Un ensemble peu courant et maniable
Arrivés en cours d’après-midi sur les lieux de la présentation, alors que déjà une partie du champ de blé était « tombée », on est surpris par le faible encombrement de la moissonneuse-batteuse JF. A peine plus haute que le tracteur qui l’actionne (un Fordson Major), avec sa barre de coupe frontale et son long capot, elle constitue un ensemble d’une largeur voisine de 3 m et d’une longueur totale de 7 mètres.
Placée en position « side-car » avec sa roue unique, la JF est autour de la source de puissance avec table de coupe à l’avant, batteur sur le côté droit, plateforme d’ensachage ou trémie à l’arrière du tracteur.
Regardant évoluer cette unité de récolte, on observe sa grande aisance de manœuvre. Ayant pris place sur le Fordson, dès les premiers mètres parcourus, on se trouve très à l’aise : la visibilité est excellente sur la lame de coupe devant soi, la douceur et la précision de la direction sont remarquables et les manœuvres se déroulent en souplesse, l’ensemble tourne presque sur place tandis qu’aucune vibration n’est ressentie au niveau de la moissonneuse-batteuse proprement dite dont l’équilibrage n’est pas en défaut.
Des réglages aisés
A la portée de mains de son poste de pilotage, l’utilisateur d’une JF domine la situation est la maîtrise grâce aux commandes et leviers situés devant lui. Toutefois, on aimerait que ce soit un peu moins dur à manœuvrer le levier de réglage en hauteur des rabatteurs et qu’il soit possible de modifier aussi facilement le régime de rotation du batteur que l’on ajuste le débit d’air.
Quelques particularités techniques
La machine de récolte de céréales JF, à fixation latérale, constituée d’un bâti tubulaire résistant, possède un dispositif curieux d’alimentation à vis qui amène les pieds des tiges au batteur, les épis arrivant ensuite au tambour. Celui-ci, de 0,68 m de largeur et 0,45 m de diamètre, est suivi d’un long plan de secouage séparant bien les grains de la paille. Le premier nettoyage avec grilles interchangeables et réglables est complété par un second nettoyage avec grille cylindrique fixe et agitateur rotatif.
Du fait qu’il n’y a qu’une seule roue, une partie du poids est supportée par le tracteur, ainsi l’adhérence motrice est accrue sans pour cela réduire la maniabilité et la stabilité même sur terrains en pente où le centre de gravité peu élevé est apprécié.
L’entraînement de tous les organes actifs est assuré à partir de la prise de force arrière du tracteur par l’intermédiaire de poulies, courroies trapézoïdales et arbre longeant la machine. On notera qu’un tracteur de 30 ch possédant vitesses lentes et prise de force indépendante est capable de mettre en œuvre la JF dans des conditions normales.
Un rendement fort honorable ne sacrifiant pas l’économie
Tenant compte du rythme observé à Romescamps, dans un blé accusant un rendement de 30qx/ha, on peut dire que la moissonneuse-batteuse JF récolte un hectare en deux heures. Son débit horaire avoisine les 15 qx, ce qui est fort correct pour un équipement aussi petit et léger.
Cette performance obtenue avec des investissements réduits puisqu’il s’agit du matériel le moins cher de sa catégorie, devrait amener à réfléchir bien des agriculteurs qui, à tort, dédaignent les moissonneuses-batteuses tractées cependant intéressantes du point de vue économique pour beaucoup d’exploitations…
D’ailleurs, si les Danois sont restés fidèles à ce genre de machine, et l’exemple de JF le prouve, ce n’est certes pas sans raisons, le principal avantage étant un prix d’achat de 10 000 francs inférieur à celui de bien des ramasseuses-presses.
Un attelage simple et rapide
Quand on connait la complexité des problèmes posés par la liaison entre le tracteur et l’outil, ce n’est pas sans impatience que l’on attend de voir comment procéder pour jumeler la moissonneuse-batteuse JF à son engin propulseur.
Notre attente ne fut pas déçue et chronométrant la durée des opérations dételage puis attelage qui se sont déroulées sur le champ même de la moisson, avec l’intermédiaire de deux hommes n’y étant pas habitués, on est en droit d’approuver la citation du constructeur lorsqu’il annonce : « Il faut d’abord 10 minutes chaque saison pour fixer un bâti de suspension sur le tracteur. Après, il ne faut plus qu’environ cinq minutes pour atteler ou dételer à l’aide de goupilles. »
Tout ceci sans employer, en cours de campagne, aucun outillage spécifique (clé, pince ou autre.)
Se remémorant certaines anciennes réalisations mécaniques du même genre, mais pour lesquelles il fallait des dizaines de minutes d’efforts et de grande habileté pour la mise en place sur le tracteur, on ne peut que souligner à cet égard la grande facilité d’adaptation rapide de la moissonneuse-batteuse latérale JF s’emboîtant ou se déboîtant sans peine à ses points de fixation solidaires du tracteur, des roulettes réglables autorisent les ajustages préalables et le léger mouvement avant ou arrière fait le reste.
Une formule mettant le moissonnage-battage à portée de tous les exploitants
La démonstration à laquelle nous venons d’assister d’une machine qui vient d’accomplir en France sa deuxième campagne de récolte et dont les facilités d’emploi n’ont rien à envier aux commodités d’entretien, amène à penser que cette petite moissonneuse-batteuse simple mais efficace, met le moissonnage-battage à portée de domaines petits ou moyens sans avoir à subir de lourds investissements.
Bien sûr, il ne saurait être question de s’équiper avec une JF dans de grosses exploitations céréalières, sauf peut-être si l’on y pratique la sélection de plusieurs espèces ou variétés. Par contre, il existe encore un grand nombre de petites fermes aux parcelles de faibles dimensions et dispersées dans lesquelles la JF à fixation latérale viendra compléter utilement le parc de matériels. Les qualités que l’on y appréciera, outre le bilan économique, seront de pouvoir l’attacher ou la détacher facilement de son unité motrice, c’est-à-dire le tracteur agricole classique et de pénétrer directement dans la récolte en laissant une bande étroite en lisière qui sera coupée en faisant un tour final en sens inverse sans être gêné même par des arbres aux branches basses et enfin circuler sur les routes et chemins sans décrochage ni mesures exceptionnelles.

L'article tel qu'il est paru dans ce qui s'appelait encore "Le journal de La France Agricole".

Publicité JF parue dans un autre numéro durant l'année 1964.

