Dossier menues-pailles ETA Lecoq : « Nous récoltons les menues-pailles à l’aide d’une remorque à transbordement »
Depuis deux campagnes, l’ETA Lecoq, dans la Loire-Atlantique, récolte la menue-paille avec une remorque à transbordement. Malgré plusieurs péripéties, les deux frères entrepreneurs, Gildas et Pascal Lecoq, se disent convaincus par l’outil attelé derrière la moissonneuse-batteuse.
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En 2019, lorsqu'un client engagé dans la phase d’installation d’un méthaniseur les sollicite pour collecter la menue-paille, Gildas et Pascal Lecoq se montrent d’abord frileux. Pour cette ETA située à Moisdon-la-Rivière, dans le nord de la Loire-Atlantique, cela ne représente que des inconvénients dans la période déjà compliquée de la moisson. « Nous n’avions pas de bons retours sur les formats dits “cartables” fixés sur la moissonneuse-batteuse, qui abîment le châssis. Il aurait fallu acheter une machine d’occasion déjà équipée qui aurait réduit notre débit de chantier », explique Gildas Lecoq. Son frère, lui, évoque l’inconvénient des tas en bout de parcelle qui salissent les sols. C’est en 2023 qu’ils changent leur fusil d’épaule après avoir vu la remorque à transbordement Thiérart en action dans une exploitation mayennaise. « Le fonctionnement avec un attelage à la place du chariot de coupe nous plaisait bien », confirme Gildas Lecoq. L’achat est donc acté, par l'intermédiaire d'un concessionnaire et non en direct, pour se sécuriser dans le cadre de l’utilisation d’un nouveau matériel. Depuis 2024, c’est Gildas qui conduit la moissonneuse-batteuse, une New Holland CR 8.90, à laquelle est attelée la remorque. « Nous avons contractualisé 300 ha avec les clients en méthanisation, pour récolter en moyenne 300 t par an, mais nous n’avons pas encore réussi à atteindre cette surface. En 2024, la récolte a été très compliquée et, cette année, la remorque a brûlé après 130 ha », détaille l’entrepreneur mariligérien (voir encadré). Pour autant, les deux frères ont déjà prévu d’en commander une nouvelle au constructeur pour la prochaine moisson.
Des chantiers plus complexes
Bien que perturbées, ces deux premières campagnes ont permis à Gildas Lecoq de se faire la main sur la logistique de récolte. « C’est presque un chantier d’ensilage, il est constamment en train de vider », plaisante Pascal Lecoq. Concrètement, la récolte nécessite quatre bennes, deux pour le grain et deux pour la menue-paille. Les chauffeurs sont équipés de talkies-walkies afin de savoir qui doit se présenter. « De mon côté, je dois être très attentif à enclencher les turbines de la remorque. Comme elles ne sont pas connectées à la CR, je n’ai aucun signal pour m’avertir qu’elles ne sont pas lancées », commente-t-il. De la même manière, Pascal Lecoq privilégie les virages vers la droite pour éviter que la goulotte de la machine et le tapis de transbordement de la remorque ne se télescopent. « Pour plus de confort, je demande aux clients de passer avec un déchaumeur quand j’ai fini de détourer, pour éviter les à-coups en bout de parcelle liés aux possibles raies de charrue. » L’entreprise demande également aux clients de prendre en charge le déplacement de la barre de coupe jusqu’à la parcelle puisque la remorque de transbordement est déjà attelée à la moissonneuse-batteuse. « La remorque possède une position route, dans laquelle le tapis se trouve dans l’axe de la moissonneuse-batteuse, et une position travail, où elle pivote de 90°, à l'image de la goulotte », détaille-t-il.
Un système entièrement démontable
Aux yeux des frères Lecoq, l'un des principaux atouts du système de turbines dont se dote la remorque Thiérart est d’être entièrement démontable. « Nous l’avons retiré l’an dernier pour le maïs », confirme Pascal Lecoq. Les deux turbines qui le composent sont positionnées en lieu et place des éparpilleurs de la CR. Elles collectent la menue-paille puis l’acheminent par deux tuyaux jusqu’à la trémie de la remorque, derrière la machine de récolte. « Ce sont des tuyaux de meunier, sans aspérité à l’intérieur, pour ne pas ralentir le flux », détaille l’entrepreneur. La remorque possède une capacité de 20 m3, soit environ 1 ha. Elle se compose d’un tapis convoyeur et d’un démêleur évitant que la menue-paille ne se compacte en activant un vilebrequin. « Il y a des cycles prédéfinis de fonctionnement du tapis et du démêleur, en alternance, pour optimiser leur fonctionnement. Si les conditions ne sont pas bonnes ou que la parcelle est trop verte, j'allonge le temps de fonctionnement du démêleur », rapporte Gildas Lecoq.
Les turbines, le tapis et le démêleur sont alimentés par un bloc hydraulique positionné à la place du système qui alimente classiquement les éparpilleurs. Leur réservoir hydraulique dédié et le système de refroidissement sont positionnés vers le compartiment moteur de la CR. Le fabricant Thiérart a également retravaillé l’attelage de la moissonneuse-batteuse, constitué désormais d'un crochet déporté sur un petit châssis, pour le rendre plus robuste. La connexion hydraulique s'effectue par des flexibles et prises push-pull. Le timon et les bras d’attelage sont, pour leur part, conçus en cornières en forme de « V » afin d’éviter toute accumulation de paille et de faciliter le passage de la matière sous la remorque. « Dans les virages, il faut être très prudent, car la paille tombe sur les bras et peut rapidement bourrer le tapis PSD qui évacue la matière des rotors. L’idéal reste de battre en ligne droite », prévient Gildas Lecoq.
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