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Lu dans "La France Agricole" du 23 décembre 1965 La gamme Renault 66 et le Tracto-Control

Tracteur Renault "Super 5 D" à Tracto-Control, fonctionnant en contrôle position avec un semoir Gougis type SB.

Présentation exceptionnellement réussie par la Régie Renault de la gamme des tracteurs 1966, le vendredi 10 décembre, en son centre de perfectionnement de Sonchamp, dans les communs du château de Pinceloup, proche de Rambouillet. Ce centre est depuis sept ans spécialisé dans l’instruction et le perfectionnement des membres du réseau matériel agricole Renault.

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C’est dans un ancien manège transformé pour la circonstance que toutes les explications ont été fournies par M. Daniel Dreyfus (président de Renault Matériels agricoles), entouré de ses proches collaborateurs, aux différents membres de l’association française des journalistes agricoles. Nombre d’entre eux ont ainsi pu suivre l’effort de cette première marque française, puisqu’au mois de mai dernier, ils ont visité les usines du Mans, qui sortent 100 tracteurs par jour, grâce à des installations s’étendant sur 23 hectares dont plus de 3,5 hectares d’atelier.
La gamme telle qu’elle nous a été ainsi présentée et qui comprend les « Junior », « Super » et « Master » est complétée par une série « Super D », comportant notamment le nouveau relevage hydraulique à « Tracto Control ».
La « gamme 66 » comprend donc :
« Junior », 20-25 ch, en version normale (prix : 10 292 F) ou vigneron (prix : 10 814 F).
« Super 3 D », 28-30 ch, version normale (prix : 12 250 F).
« Super 5 D », 35-38 ch, version normale (prix : 13 006 F)
« Super 6 D », 42-46 ch version normale (prix : 14 512 F)
« Super 7 D », 42-46 ch version normale (Prix : 14 016 F )
« Master », 57-62 ch (prix du diesel air : 19 400 F, prix du diesel eau : 18 444 F)
Lorsqu’on désigne la puissance d’un « Super 5 D » par 35-38 ch, signalons que 35 est la puissance DIN allemande, c’est-à-dire que les moteurs sont testés au banc, aux conditions normales d’utilisation et que 38 désigne la puissance SAE américaine, c’est-à-dire avec la puissance donnée par les moteurs testés au banc, sans entraînement d’aucun accessoire.
Les prix ci-dessus s’entendent TVA comprise, départ Le Mans.

La série « Super D »

Elle se différencie de la série classique par :
Le moteur
Le relevage hydraulique « Tracto-Control »
Le compte-tours
Un nouvel aspect extérieur

Le moteur
A partir d’organes communs de relevage et de transmissions adaptées aux différentes puissances couvertes, la série « Super D » se compose de quatre modèles pourvus de moteurs différents :
Le « Super 3 D » équipé du moteur MWM diesel 2 cylindres à refroidissement par air et à injection directe, développant 28 ch DIN (ou 30 ch SAE) à 2 000 t/mn.
Le « Super 7 D », équipé du moteur Perkins diesel 3 cylindres, à refroidissement par eau et à injection directe, développant 42 ch DIN (ou 46 ch SAE) à 2 150 t/mn.
Trois moteurs ont une puissance accrue par rapport aux modèles antérieurs par l’adoption de l’injection directe qui a permis d’augmenter la puissance sans modifier la consommation. Sur certains d’entre eux, l’amélioration de la puissance atteint 17%.

Le Tracto-Control
Ce nouveau relevage Renault vient accroître les possibilités des tracteurs Renault de la gamme « Super D », grâce aux combinaisons multiples de sa centrale hydraulique. L’utilisateur peut choisir le système qui convient le mieux à l’outil, soit :
- la régulation automatique de la profondeur
- le contrôle de position
- la modulation de traction
- l’attelage flottant
- les prises de pression hydraulique
La régulation automatique de profondeur à transfert de charge permanent, est obtenue par les bielles de traction qui transmettent directement au distributeur les différents efforts enregistrés par les outils en fonction de la qualité du terrain, de son profil et de la position du tracteur. Ce dispositif à commande directe permet l’utilisation avec le maximum de rendement de tous les types d’outils du marché, qu’ils soient portés : charrues, cultivateurs, ou semi-portés : grosses charrues quart de tour, à disques, ou traînés : pulvériseurs.
La même efficacité de travail est obtenue aussi avec des outils longs et lourds qu’avec des outils courts et légers.
Le contrôle de position permet de maintenir les outils à une hauteur fixe par rapport au tracteur : herses, semoirs, râteau-faneur…
La modulation de traction possède les mêmes avantages que « la régulation automatique de profondeur ». En plus, elle empêche les outils portés et semi-portés de descendre en-dessous de la profondeur choisie dans les terrains de constitution très variée et en particulier dans les nappes de sable.
L’attelage flottant permet de libérer l’attelage pour l’utilisation des outils qui doivent prendre appui sur le terrain : houes rotatives…
Les prises de pression hydraulique permettent de commander les machines équipées de vérin simple ou double effet : bennage de remorque, relevage barre de coupe, ouverture des trains de pulvériseurs à disques…
Tous les outils, quels qu’ils soient, s’attellent sans modifications aux tracteurs Renault « Super D ».

