Contenu réservé aux abonnés

Dossier 30 ans  Tracteurs autonomes : bientôt dans nos campagnes ?

(©Kuhn)
Pour lire l'intégralité de cet article,

Ces dix dernières années, de nombreux constructeurs se sont essayés à créer des tracteurs autonomes. Si ces technologies sont déjà assez courantes dans les vignes et vergers, le chemin est, disons-le, un peu plus long en grandes cultures. La législation, qui devrait évoluer ces prochaines années, voire dès cette année au niveau européen, permettra sans doute l’arrivée sur le marché français de certaines solutions déjà développées.

Si les premières tentatives de tracteurs autonomes remontent à plusieurs décennies, la recherche s’est intensifiée ces dernières années pour faire face, notamment, au manque de main-d’œuvre. L’automatisation des tracteurs n’est que l’évolution logique des technologies utilisées aujourd’hui, telles que le guidage GPS, les séquences de bout de champ ou encore le demi-tour automatique. Certaines solutions sont d'ores et déjà en fonctionnement hors Europe mais ne sont pas encore disponibles en France, faute de législation claire. D’autres sont toujours en phase de test ou en présérie, et ne sont pas encore commercialisées. Les tracteurs autonomes se scindent en deux écoles : la première, les robots purs, sans cabine, conçus spécifiquement pour l’automatisation ; la seconde, des modèles de tracteurs existants, dotés d'un kit d’automatisation afin de conserver le poste de conduite et laisser la possibilité à l’agriculteur de déposer lui-même son tracteur dans la parcelle.

Des tracteurs autonomes sans cabine

Le constructeur AgXeed propose son robot AgBot sur le marché français à la vente, mais aussi en offre de location. L’engin, guidé par GPS, est disponible en versions chenilles de 156 ch et pneus agraires de 75 ch. Pour détecter les obstacles, le robot s’appuie sur un capteur Lidar sur le dessus de la machine, un radar ainsi que sur des capteurs à ultrasons et physiques intégrés aux parechocs de sécurité. AgXeed s’est également associé avec Amazone pour concevoir des capteurs capables d’adapter les réglages de l’outil aux conditions, mais aussi de détecter les bourrages.

La version sur chenilles du robot AgBot d’AgXeed, de 156 ch, travaille déjà chez certains agriculteurs en France. (© AgXeed)

Dans la même veine, Krone et Lemken collaborent pour la mise sur le marché du Combined Powers. Ce tracteur autonome de 230 ch se base sur les mêmes types de capteurs pour se déplacer et éviter les potentiels obstacles. Il embarque les technologies Isobus et TIM (Tractor Implement Management) afin de communiquer avec les outils et adapter sa vitesse.

Lemken et Krone se sont associés pour créer le tracteur autonome Combined Powers développant 230 ch. (© Lemken)

Sur le salon Agritechnica 2023, Kuhn a dévoilé un concept de tracteur autonome baptisé « Karl ». Ce dernier se chausse de chenilles animées par des moteurs électriques, eux-mêmes alimentés, via une génératrice, par un bloc thermique d’une puissance de 175 ch. Le Karl est pour le moment couplé à une herse rotative électrique de 2,5 m, appelée « HR 2520 e ». Deux prototypes tournent déjà dans des parcelles autour de Saverne, en Alsace.

Kuhn teste actuellement son concept de robot Karl auquel il attelle une herse rotative à entraînement électrique. (© J.M.)

Le constructeur Horsch développe, quant à lui, un semoir automoteur et autonome. À l’état de concept, le Gantry est un portique doté d’un semoir de 48 rangs pour 24m de large et est animé par un moteur diesel de 450ch. L’ensemble de ces engins automatisés nécessite cependant une certaine organisation pour le transport au champ.

Horsch n’est pas à son coup d’essai dans les concepts de tracteur autonome, l’un des derniers est un semoir automoteur de 24 m. (© Horsch)

Kits d’automatisation en rétrofit

Les tractoristes investissent dans la recherche et développement et/ou s’entourent de partenaires pour proposer des solutions d’automatisation à intégrer sur des tracteurs existants. C’est le cas de Kubota qui a récemment dévoilé un kit pour rendre autonomes ses tracteurs de la série M7, en partenariat avec le Français Agreenculture. L'engin utilise le guidage GPS et s’arrête en cas d’obstacle ou de présence humaine grâce à des capteurs Lidar et des caméras. L’intérêt d'un tel kit est de pouvoir équiper en rétrofit les tracteurs de série, même dans un second temps, pour les rendre autonomes en une heure de montage. Pour emporter le tracteur au champ, nul transport n'est requis, puisque l’utilisateur bénéficie des commandes traditionnelles en cabine. La solution du Japonais devrait être prête à l’utilisation courant 2025, si la législation le permet.

Kubota proposera, en collaboration avec le français Agreenculture, un kit d’automatisation équipable en rétrofit sur la série M7. (© H.E.)

Dans le même objectif, Claas et John Deere ont présenté respectivement le Xerion 12.590 et le 8RX 410 dans des versions autonomes, durant l’Agritechnica 2023.

Claas et John Deere ont présenté respectivement le Xerion 12.590 et le 8RX410 dans des versions autonomes lors d’Agritechnica 2023. (© H.E.)
(© Pierre Peeters)

Dans un autre genre, New Holland propose, en lien avec Raven, l’automatisation de la conduite des tracteurs auxquels sont attelées des bennes pour la récolte. Doté d’un kit Raven Autonomy, l'engin peut ainsi évoluer seul dans le champ et accompagner la moissonneuse-batteuse lors de la vidange de la trémie en roulant. 

New Holland a présenté un tracteur T8 doté de la solution Raven Autonomy qui automatise les déplacements des bennes au champ. (© New Holland)

Les solutions d’automatisation des tracteurs sont donc bel et bien présentes, reste à établir un cadre réglementaire pour que ces robots arpentent nos champs en toute sécurité.

description abonnement 1 euros

Les dernières annonces de matériel agricole d'occasion

description abonnement 1 euros