Au loin, le son si caractéristique d’un six-cylindres turbocompressé, avant toute norme antipollution, se fait entendre. C’est Rémi Vidal, agriculteur dans la Seine-Maritime, qui profite d’une fenêtre météo pour semer son orge en ce milieu de mois de mars. Tout sourire au volant de son Mercedes MB-trac 1300, il implante la culture au distributeur d’engrais, faute d’avoir pu semer le blé prévu, avec son Amazone Primera. Depuis 2012, la ferme familiale cultive des céréales et des pommes de terre, en vente directe. L’exploitation, auparavant en technique culturale simplifiée (TCS) et en non-labour depuis 1994, a opté pour l'agriculture de conservation des sols en 2016.


« C'est dans les années 1990 que le premier MB-trac, un modèle 800 de 80 ch, est arrivé sur la ferme. Je ne l’ai pas beaucoup connu, car j’étais trop jeune. Puis les 1300 et 1500 sont arrivés et, plus récemment, le 1000 », raconte Rémi Vidal. Si le premier a été revendu entretemps, les trois autres ont toujours du pain sur la planche. Le plus puissant d’entre eux, le MB-trac 1500, de 150 ch, tracte essentiellement le semoir direct Amazone Primera de 6 m.

« Le 1300 est celui qui fait le plus d’heures sur la ferme, car il touche à tout et a donc davantage besoin d’entretien », explique le Seinomarin. Le 1000 est quant à lui équipé à l’année d’un pulvérisateur Berthoud DPE Super, placé sur son châssis à l’arrière. Cette plateforme reste d'ailleurs l'une des particularités des MB-trac. Ces tracteurs bénéficient d’une répartition des masses de 60 % à l’avant et de 40 % l’arrière. Ainsi, en plus d'emporter des outils sur leurs deux relevages, les MB-trac peuvent accueillir une trémie supplémentaire pour le semis ou encore une cuve pour l’engrais en position frontale.

Après 40 ans de service, les trois tracteurs démarrent toujours au quart de tour. Les MB-trac 1300 et 1500 datent de 1986 et cumulent respectivement 12 800 et 22 000 heures de travail. Le cadet, le 1000, plus jeune de deux ans, compte 6 300 heures au compteur. « Ce qui nous permet de garder les MB-trac, c'est l’agriculture de conservation. Les tracteurs totalisent seulement une centaine d’heures à l’année, alors ça ne vaut pas le coup de racheter un tracteur neuf », indique le jeune agriculteur. Lorsque la charge de travail s'avère importante, il emprunte un tracteur plus récent à un voisin. Rémi Vidal et son père, ancien mécanicien, gèrent eux-mêmes l’entretien d’usage. Pour les réparations plus importantes, au niveau des moteurs ou des boîtes de vitesses, les deux passionnés font appel à Lemonnier, distributeur et réparateur agréé pour la marque Mercedes situé dans la Manche.

Des équipements novateurs
Les trois machines à roues égales sont équipées de transmissions mécaniques 16/16 pour les 1300 et 1500, et 16/8 pour le 1000. Les premières comprennent huit vitesses et deux gammes : route et champ. Le 1000 dispose quant à lui de quatre vitesses avec doubleur de gamme pour atteindre 16 rapports avant et 8 arrière. Les MB-trac 1300 et 1500 profitent en prime d’un inverseur mécanique, conférant le même nombre de rapports de vitesse avant et arrière. Les modèles pouvaient également recevoir, en option, un mode de vitesses rampantes pour évoluer à partir de 0,08 km/h. En France, avec ces transmissions, la vitesse se voyait limitée par une bride sur le 8e rapport en mode route (33 km/h). « J'aurais une powershift sur mes MB-trac, et ça serait parfait », plaisante l’agriculteur.

L’ensemble des tracteurs de la marque allemande bénéficie de série, à l’avant comme à l’arrière, d’un blocage de différentiel et d'une prise de force dotée de deux régimes, 540 et 1 000 tr/min. Dès 2000, l’agriculteur a équipé le 1500 d’un guidage GPS Trimble, une première en France. Le système était encombrant, avec un imposant portique pour l’antenne au niveau du pont arrière, et s'accompagnait d'un fonctionnement de direction hydraulique complètement modifié. Actuellement, le tracteur de tête est pourvu d’un guidage de la même marque avec un volant électrique et un terminal dédié en cabine. Les MB-trac disposent d’un freinage à tambour hydraulique avec une assistance pneumatique, héritage de la section camion de Mercedes. Le freinage pneumatique apporte une vraie plus-value aux tracteurs, alors précurseurs dans le monde agricole.

« Je fais partie du GIEE(1) Sols en Caux, qui étudie les manières de limiter l’impact au sol, et les quatre roues égales répondent bien à cela, explique Rémi Vidal. La portance de nos sols, grâce à l’agriculture de conservation, est correcte, et nos MB-trac marquent peu. » L’exploitation utilise des outils peu tirants, ce qui limite également la consommation de GNR. En semis, par exemple, le tracteur ne consomme que 5 à 6 L/ha.
(1) Groupement d'intérêt économique et environnemental
Fiche technique des trois MB Trac de l'exploitation | |||
MB-trac 1000 |
MB-trac 1300 |
MB-trac 1500 |
|
Moteur |
Mercedes, 6 cyl. atmosphérique, 5,7 L |
Mercedes, 6 cyl. turbocompressé, 5,7 L |
|
Puissance maximale (ch)
|
95 |
125 |
150 |
Couple maximal (Nm) |
350 |
392 |
490 |
Débit pompe hydraulique (L/min) |
40 |
45 |
|
Empattement (mm) |
2 600 |
2 650 |
|
Poids à vide (t) |
4,5 |
5,8 |
6,2 |