Le compte-tours
Le compte-tours, monté en série, permet à l’utilisateur de définir avec exactitude le régime de rotation de la prise de force, lorsque celle-ci entraîne des appareils nécessitant une grande précision de réglage : semoir, pulvérisateur, moissonneuse-batteuse, presse…

L’aspect extérieur
Ces modifications techniques importantes ne sont pas directement apparentes. Elles sont complétées par des modifications esthétiques qui renouvellent le style de la gamme « Super D » : une nouvelle calandre, de la peinture claire des roues et une sellerie gris-blanc.
Ainsi, la Régie Renault a mis de l’ordre dans l’échelonnement des puissances et il n’existe plus de « trous » entre le petit tracteur « Junior » et le puissant « Master ».

Création de la filiale « Renault matériels agricoles »

En vue de faire face à une concurrence internationale de plus en plus aiguë dans le domaine du tracteur agricole, la Régie nationale des usines Renault, seul constructeur français, a décidé de renforcer et de moderniser le potentiel de production et les moyens de vente en France et à l’étranger de sa Division du Matériel Agricole (DMA).
Elle a obtenu à cet égard le soutien des pouvoirs publics qui ont prévu de lui faciliter l’obtention de prêts remboursables en 10 ou 20 ans.
Ces prêts étant consentis à la Régie spécialement pour atteindre ces objectifs en matière de tracteur agricole, il a paru nécessaire d’isoler les comptes de la DMA. C’est pourquoi, à sa séance du 12 novembre 1965, le conseil d’administration de la Régie Renault a décidé de créer une société, filiale Renault à 100%, destinée à gérer sur le plan financier l’activité de la DMA.
Cette société est dénommée Société de Matériels agricoles et de travaux publics « Renault Matériels agricoles » (RMA), au capital de 25 600 000 F et présidée par M. Daniel Dreyfus, directeur du matériel agricole.
Par ailleurs, M. Dreyfus soulignait le rôle important joué, pour le développement de la marque, par les constructeurs français faisant partie de la « famille Renault ».
Sur ce point, nous rapportons ici en précision les propos recueillis auprès de M. Laillet, président des Ets Faucheux, qui assistait à la présentation de la nouvelle gamme : « Depuis 1950, nos matériels de manutention et autres sont homologués par Renault et chaque année se renouvellent nos accords avec les concessionnaires du réseau. L’agrément qui règle les rapports entre Renault et les fabricants d’appareils adaptés aux tracteurs n’a aucun point commun avec la sous-traitance. L’entreprise conserve son indépendance totale de gestion et d’action, les contrats sont strictement limités à des accords commerciaux. Cette solution libérale a fait ses preuves et laisse à chacun toute sa personnalité et aussi ses risques. Je pense qu’une telle formule offre de multiples avantages et en particulier l’entente commerciale rigoureuse a pour effet de stimuler le fabricant. Celui-ci, responsable de son affaire, applique alors son dynamisme, son imagination pour la faire progresser sur tous les plans. A cet égard, nous sommes en mesure de réagir promptement et en souplesse à toute demande de la clientèle pour modifier ou créer sans délai de nouveaux modèles, car la taille de nos industries n’impose pas de lourds rouages administratifs.
Les excellentes relations entre les membres de la « famille » et Renault aboutissent à l’amélioration des techniques, puisqu’elles se déroulent avec un esprit original, dans une atmosphère de libre concurrence, mais de plus, les accords de vente permettent d’augmenter l’importance des séries et d’améliorer les tarifs. Ainsi, l’un de nos chargeurs frontaux est vendu en 1965 pour un prix supérieur seulement de 10% en valeur absolue par rapport à celui d’un chargeur de même capacité vendu en 1955, c’est-à-dire il y a 10 ans.
J’ajouterai pour terminer, que le réseau Renault, dont nous sommes en France le fournisseur, constitue déjà à l’étranger, la voie par laquelle nous prenons le chemin de l’exportation. »
Par l’intermédiaire de la RMA, le secteur « Tracteurs agricoles » de Renault disposera d’une plus grande autonomie financière et de capitaux nouveaux qui lui permettront d’engager et de mener à bien un important effort de développement et de modernisation.

Fiche technique du « Super 5 D »

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