
Au Gaec des Anchottes, à Sornay (Haute-Saône), les menues-pailles sont déposées directement sur l’andain de paille à l'aide d'une conduite de 600 mm de diamètre et de sa vis sans fin. « Nous avons opté pour cette solution afin d’en bénéficier à la fois sur l’activité de méthanisation et sur les ateliers d’élevage bovin et porcin », explique Loris Denizot, l'un des associés du Gaec haut-saônois. Ces activités obligent les agriculteurs à semer de multiples cultures, à l’image du blé, de l’orge, du colza, du soja, du lin, du seigle ou encore du maïs. Le Gaec ramasse ensuite la paille de toutes ces cultures, à l’exception du maïs. Les bottes servent à l’alimentation du méthaniseur, à la nutrition des bovins et au paillage. C’est lors de la récolte que le récupérateur de menues-pailles du fabricant français Thiérart entre en scène. « Notre modèle simplifié dépose les menues-pailles sur les andains de paille formés derrière la moissonneuse-batteuse de l’exploitation, une New Holland CX 6.90, commence par expliquer Loris Denizot. Nous n’avons pas souhaité installer de caisson. Un tel outil nécessite une certaine logistique, et nous n’en avons pas l’utilité. J’avais par ailleurs peur de l’encombrement à l’arrière de notre New Holland. » Le Gaec conditionne alors la paille et les menues-pailles en balles rondes. « Outre le blé et l’orge, nous récoltons les pailles de soja, de colza ou de lin. Nous laissons dans les champs uniquement les résidus de maïs grains. Pour cette dernière culture, le récupérateur fonctionne, mais trop peu de matière en ressort pour être ramassée », précise l'agriculteur.
Dépose sur l’andain
Le fonctionnement du récupérateur Thiérart, positionné juste derrière les grilles de la moissonneuse-batteuse, est relativement simple. Les menues-pailles tombent sur des tables qui les emmènent par gravité à une première vis sans fin horizontale. Cette dernière transporte les menues-pailles vers la droite, jusqu’à une seconde vis qui les achemine vers la goulotte où elles tombent sur l’andain de paille. « Notre récupérateur de menues-pailles nous permet ainsi de les intégrer dans les balles rondes », précise Loris Denizot. Le constructeur Thiérart a lui-même réalisé le montage sur la New Holland, en concession. L’ensemble repose sur un support boulonné sur l’essieu arrière, à la place du crochet d’attelage du chariot de coupe. Ce crochet s'est vu repositionné plus en arrière sur le support du récupérateur.

Les deux vis sans fin de transport sont chacune entraînées par un moteur hydraulique. Leur régime de rotation est de 900 tr/min. L’équipement compte une pompe hydraulique montée contre celle de la CX, un réservoir auxiliaire de 80 L d’huile affecté au fonctionnement du circuit hydraulique, un ventilateur et une centrale électrique pour l’alimentation en électricité des capteurs. « Afin de vérifier le niveau d’huile du réservoir, je dois grimper au-dessus de la moissonneuse-batteuse », indique l'agriculteur. En cabine, un boîtier de commande doté de boutons permet la mise en marche et l’arrêt. Il émet également un signal sonore en cas de bourrage, un capteur étant placé dans le récupérateur.

