Dans un monde plus « vert » demain, avec quelle énergie roulent les tracteurs ? « Il faut se poser la question : peut-on faire de l’agriculture durable avec des énergies non-renouvelables, à savoir principalement du gasoil détaxé ? », interroge René Autellet, expert en agro-équipements et membre de l’académie d’agriculture de France. « Pour moi, la première urgence est de dé-favoriser les énergies non-renouvelables au profit des solutions durables. Dans le secteur des agro-équipements, il y a sur ce point un certain nombre d’exemples de constructeurs qui font du bon travail. »
Et de citer la médaille d’or décernée en 2009 au tracteur à hydrogène présenté par New Holland, puis, en 2013, chez John Deere, la sortie d’un moteur fonctionnant aux huiles végétales pures et répondant aux exigences anti-pollution de la phase 4. « Si on le voulait, cela ferait plus de dix ans qu’on saurait faire de l’agriculture avec des énergies renouvelables ! Aujourd’hui, quelques constructeurs en ont pris conscience et travaillent en ce sens », affirme ce membre de longue date du jury des Sima Innovation Awards.
Le moteur thermique à hydrogène bientôt sur le marché?
Si New Holland a pour l’instant mis en veille le développement de la pile à combustible à hydrogène, la marque commercialise depuis deux ans un tracteur au biométhane. Quant au moteur thermique à hydrogène, différents constructeurs y travaillent. Sans qu’on puisse en révéler davantage, l’un d’entre eux s’apprêterait d’ailleurs à mettre sur le marché le premier modèle du genre pleinement fonctionnel. “Une avancée énorme : on s’affranchit de tous les inconvénients de la pile à combustible en conservant le savoir-faire hérité de plus d’un siècle de fabrication de moteurs, pointe René Autellet. C’est en préparation et c’est l’avenir”.
Dans le champ de la robotique, le solaire continue de s’affirmer comme l’énergie privilégiée. Vitirover, un robot-tondeur photovoltaïque de conception française reste ainsi, depuis dix ans, une référence ; le farmdroid FD 20, alimenté par deux panneaux de 1 600 watts, embarque deux batteries pour une autonomie lui permettant de travailler en permanence, même la nuit. Des robots fonctionnant à l’aide d’une pile à hydrogène font aussi leur apparition, comme ceux développés par la société Exxact Robotics.
L’agriculture de conservation des sols inspire les constructeurs
Face aux enjeux environnementaux, les pratiques issues de l’agriculture de conservation des sols inspirent aussi les constructeurs. Parmi les nombreux matériels innovants, citons le glypho-mulch (Éco-mulch Équipements), un outil permettant la destruction des adventices en combinant lames et rotor animé, ou encore le Scalpwin (Agrowin international), dont les disques garantissent un scalpage et un déchaumage superficiel sur toute la largeur de travail. « Attention, le travail du sol doit toujours être adapté aux spécificités agronomiques, précise cependant René Autellet. Aucun matériel n’est une réponse universelle dans tous les contextes. »
Et l’agriculture de précision ? « Certains matériels permettent de mieux connaître les sols dans leur diversité pour adapter les intrants zone par zone dans la parcelle. » C’est le cas notamment du Cenius-TX Zone Finder (Amazone), un module de télémétrie permettant de cartographier les sols en temps réel, lors du passage du déchaumeur. « C’est aussi un moyen de contribuer à réduire les intrants », confirme l’expert.
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