Avec le MC 6, Braud & Faucheux double les capacités de transport et de levage du modèle précédent : le MC 5. Le MC 6 peut ainsi lever une charge de 2000 kg à 50 cm du sol (1000 kg à 40 cm pour le MC 5) et 500 kg à 2 m, alors que le MC 5 était limité à seulement 260 kg à 1,50 m. Cette augmentation des capacités du nouveau chariot correspond aussi à une standardisation et à une multiplication progressive des palettes nécessaires au transport de nombreux matériaux (voir l’encadré). Autre grande qualité : le MC 6 utilise les bases, le moteur et l’ensemble boite-pont (transmission ZF) du Mc Cormick F-137 D, produit à l'usine IH de Saint-Dizier depuis 1960. Des plus économiques, le 2-cylindres diesel, 4 temps type FDD 74, à injection indirecte Bosch, fait merveille. L’engin est très bien équilibré grâce à sa nouvelle masse d'essieu et à celle, supplémentaire et conséquente, placée à l'arrière du capot. Elle englobe la calandre et permet ainsi de réduire la grosseur de celle placée sur l'essieu directeur.
Les premiers chariots élévateurs tout terrain type MC 6 furent livrés à des entreprises d'Ancenis et de sa région, comme cet exemplaire dit à « grandes roues », utilisé dès 1960 par la scierie Angebault et dont plusieurs photos se retrouveront sur les dépliants et catalogues Manitou de l'époque.
Le MC 6 apporte ainsi d'une meilleure adhérence, offrant alors la possibilité de gravir des pentes jusqu'à 30% avec de fortes charges. Ses équipements, ainsi que l'inverseur de marche installé en série, seront très appréciés des entrepreneurs de TP, des conducteurs en carrières, mais aussi des propriétaires de scieries. Comme nous l'indiquait Marcel Braud : « Le but d'un chariot élévateur étant de manœuvrer autant en avant qu'en arrière, un engin comme le MC 5, dépourvu d'inverseur, imposait donc beaucoup plus de contraintes au niveau de la boite de vitesses. Le MC 5 ne pouvait travailler en moyenne que 200 heures avant que le pignon de marche arrière ne casse. Ce qui était des plus gênants pour un modèle utilisé intensivement, comme c'était le cas, par exemple, dans des sablières ou des gravières et sur certains chantiers. Nos clients demeuraient toutefois très patients, acceptant, « temporairement » ce genre de désagrément. Nous devions trouver une solution et l'installation d'un inverseur hydraulique devenait rapidement nécessaire.
Ce MC 6 utilisé en 1960 dans une briqueterie proche d'Ancenis est ici conduit par Pierre Fredel, qui fera toute sa carrière au Service après-vente Manitou. Pouvant lever jusqu'à 2000 kg à 50 cm du sol et 1000 kg à 2 m du sol, le MC 6 était motorisé et recevait la transmission Mc Cormick D-137 D. On notera la plaque Baud & Faucheux rivetée sur le capot de l'engin.
Devenus de très bons clients d'International, nous pûmes enfin travailler avec le bureau d'études de l'usine de Saint-Dizier afin de mettre au point cet inverseur à crabots, permettant d'avoir le même nombre de vitesses en avant comme en arrière. Ceci fut possible grâce Raymond Lacroix, directeur de l’usine et membre de la famille Wallut, qui fut l'importatrice française des matériels IH et qui permit le développement de la marque dans l'Hexagone. Ce dernier crût tout de suite en nous et en nos chariots élévateurs. Il nous présenta en ces termes à l'ingénieur en chef du bureau d'études, monsieur Bourgeois : « Il y a un véritable avenir pour les chariots élévateurs tout terrain Braud & Faucheux. Ecoutez bien ce que ce gars-là va vous demander (NDLR : il parlait de Marcel Braud). Si vous lui fournissez ce dont il a besoin, il deviendra notre premier client ».
Ce document issu du dépliant publicitaire Manitou de 1963, présente la pince spéciale pour briques destinée au MC 6. Il met aussi en valeur les qualités d'évolution sur pentes jusqu'à 30 %. Ce cliché a été réalisé chez l'un des premiers clients de Manitou, les carrières Gaillard.