Deuxième vie pour le récupérateur
Le récupérateur de menues-pailles équipe à ce jour la deuxième New Holland CX 6.90 acquise par le Gaec des Anchottes. Celle-ci se dote de quatre roues motrices, contrairement à leur précédente moissonneuse-batteuse. « Avec notre ancienne machine, le poids d’environ 2 t du récupérateur, qui reposait sur l’arrière de la moissonneuse, était une contrainte, se souvient Loris Denizot. En conditions humides, ses roues arrière s’enfonçaient, et à l’avant elles patinaient jusqu’à s’enliser. Aujourd’hui, le poids du récupérateur est, à l’inverse, bénéfique pour le pont arrière moteur en donnant de l’adhérence à la CX ! » Concernant la conduite et le gabarit, Loris affirme que le récupérateur Thiérart ne surcharge pas la moissonneuse-batteuse en puissance requise : « Je le vois bien à l’ordinateur de bord, je ne suis jamais à 100 % de charge et je ne consomme pas beaucoup plus avec le récupérateur en marche. » La maintenance quotidienne, quant à elle, se résume à deux graisseurs et à la vérification du niveau d’huile dans le réservoir auxiliaire. Une fois par an, l'agriculteur change les grilles. Il possède un premier jeu pour le maïs et un second pour toutes les autres cultures.

Des balles rondes plus denses
Avec cet équipement monté derrière la CX, les associés arrivent à récupérer entre 1,5 et 2,5 t de menues-pailles à l’hectare. Les balles sont ainsi plus nombreuses, selon le rendement de paille, et plus denses. « Le fait de presser plus de bottes nous permet de couvrir davantage nos besoins en paille pour l’année. Niveau composition, la présence de menues-pailles convient à la fois à notre activité de méthanisation et à la ration de nos bovins », précise Loris Denizot. Autre avantage, cette fois agronomique : la propreté des champs. « Grâce au Thiérart, nous pouvons exporter des parcelles une bonne quantité de graines d’adventices. En résumé, notre récupérateur de menues-pailles nous permet d’enrichir la ration de notre méthaniseur et de nos bovins, tout en nettoyant nos champs », se réjouit l’exploitant.
Les menues-pailles dans les rations
En 2011, c’est l’activité de méthanisation qui a motivé les associés à récupérer les menues-pailles. « Nous voulions augmenter la quantité de matière sèche de la ration de notre méthaniseur en voie sèche. Les menues-pailles sont par ailleurs du son, qui a un fort pouvoir méthanogène », explique Loris Denizot. C’est également pour l’atelier d’élevage des bovins charolais que la présence du récupérateur Thiérart est très intéressante. Le Gaec possède 1 000 bêtes à l’engraissement et 180 vaches allaitantes. Là encore, les menues-pailles viennent compléter la ration. « Nous mettons des bottes de paille de colza et de soja dans la mélangeuse. Les menues-pailles rendent l’aliment plus fibreux, une caractéristique propice à la santé de nos animaux. Nous le voyons bien, les bêtes trient et vont chercher le son dans la paille ! » Enfin, la paille de blé, d’orge et de lin est employée au paillage. « Pour autant, nous achetons encore de la paille à l’extérieur, tempère l'agriculteur. Récupérer les menues-pailles nous permet cependant de limiter cette charge. »

Des parcelles plus propres
Travaillant avec des techniques culturales simplifiées et en semis direct, les associés du Gaec se réjouissent du nettoyage des champs. « Le récupérateur de menues-pailles agit comme un aspirateur à l’arrière de la batteuse. En dehors des chaumes, il ne reste rien, c’est impressionnant. Nous libérons donc des parcelles une grande quantité de graines de mauvaises herbes », explique Loris Denizot. Tout étant exporté, la question de la matière organique se pose. Mais de ce côté-là, la ferme possède, grâce à ses ateliers d’élevage, une grande quantité d’effluents. « Beaucoup diront que l’on enlève toute la matière organique de nos champs en exportant paille et menues-pailles. Cependant, nous ramenons du lisier, du fumier et le digestat solide issu de la méthanisation. Dans certaines parcelles sableuses, aux sols filtrants, nous épandons 30 t de fumier à l’hectare », souligne-t-il. Le Gaec parvient ainsi à maintenir un bon taux de matière organique dans ses parcelles. « Cela dit, nuance-t-il, il est vrai qu'un système équivalent en grandes cultures, avec export des menues-pailles mais sans effluents à disposition pour compenser, appauvrirait sûrement plus vite les sols. »