Fahr L'un des pionniers de l'offre complète
En 23 ans, la firme de Gottmadingen a produit plus de 90 000 tracteurs diesel rouges. Si l’on y ajoute les produits réalisés pour Güldner, ou KHD, les motoculteurs, porte-outils et autres Farmobil le chiffre dépasse 100 000 véhicules. Texte : Gilles Blanchet, photos : GB, DR et Fahr Schlepper Freunde
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La création de l’entreprise Fahr remonte à 1870, avec l’ouverture d’un atelier de mécanique par Johann-Georg Fahr. Avec deux apprentis et des moyens limités, il lance à Gottmadingen (Sud du Bade-Wurtemberg, à deux pas de la Suisse) la production d’outils et de machines pour l’agriculture. Excellent ouvrier, inventeur mais aussi bon vendeur, il très vite tenté par l’exportation dans les pays voisins. Il diversifie ses activités en héritant d’une fonderie. Au tournant du siècle, l’entreprise compte déjà une centaine d’employés. En 1903, changement important : ses fils Johann-Georg II et Heinrich Fahr prennent la direction des affaires. En 1911, ils transforment la firme en société par actions. Après une expérience malheureuse de coopération avec le compatriote Krupp, de 1919 à 1926, la firme se redresse. Elle compte 1300 ouvriers en 1930 et met en route la première chaine de montage. Les deux fils du fondateur disparus, c’est l’oncle Johann-Georg III qui prendra la direction. Grâce aux devises apportées par l’exportation, Fahr traversera sans trop d’encombre les années de dépression et comptera 3 000 employés en en 1938.
Construit entre 1938 et 1940 le F 22 (à moteur Deutz de 22 ch) fut l’un des premiers tracteurs de la marque.
Au temps de la traction animale (1939) avec cette moissonneuse-lieuse B3.
Parallèlement à la production des premiers tracteurs, le domaine d’activité s’élargit avec les moissonneuses-batteuses. Les premiers modèles de type F 22 peuvent recevoir des roues fer ou des pneus agraires. Le moteur Deutz F2M414 de 22 ch les équipe. La boîte de vitesses est un produit maison. Pour éviter la confusion avec le F 22 Deutz la machine sera rebaptisée T 22.
Durant la seconde guerre mondiale, la demande en tracteurs à gazogène change la production. La fabrication des motoculteurs à moteurs Deutz, réalisés pour la Wehrmacht, alternera avec les applications civiles à moteur Güldner.
L’activité durant les années d’après-guerre est limitée par les forces d’occupation. Jusqu’en 1948, sortent quelques tracteurs à gazogène, des outils pour la maison et des petits véhicules. La réforme monétaire de juin 1948 permet de relancer les fabrications avec le premier diesel Fahr d’après-guerre, puis le tracteur D 28 U à moteur Güldner 2 F et le D 28, apparu en 1949 avec boîte Fahr F 15.
Nouveau dessin de capot pour le D 17, apparu en 1951 et motorisé par un Güldner D2 15 ch.
Avec les années 1950, les modèles se succèdent en mono ou bicylindre, équipés de mécaniques Deutz ou Güldner de 12 à 30 ch pour les modèles d’entrée de gamme. Fahr est aussi présent dans les grosses cylindrées avec les trois et quatre cylindres qui permettent des puissances jusqu’à 60 ch.
Pour renouveler sa gamme en 1954, le constructeur lance les deux nouveaux modèles D 130 et D 130 H à moteur 2 cylindres Güldner 2 LD de 17 ch et 1305 cm3.
Après 1955, s’ajoutent les mécaniques MWM ou Mercedes-Benz tandis que Güldner, dans un accord de production et de développement, s’attribue tous les modèles jusqu’à 20 ch. Les productions sont dénommées « gammes européennes ». Les coloris, capots et même les trains avant sont identiques chez les deux fabricants.
Un petit air de porte-outils pour le Fahr GT 130, construit à 14 exemplaires de 1955 à 1957. Beaucoup reçurent un plateau basculant entre les deux essieux.
