Timo Joosten, responsable produit chez Lely répond à Matériel Agricole :
Après avoir réussi à imposer ses robots de traite dans les élevages laitiers du monde entier, Lely s’est naturellement penché sur le problème de l’automatisation de l’alimentation. Depuis les premières installations de son système Vector en 2011, un millier de ces machines ont déjà été commercialisées. Timo Joosten, responsable produit chez le constructeur néerlandais, est revenu sur leurs principes.
Matériel Agricole : Comment est arrivé le robot d’alimentation Vector dans votre gamme ?
Timo Joosten : Avant de mettre au point les Vector, nous avions travaillé, dans notre centre de recherche, sur l’Atlantis, un système de box automatisés distribuant une ration individualisée pour chaque vache. Mais nous avons été confrontés à un problème de faisabilité, car ingérer 20 kg de matière sèche par jour prend du temps. Les vaches restaient donc trop longtemps dans le box. Nous sommes revenus au principe d'une distribution de l’alimentation plusieurs fois par jour à des groupes similaires, avec la mesure des consommations.
Comment les vaches accueillent-elles la robotisation de leur environnement ?
Les vaches s’adaptent très bien aux robots. Pour elles, ceux-ci font partie du troupeau. Leurs mouvements sont prévisibles. Dans un box de traite automatisé, il se passe toujours la même chose à la même vitesse. Les vaches n’ont à craindre aucun mouvement inattendu. En revanche, dans une salle de traite classique, plusieurs opérateurs peuvent être amenés à travailler, chacun trayant à sa façon. Cela peut être des sources de stress.
Mille robots d’alimentation fabriqués par Lely en dix ans, c’est bien. Pourtant, ces machines ne s’imposent pas aussi vite que les robots de traite. Comment expliquez-vous ce décalage ?
La traite et l’alimentation ne sont pas perçues de la même façon par les éleveurs. La première est une tâche manuelle plutôt physique et gourmande en temps. La distribution d’aliments, en revanche, peut être réalisée depuis la cabine confortable d’un tracteur ou d’une automotrice. En outre, les bâtiments d’élevage ne sont pas toujours compatibles avec l’installation d’une cuisine de mélange, tout comme certaines configurations de terrain. Sur un plan financier, le retour sur investissement d’un robot d’alimentation doit aussi être analysé selon les progrès apportés par les mesures et les informations fournies à l’éleveur. Celui-ci sait très précisément que la ration calculée avec son conseiller est identique à celle qui a été apportée aux animaux. En outre, notre nouveau système de gestion Horizon suggère à l'éleveur des améliorations pour être plus performant.
Peut-on s’attendre à ce que les coûts d’utilisation des robots d’alimentation baissent ?
Depuis 2011, les frais d’utilisation du robot Vector ont déjà baissé. Le retour d’expérience a permis d’identifier les composants les plus fragiles et de les remplacer. Les nouvelles versions optimisent mieux le fonctionnement de leurs batteries, ce qui évite de les solliciter pour rien. Déjà, un robot permet de remplacer près de 5 500 L de consommation annuelle de carburant par une dépense de 20 kWh, soit 2 € d’électricité par jour. La rentabilité pourrait aussi passer par une augmentation du nombre de bêtes nourries. Dans une utilisation optimale, un bol est dimensionné pour 150 à 300 vaches. Ensuite, tout en conservant une seule cuisine d’alimentation, qui représente l’investissement le plus lourd dans une installation, il pourrait être possible de servir deux bols pour 450 têtes, voire davantage avec trois.
Propos recueillis par Bernard Serpantié