Le fait de développer un nouveau chariot plus puissant, qui allait utiliser les composants de tracteurs IH, ne fit que renforcer notre demande. C'est ainsi que fut créé, au sein du bureau d'études de Saint-Dizier, l'inverseur qui allait être installé en série sur le MC 6, puis les autres modèles de nos gammes. Un atout de taille qui permettra d'augmenter progressivement les possibilités de charge et donc de transport et de levage de nos chariots, intéressant ainsi un plus large panel de clients. Une telle collaboration nous a permis également et enfin d'être entendus au niveau de nos commandes. IH nous livra enfin que ce dont nous avions réellement besoin en matière d'éléments mécaniques et non plus des tracteurs entiers comme ce fut le cas jusqu'en 1960 avec les Super Cub. Ceci nous a alors permis de faire des économies et nous avons également gagné du temps au niveau de notre production ».
Toujours issues d'une même dépliant publicitaire de 1963, ces deux vues présentent le degré d'élévation de la potence spéciale. Permettant de prendre des matériaux au-dessous du niveau du sol, elle pouvait s'élever jusqu'à 5,80 m. Un outil qui fut très apprécié des couvreurs comme des charpentiers et de certains constructeurs de bâtiments métalliques.
Le grand boom de la reconstruction et de la modernisation des villes, comme de l'amélioration de l'habitat, ne feront que dynamiser les ventes du MC 6. Hormis le fait d'utiliser les godets et matériels déjà proposés au catalogue du MC 5, le MC 6 est également pourvu, en option, d'autres outils. Ainsi, le nouveau chariot Braud & Faucheux peut être doté d'une rampe spéciale de 3,60 m de haut qui, une fois déployée au maximum, autorise le chargement de camions bennes à hautes ridelles ou celui de palettes à plus grande hauteur sur des plateaux. La pince spéciale pour briques et parpaings destinée au MC 6, présente quant à elle des bras de 1,50 m de long, offrant ainsi une meilleure prise et une plus grande capacité de chargement à la sortie des fours ou sur les wagons, que celle employée par le MC 5. La potence spéciale à crochet et câbles, permettant de lever des masses, même au-dessous du niveau du sol, est également améliorée, afin de faire grimper ces dernières, jusqu'à 5,80 m. Un outil qui sera particulièrement apprécié dans le milieu de la construction de charpentes et de bâtiments métalliques par exemple, mais aussi chez les couvreurs. Pour la petite histoire, les premiers MC 6 furent vendus à des entreprises de la région d'Ancenis, dont la fonderie Bouhyer où sont fabriqués les masses et contrepoids des bétonnières et des chariots élévateurs Braud & Faucheux, mais aussi à la scierie Angebault et aux carrières Gaillard, où furent d'ailleurs réalisées certaines photos destinées aux dépliants publicitaires de l'époque.
Foire de Paris 1963, Christian Debessac, premier agent commercial Manitou pour Paris et sa banlieue, pose au volant du chariot MC 7 sur le stand Manitou.
Deux ans après le lancement du MC 6, Braud & Faucheux produit le MC 7 et le MC 8. Toujours réalisé en collaboration avec l'usine IH de Saint-Dizier, le MC 7 devient alors le modèle haut de gamme de la marque. Il est réalisé sur les bases du tracteur F-240, lancé lui aussi sur le marché en 1962. Le 4-cylindres diesel à injection directe, type FD-128, offre en effet une puissance de 30 ch, de quoi effectuer la manutention et le levage (le MC 7 dispose d'une hauteur d'élévation de 3,60 m) de masses allant jusqu'à 3000 kg.
Deux MC 7 au travail. Le premier est équipé d'une benne de 800 litres de contenance. Il verse ici son contenu de gravier dans un camion benne. Pouvant lever jusqu'à 3000 kg, le MC 7 se reconnaît par son capot haut et doté de multiples ouïes, protégeant le lourd et conséquent contrepoids coulissant à cheval au-dessus du compartiment moteur. La vue trois-quarts arrière ci-dessous permet de mieux voir l'arrière de l'engin intégrant une calandre en fonte. On aperçoit également le conséquent tableau de bord provenant également du Farmall F-240.
