autre intérêt : sa réactivité. Au moment de démarrer en bout de champ, ou bien en bas d’une côte, si le tracteur n’avance pas à la vitesse voulue, le débit s’adapte aussitôt. C’est très précis, car, en fin de chantier, j’ai généralement consommé exactement la quantité de bouillie prévue, et ma cuve est vide. »
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Dose variable dans les virages
Grâce au pilotage individuel de chaque buse, l’Autospray coupe automatiquement les sorties une à une dans les zones en pointe. L’économie de produit est donc plus importante qu’avec une coupure par tronçon. Le système ajuste aussi instantanément la dose pulvérisée lorsque l’appareil aborde un virage : à l’intérieur de la courbe, le débit est réduit alors qu’il augmente à l’extérieur. Ramenée au mètre carré, la quantité de produit épandu est donc la même partout. C’est l’écran Kuhn CCI 1200, installé en cabine, qui gère toutes ces fonctionnalités. Cette console utilise une balise GPS placée au niveau de la rampe du pulvérisateur. Elle pourrait aussi bien être reliée au guidage du tracteur via l’Isobus. La configuration de l’écran et l’agencement des menus sont bien notés par Nicolas Fuzeau, car il est facile de trouver les bons réglages et de choisir les informations à afficher en priorité.
L’arrivée de ce pulvérisateur n’a demandé aucune adaptation particulière. Le tracteur utilisé est un New Holland T6.175 doté de la transmission Dynamic Command. Le concessionnaire a juste ajouté une prise électrique à l’arrière, en plus de la prise Isobus, pour alimenter le système en 12 V. L’appareil est équipé de pentajets avec une buse antidérive CVI rouge, deux buses à jets pinceaux classiques bleu et marron, ainsi que deux buses pour l’azote liquide (l'une blanche à trois filets et l'autre bleue à sept filets). Il a déjà réalisé cinq campagnes. Un seul problème a été relevé au bout de la troisième année, lié à un phare de travail placé sur la rampe. L’étanchéité du verre s’est dégradée, et de l’humidité y est entrée. Résultat : la carte électronique de l’éclairage s’est abîmée, ce qui perturbait le dépliage des rampes. « Le problème a été identifié et résolu, mais depuis, je fais attention à l’état de ces phares pour que cela ne se reproduise pas, ajoute l’agriculteur. Quand je lave le pulvérisateur, j’évite évidemment d’utiliser le nettoyeur haute pression au niveau du faisceau électrique et des boîtiers électroniques. J’ai d’ailleurs prolongé les bavettes des garde-boue du pulvérisateur pour limiter les projections de terre. Sur le relevage arrière du tracteur, j’ai également placé un support avec deux bavettes qui réduisent le salissement de l'appareil. Ce n’est pas grand-chose, mais cela permet de le garder propre plus longtemps. Globalement, je suis très satisfait de ce matériel. Je travaille généralement entre 8 et 18 km/h selon les traitements. La rampe est équipée d’un capteur qui la maintient parallèle au sol. Cet équipement est réactif et indispensable à grande vitesse pour assurer une stabilité et éviter les chocs. Avec l’Autospray, je pourrais aussi réaliser de la modulation de dose, mais, pour le moment, ce n’est pas d’actualité. Il faudrait pour cela que je fasse cartographier mes sols pour connaître les hétérogénéités au sein des parcelles, et aussi que j’équipe ma moissonneuse d’un capteur de rendement. Cela représente un investissement supplémentaire. À l’avenir, pourquoi pas ? »
(1) PWM : pulse width modulation (modulation de la durée d’impulsion).