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Récolte - Sénéclauze Une moissonneuse-batteuse 100 % hydraulique récoltant 500 q/h

La moissoneuse-batteuse Hydrotronic AC 500, inventée par un entrepreneur français, Thierry Sénéclauze, doit offrir un débit de chantier supérieur à 500 quintaux battus par heure.

Suite à notre dossier "30 ans d'innovations" paru dans le mag, nous avons décidé de vous partager cette machine hors du commun.

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Lorsque Thierry Sénéclauze a défini le cahier des charges de sa future moissonneuse-batteuse, il n’a pas manqué d’ambitions. Sa machine devait offrir une durée de vie de 10 000 heures, un rendement de 500 quintaux par heure (q/h) et une fiabilité maximale. Son expérience de la moisson, il l’a héritée de son père et de l’entreprise de travaux agricoles familiale. Depuis 1963, celle-ci a travaillé dans toutes les régions de France et a compté jusqu’à six moissonneuses-batteuses, lesquelles récoltaient notamment le riz de la vallée du Rhône dont la paille est réputée pour son abrasivité.

Ne trouvant pas de moissonneuse-batteuse à son goût sur le marché, Thierry Sénéclauze en a fabriqué une lui-même, avec une cinématique principalement hydraulique. (© B.S.)

Les différentes machines qui se sont succédé dans l’entreprise ne lui donnaient pas satisfaction. Il trouvait leurs rendements trop faibles, leur entretien trop contraignant, et leur durée de vie trop courte. La décision de construire une moissonneuse a été lancée dans un pari fou, au retour d’une visite du Sima où Thierry Sénéclauze n’avait pas trouvé la machine répondant à ses souhaits. Après trois mois de construction, l’Hydrotronic AC 500 est enfin entrée dans un champ. La trémie s’est alors remplie de grains, et de la paille en bon état en est sortie. Le pari était tenu, mais ce fut aussi le début d’une longue série de mises au point et de réglages.

Une cinématique tout hydraulique

« Notre idée était de fabriquer une moissonneuse-batteuse conventionnelle en mode industriel, totalement hydraulique, construite comme un engin de travaux publics », précise Thierry Sénéclauze.
(© B.S.)

L'inventeur a donc banni de sa machine toute transmission mécanique, à l’image des poulies et courroies. Les pièces tournantes sont entraînées par des moteurs hydrauliques indépendants, alimentés par des canalisations et des flexibles.

« Le volume de la machine est utilisé au maximum, car les organes hydrauliques tiennent moins de place que les entraînements par courroie », commente l'agriculteur.

Dans l’intervalle des 3 m de largeur de la machine qui sont imposés par la législation routière, cette dernière peut ainsi recevoir un batteur transversal à 12 battes de 2 m de large et de 900 mm de diamètre, soit le plus gros des batteurs transversaux implantés sur une moissonneuse-batteuse à cette époque. En général, leurs dimensions ne dépassent pas 1,70 m de large et autour de 600 mm de diamètre. La taille des autres organes de séparation est à la même échelle, avec une largeur intérieure de caisson d'environ 2 m. Ce dernier intègre le tire-paille de 600 mm de diamètre, le système de séparation pneumatique « Pneumaflux » – pour lequel Thierry Sénéclauze a déposé un brevet –, les secoueurs et les tables de séparation en acier inoxydable. Ces organes permettent à la machine d’atteindre la capacité de rendement de 550 q/h annoncée par le constructeur.

Du convoyeur à la hotte, derrière les secoueurs, l'intérieur de l'Hydrotronic AC 500, avec ses différents organes de battage et de séparation, mesure 2 m de large. (© B.S.)

Un contrôle électronique

La vitesse de rotation de chacun des moteurs hydrauliques est régulée par le micro-ordinateur de bord. Le constructeur a donc la possibilité, pour chaque type de récolte, de définir des vitesses particulières de rotation des organes et de les reprogrammer. En cas de bourrage, ces organes sont protégés contre la surpression par un clapet de décharge, et, en cabine, le conducteur peut inverser la rotation.

« Le chauffeur n’a plus besoin d’ouvrir les capots et de tirer sur les courroies pour débourrer la machine », explique Thierry Sénéclauze.

Avec de telles capacités de rendement, le constructeur trouve la largeur de la barre de coupe, avec ses 7,6 m, trop limitée pour alimenter d’une manière satisfaisante la machine. Son assiette par rapport au sol est contrôlée automatiquement grâce à des capteurs de position à ultrasons prenant place aux deux extrémités de la barre. Elle peut avoir un angle de débattement transversal maximal de 25°. Pour les terrains en pente, l’horizontalité de la caisse est assurée par l’action de vérins sur le pont avant. L’innovation est également présente dans le convoyeur, dont la traditionnelle chaîne à barrettes est remplacée par une bande de caoutchouc crantée. Quant au moteur, il s’agit d’un V10 Deutz AG de 410 ch refroidi par air. Les 15 t de la machine sont entraînées selon deux gammes de vitesse, par les quatre roues motrices associées chacune à un moteur hydraulique Poclain.

Les 15 t de la moissonneuse-batteuse Hydrotronic AC 500 sont entraînées par un bloc-moteur V10 Deutz AG de 410 ch refroidi par air. (© B.S.)

Forcément plus chère

« Cette moissonneuse-batteuse sera forcément plus chère que ses concurrentes », indique son inventeur. « Elle n’a rien à voir avec une moissonneuse-batteuse existante et a déjà tourné à 620 q/h ! », s'exclame un céréalier de la Meuse, chez lequel la machine était expérimentée. 
Thierry Sénéclauze argumente : « Elle a été conçue pour comporter le moins de pièces d’usure possible, et aucun organe à entretien journalier. Tous les éléments mécaniques sont des pièces industrielles courantes, largement diffusées et facilement réparables. L’Hydrotronic est prévue pour durer 10 000 heures avec de faibles coûts d’entretien. » Pour l’heure, l’inventeur prévoit l’industrialisation d’une présérie de quatre ou cinq machines.

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