Arrivé sur le marché quelques mois après, le MC 8 utilise quant à lui l'ensemble mécanique et transmission du tracteur International B-275, construit à l'usine de Bradford, en Angleterre. Le moteur 4 cylindres BD-144 donne 35 ch à la poulie pour 30 ch à la barre. Ainsi motorisé, le MC 8 offre jusqu'à 2 500 kg de capacité de levage. La boite du B-275 offre 8 rapports avant et une marche arrière sur le tracteur. Elle ne dispose plus que de six rapports et d’un inverseur, une fois installée sur le MC 8. Malgré l'arrêt de la production du B-275 en décembre 1961, le moteur BD-144 continue d'être produit. Il équipa par ailleurs des groupes électrogènes ou compresseurs et continue de motoriser le MC 8.
Un MC 7 a été sauvegardé, restauré et est désormais dans le musée du constructeur, qui se trouve au sein de l'usine d'Ancenis. Le capot ouvert, permet de découvrir, à gauche du compartiment moteur, la conséquente masse mobile, variant, grâce à un système de vérins, en fonction du levage du mât.
L'autre grande particularité des MC7 et MC8 réside également dans leur nouveau système de contrepoids, entièrement conçu dans les bureaux d'études Braud & Faucheux. Une masse de plus d’une tonne est positionnée à cheval au-dessus du moteur et du radiateur. Elle coulisse grâce à un système à deux vérins, en fonction de la charge transportée et de son élévation. L’ensemble offre ainsi un meilleur équilibre pour une meilleure adhérence et conduit à réduire le poids et la forme de la masse positionnée à l'arrière de l'essieu directeur. En 1963, le MC 8 donne aussi naissance à la version MB 2500, modèle à voies plus larges et aux roues arrière de plus grand diamètre, qui se distingue également par ses nouvelles lignes. Sur ce nouveau modèle, positionnement du contrepoids redevient fixe, à l'arrière du compartiment moteur, immédiatement derrière le capot. Ce choix permet d'abaisser la hauteur du capot afin d'améliorer le champ de vision du conducteur. La nouvelle nomenclature MB concerne les chariots tous terrains industriels et TP. Les modèles MC correspondent, à partir de cette époque, aux chariots de base de chaque série. Ces chariots appelés semi-industriels sont plutôt réservés à des usages sur des sols préparés et des surfaces bétonnées ou goudronnées.
Le MC 5 est également remplacé, courant 1963, par le MC 55. Modèle de petit gabarit, réalisé sur les bases du FV 137 D, il est destiné à des usages sur des terrains dits « préparés » ou tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de bâtiments industriels. Ce dernier devient ainsi la version étroite du nouveau modèle de base Manitou. La charge utile du MC 55 est portée à 1500 kg. La photo en noir et blanc présente le premier exemplaire produit et en service à la fonderie Bouhyer où étaient réalisées les contrepoids des chariots de la marque. Le cliché ci-dessous met en avant le modèle restauré et exposé dans le musée Manitou.
Dans un souci d'amélioration mécanique et d'homogénéisation des lignes de tous les chariots de sa gamme, Braud & Faucheux redessine et fait évoluer son MC 5. 1963 marque ainsi l'arrivée des deux remplaçants, les MC 55 et MB 1500, sonnant du même coup la fin de l'utilisation de Farmall Super Cub dans la réalisation de ces chariots élévateurs. La production du petit IH a d'ailleurs cessé en France en 1962. Comme pour le MC 6, les deux nouveaux engins, dont la capacité de transport et de levage est portée à 1500 kg, utilisent désormais la mécanique et plusieurs éléments du Farmall F-137 D. Ils reprennent toutefois les jantes arrière de petit diamètre du MC5. Quant au MC 55, il s’agit en fait la version étroite du nouveau chariot. Elle est réalisée sur la base du FV-137 Vineyard (tracteur vigneron), permettant ainsi de garder une largeur hors tout de 1,30 m, identique à celle du MC 5. Ses dimensions réduites le destinent surtout à des usages en usine ou en atelier, là où il peut passer plus aisément avec une charge conséquente. Il sera aussi utilisé par de nombreux artisans maçons, charpentiers ou menuisiers.
