Ce tracteur F2M 417 est disponible au catalogue sous trois variantes. La première d’entre-elles reçoit des roues fer, la seconde des pneus agraires et la troisième, des pneus routiers. Le F2M 417 dispose de capacités de traction conséquentes. A travers les différents documents publicitaires qui lui sont consacrés, le constructeur met également en exergue le fait que ce modèle soit particulièrement économe en carburant…Tracteur bâti pour l’endurance, le F2M 417 dispose d’une boîte de vitesses à cinq rapports (auxquels s’ajoute bien sûr une marche arrière).
Le F2M 417 dispose d'une boîte de vitesses à cinq rapports avant auxquels s’ajoutent bien sûr une marche arrière. Le schéma stipulant la position des différentes vitesses est rappelé au niveau de la pré grille. La marche arrière est disposée en haut à gauche, la première en bas à gauche, la seconde en haut au centre, la troisième en bas au centre, la quatrième en haut à droite et la cinquième en bas à droite.
Il se voit équipé en série d’un système de préchauffage et d’une poulie de battage. Parmi les options disponibles au catalogue, il existe aussi un arbre ce prise de mouvement, permettant notamment l’entraînement de moissonneuses-lieuses ou de meules.
Disposée sur le côté droit du tracteur, en avant du poste de conduite, la poulie de battage fait partie de l'équipement de série sur le F2M 417. Il en était de même pour son frère de gamme, le F3M 417.
L’acquéreur d’un F2M 417 peut également bénéficier à titre optionnel d’un dais, ce qui favorisera son utilisation lorsque les conditions climatiques ne sont pas optimales. Quant au F3M 417, il s’agit d’un tracteur de 50 ch muni d’une motorisation à 3 cylindres de 5768 cm3. Bâti pour l’endurance, il bénéficie lui aussi d’une boîte de vitesses à cinq rapports et d’un équipement de série similaire à celui du F2M 417. Contexte international oblige, la construction du F2M 417 et du F3M 417 sera relativement confidentielle de 1941 à 1948. Au cours de la seconde guerre mondiale, les trois-quarts des usines de la firme, basée à Cologne ont été détruites. La production de ces deux modèles se développera à partir de 1949 au sein de l’usine de Ulm. Ulm n’est autre que l’usine Magirus, une firme qui est entrée dans le giron de Humbodlt Deutz Motoren AG au cours de l’année 1936. Jusqu’à la fin de l’année 1949, les F2M 417 et F3M 417 arborent une livrée grise. Sur ces modèles de première génération, les logos Deutz sont illustrés de rouge, assortis aux jantes du tracteur. A partir de 1950, ces tracteurs seront laqués du vert Deutz, les logos Deutz étant désormais illustrés de jaune. Il semblerait également qu’à cette même époque, le F2M 417 ait bénéficié en série d’un démarreur électrique.
Le F2M 417 se voit équipé en série d'un démarreur électrique. Cependant, il était systématiquement livré avec une manivelle, venant se positionner sur le flanc de l'aide droite du tracteur.
S’échelonnant de 1941 à 1952, la production globale du F2M 417 s‘élève à 3371 unités. Quant à celle du F3M 417, qui démarre en 1942 pour s’achever elle aussi en 1952, la fabrication est de l’ordre de 2328 exemplaires. Par la suite, Deutz développera une série de moteurs refroidis par air. Ce dispositif permet en effet à ces mécaniques de travailler dans des conditions optimales, quelle que soit la saison. Les performances et la robustesse de ces moteurs audacieux et performants les propulseront sur les rails du succès.
Des souvenirs d’enfance à la restauration intégrale
C’est à Illies, dans le département du Nord, que nous avons photographié ce F2M 417 en état concours. Propriété de Pierre Delerue qui a déjà plusieurs restaurations de Deutz à son actif, ce F2M 417 date de 1950.
Pierre Delerue est avant tout un passionné de mécanique. La passion des Deutz et des tracteurs anciens en général lui vient de son père qui eut un FM 315 comme premier tracteur. Ce Deutz, Pierre l’a restauré une première fois voici vingt ans, avant de lui assurer une nouvelle cure de jouvence en 2017.
Pierre a déjà fait l’objet de différents reportages dans notre publication en nous présentant son Volvo 650 dans notre numéro 52 et son Someca 750 dans le numéro 56. « J’ai contracté le virus des Deutz avec le F2M 315 de mon père, qui fut d’ailleurs son tout premier tracteur, explique-t-il. Ce Deutz de famille, je l’ai longuement remisé avant d’entreprendre sa remise en état. Par la suite, je me suis passionné pour les tracteurs de la marque dont j’ai rassemblé quelques modèles. Quand j’étais gamin, un entrepreneur voisin possédait pas moins de trois F3M 317 à démarrage à air comprimé, tracteurs qui m’avaient particulièrement marqué. Ce F2M 417, je l’ai découvert chez un négociant à proximité de Calais. Il était à restaurer de A à Z. » Si la partie carrosserie avait plutôt bien traversé l’épreuve du temps, il n’en était pas de même au niveau de la mécanique. Très abîmée, la culasse était irrécupérable, tout comme la pompe à injection. Même scénario au niveau des chemises qui avaient souffert d’électrolyse et qui avaient été bricolées par le passé.
