En octobre 2013, le constructeur britannique Land Rover annonçait la fin de la production de son mythique 4x4, le Defender, imposée par les dernières normes antipollution. Capable d’affronter tous les terrains, le « Land », dont le premier modèle a vu le jour en 1948, a su séduire les amateurs de tout-terrain, mais aussi les professionnels, avec des carrosseries spécifiques. Il s’est écoulé à plus de deux millions d’exemplaires depuis qu’il a reçu la dénomination « Defender », en 1983. Le dernier modèle est sorti d’usine le 29 janvier 2016. Cette décision de la marque, détenue par l’Indien Tata, laisse orphelin un monde de passionnés dont fait partie Jim Ratcliffe. Ce Britannique de 67 ans a fait fortune dans l’industrie de la chimie. Son entreprise Ineos est devenue un empire en rachetant aux grands groupes les usines dont ils souhaitaient se débarrasser. Aujourd’hui, elle emploie 22 000 personnes sur 183 sites, répartis dans 26 pays.

Un projet né autour d’un verre
Un soir de 2015, le milliardaire et quelques amis se réunissent dans un pub du centre de Londres. Ils se lancent alors le pari fou de développer un véhicule capable de prendre la relève du Land Rover. Le projet repose sur trois grands piliers : le design, l’aptitude en tout-terrain et la fiabilité. D’après Ratcliffe, le Defender excellait sur les deux premiers points mais connaissait souvent des pannes. A contrario, son concurrent direct, le Toyota Land Cruiser est fiable et passe-partout, mais il n’est pas beau. Le milliardaire construira donc un véhicule réconciliant les aficionados des deux marques. Celui-ci portera le nom du bar dans lequel il a été imaginé : le Grenadier. Après la création de la filiale Ineos Automotive, une équipe de direction est recrutée, avec des membres forts de leur expérience chez de grands constructeurs tels Ford, Daimler, Volkswagen…

Deux versions dévoilées
Dirigée par Dirk Heilmann, la jeune société s’attache à donner au Grenadier un look solide et baroudeur, tout en proposant le confort que les utilisateurs sont en droit d’attendre d’une voiture moderne. Pour l’instant, seules une version à cinq portes et une variante à double cabine et plateau arrière ont été dévoilées. Cependant, tout laisse à penser que le constructeur enrichira son offre dans les mois à venir. Le 4x4 sera construit dans une nouvelle usine implantée à Bridgend, au pays de Galles. Cette dernière emploiera dans un premier temps 200 personnes, mais sa capacité autorisera l’accroissement des effectifs jusqu’à 500 ouvriers. Une seconde usine, à Estarreja, au Portugal, emploiera à terme 500 personnes et réalisera des composants de châssis et de carrosserie. Le Grenadier devrait entrer en production fin 2021. D’ici là, des prototypes réaliseront 1,8 million de kilomètres d’essais, d’après Ineos.

Des fournisseurs connus
Si l’on ne sait pas grand-chose pour le moment à propos des spécifications du véhicule, comme sa puissance, ou des différentes versions proposées à terme, Ineos communique d’ores et déjà sur les fournisseurs retenus pour les différents organes du Grenadier. Un bloc à six cylindres BMW, essence ou diesel, animera le 4x4. Il sera conjugué à une boîte automatique à huit rapports d’origine ZF. Carraro fournira les essieux. Magna Steyr se chargera de la suspension. Enfin, le châssis sortira des usines Gestamp.