Pourvue de roues arrière directrices plus grandes, la version tout terrain du MC 55, prend la référence de MB 1500. Ce chariot sera le premier de la longue lignée des MB. Le modèle exposé dans le cadre du musée Manitou, à côté d'un MC 6 H, est du premier type, reconnaissable entre autres, grâce à ses ailes rondes et son capot carré et ses commandes hydrauliques placées à droite du chauffeur. Le modèle de seconde génération, présenté sur le cliché noir et blanc, reçoit depuis le milieu des années 1960, un capot plus bas et profilé, aux côtés biseautés, des ailes à méplats et ses commandes sont désormais côté gauche du conducteur.
Le MB 1500 utilise quant à lui le pont, le train avant et la boite de la version standard du F-137 D. Offrant une largeur hors tout moyenne de 1,60 m, ce dernier est surtout destiné à de gros et moyens chantiers, comme au chargement de vrac dans des gravières, des sablières, mais également dans des coopératives agricoles ou en zones portuaires. Son gabarit et ses capacités de levage permettent alors une utilisation constante et conséquente, tant en extérieur qu'en intérieur. Comme sur le MC 6, les masses de contrepoids sont également réinstallées à l’arrière et dans la lignée du capot, et toujours à la base de l'essieu directeur. Ces deux modèles, ainsi que les MC 7, MC 8, MB 2500 seront les premiers à porter officiellement le nom de Manitou.
Brain-storming familial
Depuis plusieurs mois, Marcel Braud cherche en effet à dissocier la production des grues et bétonnières de celle des chariots élévateurs. L'idée est de créer, comme plusieurs de ses concurrents, une marque à part entière, dont le nom résumera à lui seul les qualités de ses engins. Comme il l'explique : « L'idée m'est venue lors de de la foire de Paris en 1962. Notre stand se trouvait en face de celui des chariots Salev qui, contrairement à nos premières productions, bénéficiaient de belles lignes dues au travail d’un designer industriel. Je trouvais génial ce nom, façon jeu de mots, fort bien pensé. Une fois rentré à Ancenis, j'ai commencé à penser à certains noms et j'ai profité d'un repas en famille pour parler de mon idée et lancer, ce qui serait considéré aujourd'hui comme un « brain-storming ». Ma mère, mon épouse et mes deux enfants, Marcel-Claude et Cathy. Partant de la marque Salev, nous avons couché sur le papier tous les noms qui pouvaient nous passer par la tête, ainsi que les variantes ou les combinaisons, jouant parfois avec des mots franglais. Levtout, Toulev, Fastlev, Manulev, Manulift, jusqu'au moment où ma mère nous a dit : « Et pourquoi pas Manitou, le grand sachem du chariot élévateur ? » Ce nom a très vite fini par se démarquer largement des autres pour enfin être adopté. L'avantage, c'est que, sans nous en rendre compte, nous avions choisi un nom qui se disait dans toutes les langues. Nous nous sommes rendus rapidement à l'INPI pour le déposer, mais surtout pour vérifier qu'il n'avait pas déjà été choisi par un autre constructeur dans la même catégorie que la nôtre. Il n'y avait qu'un diable à sacs, mais son nom s'écrivait en deux mots : Manie-Tout. Le marché américain imposait que le matériel soit commercialisé depuis deux ans avant de pouvoir déposer une marque aux Etats-Unis. J'étais également inquiet par rapport à la marque nationale Manitowoc, qui était justement spécialisée dans la fabrication de gros engins de levage, ce constructeur étant aussi le leader américain de la grue à câbles. Mais nous ne fûmes nullement inquiétés à ce niveau et ainsi, Manitou fut déposé dans le monde entier. »
La création de la marque et son dépôt au niveau international sont également liés aux besoins de développer les ventes des chariots à l'export. Le premier marché vers lequel se tourne Marcel Braud est l'Allemagne, pays également en pleine reconstruction dans lequel les bétonnières et les grues Braud & Faucheux connaissent déjà un beau succès. Très vite, de nouveaux marchés s'ouvrent à Manitou, aidé en cela par les nombreuses foires et salons auxquels participent la marque ainsi que Braud & Faucheux. L'un ne va pas sans l'autre, les ventes de chacun des matériels agissant bien souvent sur le reste des gammes des deux marques. La Belgique, la Grèce, le Portugal et l'Espagne deviennent très vite des marchés porteurs. Dès la fin des années 1960, un accord est signé entre Manitou et Motor Iberica SA. Il s’agit d’un constructeur et distributeur à un niveau local, des véhicules Ford (voitures, utilitaires légers et camions). Motor Iberica distribue également les tracteurs Fordson sous la marque Ebro. Cet accord débouchera ensuite sur la création d'une véritable filiale espagnole dès les années 1980.
