Tracteur électrique Seederal : le concept de tracteur électrique au contact des agriculteurs
En amont d’un prototype attendu en 2026, Seederal intensifie les tests et démonstrations de son tracteur électrique afin de valider ses choix technologiques au plus près des besoins des agriculteurs.
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La start-up bretonne Seederal poursuit le développement de son tracteur électrique, dont le premier prototype verra le jour en 2026, avant une commercialisation espérée d’ici trois à quatre ans. C’est à l’occasion d’une démonstration organisée par l’association Rés’Agri 56 à la station expérimentale de Kerguéhennec, à Bignan (Morbihan), que nous avons pu prendre les commandes, aux côtés d'agriculteurs, du tracteur électrique de la jeune entreprise Seederal. Celui-ci est basé sur un tracteur JCB Fastrac acheté d’occasion, sur lequel le moteur thermique et la transmission ont été remplacés par des batteries et trois moteurs électriques entraînant les deux ponts et la pompe hydraulique. Il ne dispose pas de prise de force contrairement au futur prototype. En montant dans la cabine de ce tracteur rétrofité, on remarque que rien ne le différencie du modèle thermique, mis à part un terminal supplémentaire. Celui-ci affiche notamment le pourcentage de puissance utilisée. Comme sur une voiture électrique, ce chiffre passe en négatif lors des phases de régénération, dès que l’on coupe l’accélération et que le tracteur ralentit. La conduite très progressive à la pédale s’apparente à celle d’une transmission à variation continue, avec un peu plus de réactivité.
Un tracteur ultrasilencieux
Principale différence relevée par tous les participants : le silence de ce tracteur de 160 ch est bluffant. Ce sont ainsi davantage les bruits générés par le déchaumeur à dents de 3 m planté à 15-20 cm que l’on perçoit le plus à l’extérieur. En cabine, le silence est quelque peu perturbé par les bruits du système hydraulique et de refroidissement des batteries. Le léger sifflement des moteurs électriques passe quasiment inaperçu. L’engin affiche un peu plus de 600 heures, dont une bonne partie a été réalisée sur une exploitation partenaire près de Rennes, au déchaumage et au labour. Seederal l’a aussi testé avec une épareuse Rousseau à entraînement électrique, directement branchée sur la prise électrique de puissance, sans passer par l’habituelle génératrice animée par la prise de force du tracteur. « Le développement des tracteurs électriques va accélérer l’électrification des outils, qui sera d’ailleurs une source d’économie d’énergie », prévoit Adeline Colleter, responsable produit. Seederal multiplie les démonstrations auprès d’agriculteurs et a lancé une enquête qui a déjà recueilli près de 350 avis pour valider les choix techniques et technologiques de son futur prototype. « Nous souhaitons coller aux besoins d’un utilisateur de tracteur de 160 ch, sans reproduire les codes d’un modèle thermique. Les démonstrations sont aussi l’occasion de casser les a priori qu’il peut y avoir autour des engins électriques », indique-t-elle.
8 à 12 heures d’autonomie prévue
Constituée d’une trentaine de personnes, majoritairement des ingénieurs, la start-up concentre une grande partie de ses moyens sur le développement des batteries. « L’architecture du prototype sera 100 % inédite avec un châssis construit autour de la batterie. Celle-ci répondra aux contraintes des conditions d’utilisation agricoles. La gestion thermique est, par exemple, l'un des critères essentiels. La batterie a une température de fonctionnement optimale, dont il faut se rapprocher grâce à un système de refroidissement et de préchauffage efficace », indique Arthur Rivoal, l'un des deux fondateurs de l’entreprise. Le développement demande des compromis, à commencer par l’autonomie des batteries qui devrait atteindre entre 8 et 12 heures, selon l’intensité des travaux. « À ce niveau, le surpoids lié aux batteries reste acceptable, et la recharge peut s’effectuer en 7 à 8 heures la nuit sur le réseau électrique de la ferme. En cas d’utilisation intensive, il sera possible de recourir à un chargeur de forte puissance pour raccourcir la charge à 2 heures », détaille Adeline Colleter.
Une batterie qui pourrait tenir 15 ans
S’il est encore bien trop tôt pour avoir une idée de son tarif, Arthur Rivoal met en avant le rôle central du tracteur électrique dans le bilan énergétique d’une exploitation agricole. « Il faudra prendre en compte la capacité de stockage dans l’équation économique. Un tracteur est utilisé en moyenne de 100 à 150 jours par an. Cela laisse beaucoup de temps disponible durant lequel la batterie pourra stocker et restituer l’énergie électrique produite sur l’exploitation. » Cette perspective d’autonomie énergétique est un argument qui fait mouche auprès des agriculteurs, qui sont toutefois nombreux à se questionner sur la durée de vie des batteries. « À l’heure actuelle, nous estimons qu’il est possible d’atteindre de 3 000 à 4 000 cycles de charge-décharge, soit environ une quinzaine d’années sans baisse significative de l’autonomie de la batterie. Nous visons d’ailleurs une durée de vie de 15 000 heures dans la conception globale de notre tracteur. »
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