Le bourgueil est un vin d’appellation d’origine contrôlée issu uniquement de cépages de cabernet franc. La bonne croissance de ce raisin s’assure par l’apport en quantités suffisantes de macroéléments et d'oligoéléments dans le sol. Dans les parcelles cultivées par Thierry Houx, agriculteur à Restigné (Indre-et-Loire) sur 14,5 ha de vigne à interrang de 2 m, cela est en partie possible par l’écrasement que son outil maison opère sur les cultures. Ce viticulteur installé depuis 1997 travaille en système raisonné depuis 15 ans, sans labourer ses sols, avec la conviction d’en améliorer la faune et la flore, et de réduire les traitements phytopharmaceutiques.

Après chaque vendange, en octobre, Thierry Houx réalise des semis de seigle, d’avoine ou de trèfle, un interrang sur deux, sur la totalité de son exploitation. Fin mai, à l’épiaison du seigle, ces cultures sont écrasées par le passage du rouleau hacheur qu'il a lui-même fabriqué. À cette époque, aucun outil sur le marché ne répondait à ce type de travail, se souvient l’agriculteur, seuls quelques exploitants possédaient un rouleau hacheur artisanal. « Il y a 15 ans, j’ai acheté auprès d’un ferrailleur deux rouleaux lisses de 1 m de large soudés l’un au bout de l’autre. Je les ai découpés pour récupérer un seul rouleau de 1 m que j'ai fixé sur un cadre. Tout autour du périmètre, j’ai soudé des cornières en décalé sur l’ensemble du rouleau. Cette modification lui donne l’aspect d’un Rolofaca capable d’écraser et hacher les fibres ligneuses des céréales immatures. » La largeur de l'attelage arrière à trois points du tracteur spécialisé de l'exploitation a été ajustée à 1 m afin de recevoir l’outil.

L’axe central supportant le rouleau a ensuite été coupé pour y apposer des roulements de chaque côté. Pour garantir son efficacité au travail, l’outil devait être alourdi de 400 kg. À cette fin, Thierry Houx a soudé en travers du châssis un morceau de rail de chemin de fer faisant office de support pour les masses jerricanes. Deux ans après sa fabrication, il a apporté quelques améliorations à son « Rolofaca ». En effet, le rouleau, initialement conçu pour être tiré par des chevaux, ne supportait pas les vibrations de travail du tracteur. Ses flasques creuses ont donc été renforcées par des versions pleines, remplies de sable, venant remplacer les masses jerricanes. « Cet outil demandant peu de puissance à mon tracteur me permet de travailler jusqu’à 7 km/h », indique le viticulteur.

Une fabrication artisanale à fort potentiel
Chaque année, Thierry Houx procède, dans chacune de ses parcelles de vigne, au roulage d’un interrang sur deux. Le passage de son outil maison forme un mulch. Cette méthode d’écrasement des cultures limite le phénomène d’évaporation, d’érosion et de lixiviation de ses sols majoritairement sableux. La capacité d’infiltration de l’eau, la teneur en humus ainsi que la vie microbienne dans le sol se voient également augmentées. Afin de limiter les passages tout au long de l’itinéraire technique de la culture de la vigne, Thierry Houx a couplé son rouleau hacheur, placé à l’arrière du tracteur, à sa rogneuse, fixée à l’avant.

Cependant, à la suite de l’investissement récent d’une rogneuse à double rang, l’ensemble se révèle trop volumineux pour les manipulations dans les tournières. Avec le recul, l’agriculteur se voit dans le besoin, dans certaines parcelles, d’effectuer deux passages de rouleau hacheur dans un même interrang. Le « Rolofaca » maison remplace depuis 15 ans le travail du sol des parcelles de vigne, au profit d’une agriculture raisonnée, moins gourmande en puissance et en carburant, respectant la vie microbienne du sol.