En 1969, Manitou lance ses premiers chariots élévateurs quatre roues motrices. Un accord a été passé avec l'allemand Deutz, pour équiper les modèles BM 20, BM 30 puis BM 25, du moteur 3 cylindres à refroidissement par air type F3L 912, monté à l'origine sur le tracteur D4006 et couplé au pont moteur et directionnel Sige, également installé sur la version 4x4 de ce Deutz. Les Manitou prennent alors les références 4RM 20D et 4RM 30 D. On voit ici l'un des premiers exemplaires du 4RM 20 D en essai. Ces deux clichés permettent de bien voir l'arrière du pont installé sur un nouveau châssis ainsi que son arbre de transmission latéral.
Le lancement de la nouvelle gamme de tracteurs International, dite « Marché commun », en 1965, fait grand bruit dans l'histoire du machinisme agricole. Elle apporte de nouvelles motorisations et une boite de vitesses à amplificateur de couple. L'inverseur, pour lequel Manitou n'est pas complètement étranger au développement, est disponible en option. S’ajoute un design unique et révolutionnaire appliqué à tous les nouveaux tracteurs IH vendus dans la Communauté européenne). Les nouveaux-venus font rapidement oublier les nombreux modèles produits en France, en Allemagne et en Grande-Bretagne. Pour Manitou c'est une belle aubaine. Ses chariots vont profiter de ces nouvelles mécaniques et transmissions et pourront donc monter en puissance. Le nouveau modèle ne se fait pas attendre, inaugurant par la même occasion l'évolution de la gamme qui adopte désormais un numérotage à deux chiffres, désignant le poids maximal de charge utile pouvant être levée. Le premier modèle à voir le jour en 1966 est donc le MC 50. Il est équipé du moteur 3 cylindres type D 179 et de la transmission du 523, alors le plus petit tracteur de la nouvelle gamme haute d'IH produite en Europe à l'usine de Saint-Dizier et dans celle de Neuss en Allemagne. Le MC 50 développe 50 ch pour une capacité de levage et de transport de 5 tonnes, ce qui le fait alors devenir le modèle haut de gamme de Manitou. Il sera suivi en1967 par les MC et MB 20, ainsi que par les MC et MB 30. Remplaçants du MC 6, les MC et MB 20 reçoivent le moteur D 111 (à préchambre de turbulence) de 28 ch et l'ensemble boite-pont du 323 standard. Pouvant lever une charge de 2 000 kg à plus de 50 cm du sol, ce dernier se décline dans une version étroite, le MC 20 E, principalement destiné à la manutention en usine ou dans des bâtiments de stockage. Il est réalisé sur les bases du 323 vigneron, également apparu au catalogue IH en 1967. Les MC et MB 30, remplaçant quant à eux le MC 7, sont équipés de la mécanique de l'International 423, tracteur également commercialisé à partir de 1967, dont le moteur est de type D 155. Il s’agit d’un 3-cylindres 4 temps à injection directe de 2 540 cm3, robuste et des plus fiables. Dès les années 70 et jusque dans les années 80, Manitou va progressivement doter tous ses modèles deux roues motrices de ce moteur procurant 40 ch. Dans la lignée des MC-MB 20 et 30, il en équipe aussi les MC et MB 25 qui prennent la place au catalogue des MC 8 et MB 2500, dont la masse maximale de transport et de levage demeure 2 500 kg.