C'est dans cet état que Pierre Delerue a récupéré son F2M 417. Complet, il était plutôt bien conservé d’un point de vue cosmétique, mais le moteur avait beaucoup souffert.
Il aura fallu beaucoup de patience à Pierre avant qu’il mette la main sur une culasse et une pompe à injection en parfait état. Il trouva finalement son bonheur auprès d’un spécialiste germanique de la pièce détachée Deutz, dont l’entreprise était basée près de Düsseldorf. Accompagné d’un de ses amis, passionné lui aussi de tracteurs anciens, Jean-Christophe Becquart, Pierre effectua donc un petit périple en voiture sur l’autre rive du Rhin pour aller récupérer ces éléments quasi introuvables. Quant aux chemises, il n’y avait d’autre alternative possible que d’en faire refabriquer, opération qui fut effectuée par un tourneur de la région à partir de fonte d’acier. Les roulements avant et arrière de l’embiellage ont été changés alors que le radiateur a été refait par un professionnel. Plutôt préservé, l’ensemble boîte de vitesses / pont n’a pas nécessité d’intervention particulière. L’essieu avant a été refait de A à Z avec notamment le changement de l’ensemble des bagues bronze et des pivots.
Lorsque Pierre Delerue entreprend la remise en état d'un tracteur, absolument tout est vérifié de A à Z. Nous retrouvons ici les différents composants de l'essieu avant. Bagues, roulements et pivots ont été remplacés.
Les éléments de carrosserie ont été déposés puis sablés avant d’être planés, légèrement enduits par endroits puis mis sous apprêt. Après deux couches d’apprêt, Pierre a procédé à la mise en peinture finale. « Je réalise mes peintures moi-même, à l’exception des ailes et du capot moteur que je confie à un professionnel afin d’obtenir un résultat irréprochable, souligne-t-il. La restauration s’est finalisée avec reconstruction intégrale du faisceau électrique et un changement de pneumatiques. Tout au long de cette remise en état, j’ai pu compter sur mon ami Jacques Cambier, lui aussi passionné, qui m’a prêté main forte à de nombreuses reprises. »
Travaux lourds et poste fixe
Tracteurs polyvalents, les F2M 417 et F3M 417 sont construits dans la plus pure tradition Deutz. Singuliers, sans pour autant être dénués d’élégance, ils reflètent une efficacité parfaitement maîtrisée. Si ces modèles « ont du coffre », on ne peut proprement pas parler de performances. Dans le cadre de ces deux modèles tenant le haut du pavé de la gamme Deutz de l’époque, il est plus approprié d’évoquer une force tranquille que de puissance à revendre.
A l'image de l'ensemble des tracteurs de la firme de Cologne, le F2M 417 respire la rigueur, la robustesse et la simplicité. Ce modèle sera produit de 1941 à 1952 à environ 3400 unités.
A l’époque, ces tracteurs s’adressaient soit aux entrepreneurs agricoles, soit aux exploitations les plus conséquentes. Bénéficiant d’une excellente qualité de fabrication, ces Deutz sont perçus à l’époque comme des bêtes de somme plutôt modernes, rompant avec l’image archaïque de quelques-uns de leurs concurrents directs, équipés d’un monocylindre semi-diesel. Particulièrement adaptés aux travaux de préparation des sols avec des outils traînés, les F2M 417 et F3M 417 étaient également de précieux alliés dans le cadre des moissons à travers l’entraînement de moissonneuses batteuses, traînées elles aussi. Nombre d’agriculteurs et d’entrepreneurs les ont aussi utilisés en poste fixe. Le fait que les F2M 417 et F3M 417 soient équipés en série d’une poulie de battage ne devait rien au hasard.
Le F2M 417 a équipé de nombreux entrepreneurs de travaux agricoles à l’époque. Les dirigeants des exploitations les plus conséquentes se sont aussi laissé séduire par ce tracteur de 35 ch.
L’image de fiabilité véhiculée par ces tracteurs à l’époque était cependant quelque peu ternie par un problème récurrent, la fragilité de leur embiellage. Plusieurs personnes qui ont travaillé avec ces tracteurs à l’époque vous confirmeront que cela venait généralement du réglage de débit de la pompe à injection. Dans la mesure où l’embiellage était dépourvu de paliers intermédiaires, il était nettement plus vulnérable. Comme toujours, qui veut aller loin ménage et veille à l’entretien rigoureux de sa monture ! A l’image de la majeure partie des tracteurs de cette catégorie commercialisés à l’époque, la direction est plutôt lourde. Témoignage d’une époque où les Deutz étaient encore refroidis par eau, le F2M 417 représente une pièce rare intéressante à plus d’un titre. En marge des inconditionnels de la firme germanique, il intéressera ceux qui ont fait des tracteurs de cette époque ou de cette catégorie leur thème de prédilection. D’autres collectionneurs ont aussi plaisir à réunir différents types de technologies dans les rangs de leur collection, chaque restauration représentant un nouveau challenge. Page d’histoire incontournable dans l’histoire de la firme germanique, ce tracteur mérite donc une place de choix dans le cœur des collectionneurs.
Mille mercis à Pierre Delerue et son épouse pour leur accueil chaleureux. Merci également à Yvon Jacq, grand passionné de la firme Deutz.