Les rescapés des motoculteurs Fahr ne sont pas courants : ce KT 10 D est équipé d’un monocylindre Sachs 500 cm3 de 10 ch.
Outre son porte-outil qui fut commercialisé durant deux ans, Fahr connut la réussite avec ses motoculteurs (3000 exemplaires vendus) à essence ou diesel et motorisés par Sachs.
En 1961, Klöckner-Humboldt-Deutz acquiert 25% du capital de Fahr. Comme Deutz fabrique déjà des moteurs et des tracteurs, la collaboration avec Güldner ne présente plus d’intérêt. L’accord est rompu. A partir de 1962, Fahr ne produit plus de tracteurs.
Le D 177 S est une particularité dans la production de Gottmadingen. Il reçoit une mécanique Mercedes Benz.
L’andaineuse ZU 81, de 1951, offre trois utilisations : répartir l’herbe fraichement coupée, retourner le fourrage et confectionner les andains.
En 1963, Fahr présente sa première moissonneuse-batteuse tractée, la M 60 T. La M 66 TS de 1978 offrait 2,55 m de coupe.
A la fin des années 1950 le 4 cylindres des types D 177 constituait le haut de la gamme des tracteurs de la marque. Le service du développement fit preuve de clairvoyance en créant en 1959 un tracteur 6 cylindres qui, quelques années plus tard, allait apparaître chez les concurrents. Toutefois, les besoins des petites exploitations de la région restaient orientés vers des petits tracteurs. Par conséquent, le projet fut suspendu après seulement sept exemplaires fabriqués en différentes versions, réalisées pour le marché national et l’export. Sur le modèle du 177 (S), on opta pour un moteur Mercedes-Benz qui, cette fois, provenait de l’Unimog. Il s’agissait de l’OM 312 de 4,6 l de cylindrée et d’une puissance de 65 ch. Couplé à une boîte de vitesses ZF (5 avant et 1 arrière), la combinaison s’avéra complexe, mais aboutit au modèle Fahr D 460.
Sur cette scène de moisson, on retrouve un Fahr D 180 H (2 cylindres et 24 ch) et une moissonneuse-batteuse MDL.
Moissonneuse-batteuse 1000ES (1967-1975) dans une rizière. Elle était équipée d’un train avant chenillé.
Longtemps après l’arrêt de la production des tracteurs Fahr en 1962, le nom allait renaître de manière étonnante à l’autre bout du monde, en Argentine. Deutz, qui avait entre-temps fait l’acquisition de Fahr, avait créé une filiale du nom de Deca (Deutz-Cantabrica). Le type Deutz Deca A 110, équipé d’un moteur Deutz de 110 ch fut construit à 365 exemplaires. 55 modèles supplémentaires prirent le nom de Fahr D 800 avec un capot avant typique de Fahr et de nouvelles ailes. Le 6 cylindres de 8 litres affichait 100 ch. Le poids, la taille des pneus et ses dimensions lui donnaient un air imposant. Quelques exemplaires furent exportés vers l’Allemagne, mais la possibilité d’en rencontrer un en 2020 est très faible.
De Fahr à Deutz-Fahr
L’aventure industrielle de Deutz est aussi ancienne que celle de Fahr et semblable par certains aspects. En 1864 August Otto et Eugen Langen créent à Cologne la première usine de moteurs au monde. Une unité qui deviendra en 1938 Klockner-Humbolt-Deutz AG (KHD). La production du début du XXe siècle s’articula autour des moteurs diesel et des automobiles (avec Bugatti). Le premier tracteur agricole à moteur diesel est apparu en 1927. Deutz va multiplier les modèles (notamment en Argentine) jusqu’à la prise de contrôle de la majorité du capital de Fahr en 1968 et la prise de contrôle total en 1977. Dans les années qui suivent, la société ferme des filiales, change des appellations et se sépare de plusieurs branches. En 1982, tous les tracteurs portent la marque Deutz-Fahr. En 1995, Deutz–Fahr est intégré au groupe italien Same, qui détient déjà Lamborghini et Hürlimann. Cela donne naissance au groupe Same-Deutz-Fahr.
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