A la fin des années 1960, le plus gros chargeur de la gamme Manitou est le MB. L'engin peut lever jusqu'à 3 tonnes en bout de mât et transporter une charge utile maximale de 5 tonnes. Ce modèle sera particulièrement apprécié des grosses scieries afin de manutentionner d'imposantes et lourdes grumes comme ici.
Ces nouveaux Manitou se distinguent aussi par l'adoption en série de mâts d'une hauteur de levage standard et maximale de 4 mètres. Comme leurs prédécesseurs, ces chariots rencontrent rapidement un vif succès et ne tardent pas à être adoptés par de nombreuses entreprises, dont beaucoup dans le milieu du BTP. Toutefois, cette clientèle et certains utilisateurs en carrière ou en sablière font rapidement connaître au constructeur les limites de ces engins lorsqu'il s'agit de rouler sur des terrains détrempés, boueux, sablonneux et parfois en pente. Un Manitou à quatre roues motrices se fait rapidement ressentir. Marcel Braud et son équipe se mettent sans plus attendre au travail pour réaliser l'engin tant attendu. Dans un premier temps, ils travaillent donc avec International, qui propose en option une version quatre roues motrices de ses 523 et 624. Si le pont IH, développé en partenariat avec ZF, est approprié à ces deux tracteurs, ce n'est guère le cas sur les Manitou et surtout les modèles du MB 20 au MB 30 qui demandent dans un premier temps la réalisation de ponts spécifiques. Ils doivent correspondre aux dimensions de ces chariots, dont les châssis ne sont d'ailleurs pas appropriés pour recevoir un pont moteur arrière directionnel. Comme nous l'indiquait Marcel Braud : « Il n'arrêtait pas de casser. Nous avions beau rajouter des limiteurs de couple multidisques, rien n'y faisait et les changements de couples incessants, propres à tout chariot tout terrain, finissaient par avoir raison du pont arrière. Nous avons alors fait appel à la firme Soma pour réaliser un second modèle de pont moteur à limiteur de couple intégré. C'était mieux, mais la casse était encore trop fréquente. En parallèle, nous avons commencé à regarder ce que proposaient différents constructeurs de tracteurs et de systèmes de transmissions. Nous avons rapidement été attirés par le dispositif quatre roues motrices installé sur les tracteurs Deutz de la série 06, la marque allemande proposant justement en option une version 4x4 sur les tracteurs de sa série 40 ch. Rapidement convaincus par les grandes qualités de robustesse et de fiabilité de ces derniers, nous avons passé un accord avec Deutz. » Cet accord porte également sur la fourniture de moteurs 3 cylindres à refroidissement par air du constructeur de Cologne, mais exclusivement pour les versions 4x4 des Manitou, les autres modèles conservant les motorisations et les éléments de transmission IH. C'est ainsi, qu'après des tests des plus concluants, Manitou lança en 1969, ses premiers chariots élévateurs quatre roues motrices, à pont arrière débrayable, avec les modèles 4 RM 20 et 4 RM 30, qui seront rapidement suivis du 4 RM 40. Ce modèle de 4 000 kg de charge utile reste disponible en version deux roues motrices MB 40, dont le moteur International D 155 développe alors 42 ch. La sortie des Manitou quatre roues motrices arrive à point nommé sur un marché des plus demandeurs en termes de manutention tout terrain. Elle contribue à confirmer le succès de l’entreprise qui, à l'aube des années 1970, fête la production du 10 000e Manitou.
A suivre : Manitou 3e partie
Manitou : Constructeur d’aujourd’hui et de demain
La proximité de l'usine Braud et Faucheux et de la gare d'Ancenis, offre une grande facilité de chargement sur wagons. Plusieurs trains partent chaque jour, chargés comme le montre ce cliché réalisé courant des années 1960, de Manitou, de grues (ici des modèles BF 10) et de bétonnières.